Chapitre 3 - Drogue ou Poison ?

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Me donner ?

Me donner quoi ? Du poison ? De la drogue ?

La surprise et la prise de conscience me frappèrent comme un tsunami et presque instantanément, je bondis sur mes pieds et reculai. J'en étais sûre ! Je devrais faire plus souvent confiance à mon instinct qu'à un inconnu. De nouveau en pleine possession de mes moyens, je pris une grande inspiration et le dardai du regard. Je serrai les poings très fort, à tel point que mes articulations devinrent toutes blanches. Il me dévisagea, l'air confus. Il frotta sa barbe du bout des doigts, espérant trouver une explication à ma soudaine protestation. Ça m'énervait de ne pas voir ses yeux, masqués par ses satanées lunettes. Je ne pouvais pas deviner ce qu'il pensait alors que toutes les émotions que je ressentais se lisaient sur mon visage. Depuis le début, nous n'étions pas sur le même pied d'égalité.

— Alors tu m'as bel et bien empoisonné, enfoiré.

Finis la courtoisie, finis les bonnes manières, finis ma retenue. Il me menait en bateau et je détestais cette sensation. Encore une fois, j'avais l'impression d'être faible et mon intuition me dictait que Stanislas pensait la même chose et qu'il en profitait. Si j'avais été plus indisciplinée, je lui aurais craché au visage une ribambelle d'insultes. Mais mes parents m'avaient inculqué une bonne éducation qui allait à l'encontre de ce genre de comportement. Ce qui n'était sûrement pas le cas de Stanislas.

— Tu te trompes. Ce n'est pas ce que j'ai dit.

— Comment pourrais-je te croire ? Je te connais à peine et je n'ai aucune confiance en moi.

Stanislas souffla d'exaspération, il secoua la tête, visiblement agacé. Il s'humecta les lèvres et détourna brièvement la tête avant de pivoter de nouveau vers moi, me souriant comme s'il détenait la réponse parfaite.

— Si cela avait été réellement mon intention, je t'aurais laissé t'évanouir. Sinon, à quoi mènerait cet effort inutile ?

Ok, un point pour lui.

Je concédais, à contre cœur, qu'il n'avait pas tort. Ce serait vraiment bête de me gifler, si ce n'était pas par pur sadisme, pour me faire reprendre mes esprits. Instinctivement, je portai ma main à ma joue. Je sentais encore la morsure de sa main, j'étais certaine qu'il n'y avait pas mis toute sa force, mais suffisamment pour me laisser une marque rouge indélébile. En espérant qu'elle ne laissera pas une ecchymose.

— Pourquoi ne m'as-tu pas emmené à l'hôpital alors ? Tu vois bien que mon état empire depuis mon agression.

L'idée ne m'était pas montée à l'esprit jusque-là, désormais, la question me paraissait élémentaire. Qui ne composait pas le numéro des urgences lorsqu'il voyait une personne évanouie ? J'avais quand même été agressée ! C'était, de toute évidence, le premier geste à faire.

— Ce n'est pas ton agression qui a causé ton malaise. Pour ce qui est de l'hôpital, je ne peux pas t'emmener là-bas et pas la peine d'en arriver jusque-là de toute façon.

Il se rapprocha de moi et arracha le pansement sur mon cou. Son geste fut si rapide que je n'eus pas même le temps de protester. Pendant une seconde, puis deux, il se contenta de fixer ma gorge. Il se mordit la lèvre inférieure puis secoua la tête. Un comportement énigmatique qui faisait naître en moi quelques doutes.

— Tu vois, ça a fonctionné. Il ne reste presque plus rien.

À mon tour, je me tâtai le cou à la recherche d'une plaie. Je ne sentis que deux petites bosses, à peine perceptible. Outre cette blessure — qui n'en était plus une — je n'étais pas amochée. Un peu de fatigue, l'impression d'avoir le corps lourd, mais rien de plus.

Le goût d'une morsure : La MarqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant