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La jeune femme ne comprenait pas le soudain message, qui lui demandait de se rendre chez Hank, de la part de l'androïde, ce n'est pas comme si elle existait à ses yeux et la plupart du temps il l'ignorait le plus simplement du monde. D'ailleurs ce dernier qui ressemblait en tout point à un humain si ce n'était pour la led présente sur sa tempe droite n'agissait absolument pas comme l'un. Alors qu'elle s'attendait à plus de douceur de la part du prototype de CyberLife, elle n'avait rencontré que dureté et une attitude robotique dénuée de toutes émotions. Connor avait un rôle, une mission et il comptait bien la remplir sans qu'aucun obstacle ne se dresse devant lui.
Un soupir de frustration s'échappa de ses lèvres, il était tard le soir et voilà qu'elle se retrouvait devant le pas de la porte de Hank, en joggings et sweat-shirt tandis que le voile glacé qui s'était répandu sur Détroit attaquait la moindre de ses parcelles de peau qui avaient le malheur d'être à découvert. Bien évidemment Hank ne répondait pas même après qu'elle eut martelé la pauvre porte d'entrée de coups, elle avait froid, elle était fatiguée et la colère montait doucement en elle. Pourquoi ce maudit androïde lui avait demandé de venir là si c'était pour ne même pas être présent ?!
- Agent (L/N) je ne m'attendais pas vraiment à ce que vous veniez.
- Inspecteur (L/N), grogna-t-elle. Tu m'expliques ce que je fous ici à deux heures du mat' ?! Et comment ça tu ne n'attendais pas à ce que je vienne ?!
- Disons que votre partenaire vous cause certains torts, notamment sur les impressions que vous laissez. - Je ne suis pas Gavin, c'est un crétin et je n'ai rien à voir avec lui. Je suis seulement la seule personne qu'il tolère, en même temps je me le coltine depuis le lycée... Enfin cela n'a rien à voir avec ma présence ici, Hank est comme un père pour moi et je n'oublie pas que tu l'as laissé accrocher au rebord d'un toit, il aurait pu mourir !
- Les statistiques étaient formelles, le Lieutenant Anderson avait 80% de chance de survivre.
- Arrêtes avec tes chiffres ! La vie humaine n'est pas un algorithme !
Les traits du visage de (Y/N) étaient déformés par la colère, et quand elle était dans cet état elle comprenait presque le point de vue de Gavin sur les androïdes, mais le mot-clé était ''presque''.. Mais Connor était bien plus dur à décrypter et à comprendre que n'importe quelles autres machines qu'elle avait pu rencontrer..
- Vous allez arrêter de brailler merde ?! Tonna la voix forte de Hank
Il venait d'ouvrir la porte et immédiatement la rage de la jeune femme laissa place à une profonde et importante inquiétude en apercevant l'état dans lequel l'homme était : des cernes violacées creusaient le bas de ses yeux, ses cheveux étaient encore plus gras qu'à l'habitude, il portait un vieux jogging et sweat et surtout il semblait fatigué, mais ce n'était pas de la simple fatigue oh non, il était simplement fatigué de vivre..
- Hank..
-.. Rentre chez toi (Y/N). Et toi dégages ! Dit-il en désignant Connor.
Le cœur de la jeune femme se serra, elle avait mal, elle voulait pleurer et crier. Tout son être souffrait, elle savait les pensées qui traversaient et pervertissaient l'esprit du cinquantenaire, c'était les mêmes qui avaient déjà empoisonné sa conscience à la mort de son fils.. A cette époque-là, elle avait cru le perdre mais à force de lui apporter son soutien il avait plus ou moins reprit pied. Seulement elle savait que son équilibre intérieur était instable et fragile et Connor était apparu dans sa vie comme un ouragan et l'avait retourné et plongé encore plus dans les ténèbres de son âme. Et il n'avait pas tenu, cela se voyait, c'était flagrant et (Y/N) s'en voulait de ne pas avoir remarqué cela avant.
- Hank je.. Je refuse de te laisser tout seul.
Le policier eut un soudain rire amer et secoua sa tête de droite à gauche mais tout de même il se recula légèrement afin de les laisser entrer et à cela, Sumo se précipita sur la jeune femme afin de l'accueillir, malheureusement cette dernière n'avait pas la tête à le caresser, ou du moins elle n'y mettait pas tout son cœur.
- Tu ne peux pas m'empêcher de faire une connerie cette fois gamine. J'ai déjà tout donné, je trimballe ma vieille carcasse usée de partout, ça devient trop dur.
- Ne dis pas cela s'il-te-plaît Hank. C'est juste une mauvaise passe, tu le sais..
- Qui essayes-tu de rassurer (Y/N), toi ou moi ? Enfin cela n'a pas d'importance, c'est trop tard désormais.
- Lieutenant je suis venu vous dire au revoir et j'ai également demandé à l'Inspecteur (L/N) de venir afin qu'elle vous fasse ses adieux.
L'homme était retourné s'asseoir autour de la table dans sa cuisine où trônait un revolver ainsi qu'une bouteille de whisky bien entamée et surtout une photo de Cole.. Entre cela et les paroles de Connor, la jeune femme en eut presque la nausée, elle suffoquait et la température basse de l'extérieur lui manqua presque alors qu'elle sentait la peur lui tordre les tripes et lui enserrer la gorge.
- Comment est-ce que tu peux dire une telle chose Connor ?! Si tu connais ses intentions alors aide moi à l'arrêter !
- Toute vie humaine à une fin qui est définitive et on ne peut pas stopper le cycle naturel. De plus il n'est pas dans ma mission d'empêcher le Lieutenant Anderson de commettre un tel acte. Si c'est ce qu'il juge de mieux pour lui alors nous devons le laisser exaucer sa dernière volonté.
Feu et Glace se rencontrèrent brutalement en son sien et elle crut sauter à la gorge de l'androïde, comment osait-il dire de telles choses d'un ton aussi froid ?! Des larmes de frustration et de rage menaçaient de couler le long de ses joues rougies par le torrent d'émotions qui habitait en elle. La jeune femme poussa le RK800 en posant ses mains sur sa poitrine, mais elle n'avait presque plus aucune force, son corps tremblait et ses jambes menaçaient de se dérober sous son poids.
- Connor soit utile, emmène là loin d'ici, tu n'aurais jamais dû lui demander de venir mais je suis content que tu l'aies fait tout de même. (Y/N), excuse-moi de te laisser seule, enfin tu ne l'es pas vraiment tu as ton crétin de partenaire. Remets à sa place pour moi tu veux bien ? Et prends soin de toi ma grande..
- HANK !
Le brun hocha de la tête et encercla la taille de la jeune femme de ses bras avant de se mettre à reculer en directement de la sortie. Les larmes floutaient la vision de l'agent des forces de l'ordre qui se débattait en vain contre la ferme prise de l'androïde, elle ne voulait pas partir, elle refusait absolument de quitter les lieux. Elle savait ce qui allait se passer si jamais ils quittaient cette maison et si la porte se refermait derrière eux, l'homme se donnerait la mort et elle ne voulait pas accepter cela, elle avait encore besoin de lui à ses côtés.
- Connor lâche-moi bordel ! Lâche-moi !
- Désolé mais c'est contraire à l'ordre du Lieutenant Anderson.
- Je t'emmerde avec tes ordres ! Tu lui obéis quand tu veux !
Elle sentait de nouveau le froid mordre sa peau et la morsure était brutale et la plongeait encore plus dans le désespoir. Tout s'écroulait autour d'elle, la société, l'équilibre de cette dernière, sa carrière ainsi que sa vie. Elle avait l'impression que plus rien n'avait de sens, que tous ses repères avaient disparu. Sa vision s'assombrissait, elle n'arrivait plus à voir correctement ni à respirer alors que la porte se fermait doucement et lentement. Et à peine cette dernière refermée, que la détonation du revolver retentit et l'aboiement déchirant de Sumo se fit entendre, alors que la jeune femme lâcha un cri de souffrance à moitié étouffé par sa tristesse.
- Vous devriez rentrer chez-vous. Après un tel événement, il faut du repos pour reposer votre esprit traumatisé.
- Va te faire foutre et lâche-moi !
Elle se libéra de son emprise, de grosses larmes coulaient librement sur ses joues telles des cascades. (Y/N) en voulait tellement à l'androïde mais également à elle-même, elle ne réalisait pas encore l'entièreté de la situation, ou plutôt elle niait ce qui venait de se passer, la vérité faisait bien trop mal.
- Hors de ma vue ! Dégage !
Elle ne voulait pas le voir, elle ne pouvait pas le voir. Heureusement qu'elle n'avait pas son arme de service sur elle car elle aurait sûrement fait quelque chose de regrettable et d'impulsif. Markus lui avait redonné foi en les androïdes, ou plutôt les déviants, ils n'étaient pas bien différents des humains au final : ils possédaient des organes et surtout avaient développé une conscience et des sentiments. Et rien que pour cela ils méritaient une chance, une chance d'être reconnus en tant qu'êtres. Et Connor ne faisait pas partit de cette catégorie, il était contre les déviants et mettrait fin à cette révolution..
