Chapitre 17 : Flirt pluvieux

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Je vous mets les liens des musiques de Brassens apparaissant dans ce chapitre, si vous voulez les écouter !

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En temps normal, lorsque quelque chose me préoccupe, Ludwig en est toujours le premier informé. Le problème, c'est que nous sommes tout, sauf en temps normal.

« Un p'tit coin de paradis... Pour un coin de parapluie... Elle avait quelque chose d'un ange... » annone un disque de Brassens dans l'antique tourne-disque des parents de mon fiancé.

La vieille chanson d'amour, que j'ai écouté des centaines de fois sur ce même tourne-disque en venant dîner à l'Auberge de la Grange, me fait grimacer. Ma moue fait riper le pinceau à maquillage de Beryl, qui peste :

« Ah non ! Vous ne me rendez vraiment pas le travail facile, vous !

-Désolée, c'est la musique. On ne peut pas en changer ? je réclame.

-Quoi ? C'est dans le thème, non ? » soupire Maëva.

Elle lève ses yeux bleus vers la tonnelle en bois de l'Auberge de la Grange, où nous sommes tous installés. Une averse fait s'abattre des trombes d'eau sur ce qui sert à couvrir la terrasse du restaurant des Touillot, si bien qu'on entend à peine la voix de Georges Brassens.

En dépit des trombes d'eau qui s'abattent sur les plaques de bois recouvertes de lierre faisant office de tonnelle pour couvrir la terrasse du restaurant, il fait une chaleur étouffante en cette fin d'après-midi. Pourtant, c'est l'endroit le plus frais du village à ce moment précis, en dehors de l'église. Voilà pourquoi nous sommes là, Spike, sa fiancée Beryl et moi, en train de procéder aux essais coiffure et maquillage pour la cérémonie, assis à une des nombreuses tables en métal du restaurant. Maëva, qui a fini son service à la boulangerie, supervise les essais ; Marianne et Alphonse sont à l'entraînement de rugby ; Ludwig est chargé de faire la plonge du service de midi, dans la cuisine juste à côté. Quant à Zoe Kardashian...

« Ouiiiii, cet endroit est for-mi-da-ble ! explique-t-elle en anglais à travers l'écran de mon téléphone, posé à côté du miroir. Un calme à tomber, une foule d'activités amusantes... Champigny is the place-to-be ! »

Evidemment, ce n'est pas à moi qu'elle explique ça ; mais à ses millions de followers sur Instagram, à qui elle dédie une heure de live chaque dimanche pour répondre à leurs questions. Si je regarde ce show sans grand intérêt d'un œil distrait, c'est pour surveiller Zoe, qui organise ce petit meeting depuis sa chambre – celle qu'elle m'a piqué, donc, chez ma mère. Je n'arrive pas à croire que des milliers de spectateurs peuvent actuellement observer mes vieux posters au-dessus de mon lit.

Elle est bien la seule à s'amuser : à l'image du temps qu'il fait, l'ambiance sous cette tonnelle est atrocement lourde.

« Spike, ça va aller ? s'inquiète Maëva. Vos cernes commencent à devenir préoccupants.

-Ça va aller, répond-t-il en chœur avec sa fiancée comme si l'un comme l'autre n'avait pas des yeux dignes de pandas souffrant d'insomnie. Ça doit aller. »

Nouveau silence, rompu par les éclats de rire de Zoe Kardashian sortant des haut-parleurs de mon téléphone. Je ferme les yeux, laissant Beryl m'appliquer une nouvelle couche d'ombre à paupières. J'ai perdu le compte du nombre de fois où le pinceau est passé et repassé sur mes yeux, mais puisqu'elle n'est plus occupée au maquillage de ma bouche, j'en déduis que je peux enfin parler.

Le mariage archi-faux de Ludwig et MaëlleOnde histórias criam vida. Descubra agora