Chapitre 13 - La promesse d'amitié

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Épuisée, je pénétrai dans ma chambre et m'affalai sur le lit. La tête dans l'oreiller, je marmonnai de façon inintelligible. La journée avait été longue et toutes ses histoires surnaturelles n'avaient cessé de me trotter en tête. Elles créaient un mélange de peur et d'excitation en moi parfaitement incompréhensible.

Je levai la tête en direction de la fenêtre, il faisait encore jour bien que ma montre indiquait les dix-neuf heures passées. J'avais rendez-vous chez Stanislas dans une heure et je devais encore prendre une douche et changer de vêtements. Je me levai avec paresse et traînai les pieds ; je jetai un coup d'œil vers le miroir et m'arrêtai devant lui. Les rebords de la compresse étaient légèrement recourbés et recouverts d'impureté. Je ne l'avais pas changé depuis hier, mais je doutais qu'elle soit encore utile. Ma blessure devait avoir disparu grâce au sang de Stanislas. Je décidai de la décoller, m'arrachant un léger gémissement au passage. Ce que je vis me stupéfia. Je dus cligner plusieurs fois des yeux afin de me concentrer à nouveau sur la réalité.

Je n'arrivais pas à y croire. Un cercle bleu était apparu à la surface de ma peau. Je sentais les reliefs de la ligne sous mes doigts. J'en avais la nausée. J'avais l'impression d'être l'une de ses bêtes qu'on marquait au fer rouge. Je ne savais pas comment réagir, ce n'était pas comme si j'avais déjà eu affaire à ce genre de situation. Devais-je paniquer ? Pleurer ? Hurler ? Garder mon calme ? J'optai pour la dernière option. La voix de Stanislas s'introduisit dans ma tête : "elle reviendra". Il m'avait prévenu. Mais comment aurais-je pu deviner qu'elle ressemblerait à ça ?

Merde, j'y comprends rien.

Je reculai, horrifiée par mon propre reflet, et butai sur mon sac traînant au sol. Je tombai sur les fesses, mais ce n'était pas le pic de douleur qui me préoccupait. J'avais un putain de cercle bleu dans le cou ! Comment allais-je le cacher ? Pouvais-je prétexter qu'il s'agissait d'un tatouage ? Tu parles d'un tatouage...

Il avait au moins le mérite d'être beau — le trait était fin et régulier, et le bleu tendait davantage vers l'azur.

Ça craint....

Des coups frappèrent à la porte et me firent sursauter. Mon corps se contracta.

— Skye, t'es là ? J'ai oublié mes clefs chez Lane, ouvre-moi, s'il te plaît.

Holly ! Je l'avais presque oublié. Peut-être que si je ne faisais aucun bruit, elle penserait que je ne suis pas là et partirait.

— Je sais que tu es là, poursuivit-elle en soupirant. Cameron, notre voisin, m'a dit que tu étais rentrée il y a quelques minutes.

Fait chier !

Il fallait que je trouve une solution, elle ne pouvait pas voir cette marque. Je bondis sur mes pieds et me précipitai vers la penderie. J'attrapai un foulard coloré que j'enroulai autour de mon cou.

— Skye, je sais que tu ne veux pas me parler, mais ouvre-moi, me supplia-t-elle.

D'un pas décidé, je déverrouillai la porte et lui ouvris. Maintenant, je culpabilisais de ne plus lui avoir donné de nouvelles. Elle m'avait laissé plusieurs messages sur mon répondeur et je ne l'avais pas rappelé. Quelle piètre amie je faisais ! Ce n'était pas de sa faute après tout, mais de la mienne. Elle faisait les frais de ma colère et continuait de s'inquiéter pour moi. Je ne la méritais pas.

— Qu'est-ce qui t'a pris tout ce temps ? me demanda-t-elle en entrant.

Je grattai l'arrière de mon crâne et esquissai un demi-sourire.

— Je faisais une petite sieste.

— C'est mon foulard, non ? constata-t-elle.

— Oui, j'espère que ça ne te dérange pas ?

Le goût d'une morsure : La MarqueWhere stories live. Discover now