- (Y/N) je..-
- La ferme !! Tu ne comprends pas n'est-ce-pas ?! Ce qu'il vient de faire, il-... S'il-te-plaît Connor laisse-moi.. LAISSE-MOI !
L'androïde qui s'était doucement approché d'elle eut un mouvement de recul quand elle leva le ton, il comprit rapidement qu'elle ne voulait pas de ses paroles vides de sens et de toute sincérité en guise de réconfort, elle voulait juste être seule.
- Je suis désolée que cette situation vous aies mise dans un tel état émotionnel. Je vais de ce pas m'en aller, prenez soin de vous Inspecteur (Y/N).
- Connor..., le rappela la jeune femme alors qu'il s'éloignait de sa personne. Tu vas aller tuer le leader des déviants n'est-ce-pas ? En tout cas j'espère que ce Markus gagnera et que ce sera toi le perdant.
- Vous devriez faire attention aux propos que vous tenez, pour un membre des forces de l'ordre cela peut vous attirez des ennuis. Oh et si je perds, CyberLife me remplacera seulement par leur dernier modèle encore plus performant et plus apte à traquer les déviants.
(Y/N) sembla se souvenir de quelque chose et elle s'approcha de la porte d'entrée afin de soulever un pot à fleur qu'elle brisa sur le sol, le bruit fit écho dans la nuit et un cliquetis se fit également entendre. Elle ramassa le revolver qui trônait désormais au sol et retira la sécurité avant de le pointer sur l'androïde qui ne cilla pas.
- Tu n'as pas peur de mourir Connor ?
- Le Lieutenant Anderson m'a posé la même question il y a quelques nuits de cela déjà. Et ma réponse ne change pas, non je n'ai pas peur de mourir car je ne peux pas mourir à proprement parler, je m'éteindrai juste avant un nouveau réveil afin de poursuivre ma tâche.
- Donc si je presse la détente, il ne se passera rien ?
- Si, comme je l'ai dit je m'éteindrai pour un court moment le temps que ma conscience se transfère dans une nouvelle enveloppe. Mais s'il vous plaît ne tirez pas, cela me retarderait seulement dans ma mission et le temps presse.
La jeune femme eut un rire amer qui se mêla à ses pleurs, ses jambes lâchèrent finalement et elle tomba à genoux, à bout d'énergie. Sa main tremblait tout comme le reste de son corps mais elle gardait quand même le brun en joue et l'envie de tirer juste pour le retarder la démangeait terriblement, mais elle n'avait pas confiance en sa précision au moment même.
- Et bien cours donc accomplir ta mission Connor.. Mais je dois te prévenir que les déviants sont semblables aux humains et de ce fait ils ne baissent pas facilement les bras !
Connor ne répondit pas cette fois-ci et lui tourna le dos, s'éloignant et disparaissant dans l'obscurité naturelle. La jeune femme frémit et baissant son arme, le corps secoué de sanglots, elle ne cachait pas sa tristesse mais ce n'était pas comme si quelqu'un allait l'entendre de toute façon.. (Y/N) n'avait plus rien désormais et elle ne s'était jamais sentie aussi seule et désespérée, au fond d'elle elle savait que la révolution serait écrasée.. Toutes ses avancées et découvertes allaient être réduits à néant.. C'est alors qu'elle sentit quelque chose être placée sur ses épaules, c'était une veste en cuir, celle de Gavin. Elle leva alors son visage plein de larmes en direction de celui de son ami et partenaire de travail et agrippa la manche de son T-shirt. Pour une fois l'homme n'était pas moqueur et son visage ne montrait aucune trace d'arrogance, non son visage n'exprimait aucune émotion mais ses yeux exprimaient toute la tristesse qu'il pouvait ressentir.
- Gavin..
- Hey.. Coups de feu tirés au domicile d'un lieutenant de police.. J'ai grillé tous les feux rouges, alors tu ne peux pas dire que je le détestais et puis j'étais presque sûr de te trouver ici. Oh (Y/N), non, j'ai besoin que tu sois forte d'accord ? C'est toi qui me gardes dans le droit chemin, si tu t'effondres moi aussi et je redeviens le merdeux que je suis toujours.
- Gavin il- !
- Chutttt, je sais.. je sais (Y/N), mais je suis là pour toi désormais..
La jeune femme se laissa doucement bercer dans les bras de nouvel arrivant, qui faisait preuve d'une extrême rare douceur. Elle savait qu'il y avait du vrai dans ses paroles, mais elle ne pouvait pas être forte, pas après ce qu'il venait de se passer et peut-être même jamais..
