Chapitre 16 - Une danse pour s'évader

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L'atmosphère était lourde, je n'imaginais pas finir la soirée dans ce genre d'ambiance. Je me balançai sur mes pieds en me mordant l'intérieur de la joue. Stanislas finit par parler et le silence se dissipa.

— Écoute, c'est juste que... je ne veux pas en parler, d'accord ?

Ce serait hypocrite de ma part de désapprouver sa décision, moi-même espérant qu'il ne me pose pas plus de questions quant à mes motivations.

Je hochai la tête silencieusement. La tension était toujours palpable et commençait à former un nuage d'électricité statique au-dessus de nos têtes. Mon estomac se crispa et je posai une main sur mon ventre pour apaiser cette soudaine crampe. Il fallait absolument qu'on change de sujet avant que la situation ne devienne trop pesante. Ma prière fut exaucée, Stanislas frappa dans ses mains et je me redressai en sursaut.

— Ça te dirait de danser ? me proposa-t-il d'un ton enjoué.

J'avais toujours été une terrible danseuse. Je me souvins de mon bal de fin d'année en Terminale, personne ne m'avait proposé de m'accompagner à part Tom, le petit rouquin de la chorale. Je n'étais pas très grande, mais je le dépassais de deux têtes. Notre danse était ridicule et j'avais fini par le bousculer par inadvertance dans le saladier rempli de punch. Il était super remonté contre moi, et après cet incident, plus personne ne m'avait invité à danser. La proposition de Stanislas était inattendue, mais si elle permettait d'alléger l'ambiance, je n'avais pas de raison de refuser.

— Pourquoi pas !

Stanislas hocha la tête et se dirigea vers le salon. Son sourire creusait deux petites fossettes aux commissures de ses lèvres. Mon cœur s'emballa ; je trouvais ça trop mignon ! Un mot dont je n'imaginais pas me venir à l'esprit en parlant de Stanislas. Je lui emboîtai le pas jusqu'au milieu de la pièce, attendant qu'il lance la musique. Il poussa la télé et les fauteuils pour nous laisser un peu de place et sortit ton téléphone de sa poche.

La musique, sortant d'une enceinte, retentit brusquement dans tout l'appartement. Les notes lancinantes d'un piano puis celles d'une guitare, je ne reconnaissais pas le morceau.

Into The Sun de Sons Of The East, m'informa Stanislas en se dirigeant vers moi. J'espère que tu n'as rien contre les musiques douces.

— Ne m'en veux pas si je te marche sur les pieds.

— Si tu le fais, je te jette par la fenêtre, m'avertit-il.

Il courba le dos, un pied en avant, la main en l'air et me considéra d'un air amusé.

— Mademoiselle Fraser, m'accorderiez-vous cette danse ?

— Ce serait avec plaisir, Professeur Adamov, répondis-je en prenant sa main.

Il m'adressa un clin d'œil avant de se redresser et de réduire l'espace qui nous séparait.

Je posai la main sur son épaule. Il serra mon autre main et me saisit par la taille. Il appliqua une légère pression afin de m'attirer vers lui, de manière que mon corps soit presque, mais pas tout à fait, collé au sien.

Je sentais l'adrénaline liquide injectée directement dans ma circulation sanguine - pas assez forte pour me faire paniquer, mais juste assez pour me faire picoter et commencer à bouger mes jambes. Ainsi enveloppée dans ses bras, je respirais le parfum si particulier qu'il portait — ce mélange de jasmin et de menthe poivrée complètement enivrant. Ce type avait la particularité de me rendre chèvre et de me fasciner en même temps. Je n'avais jamais rencontré un homme de son envergure. Je déglutis. Ce n'était peut-être pas une bonne idée finalement.

Le goût d'une morsure : La MarqueWhere stories live. Discover now