Chapitre 18 - L'amitié sans confiance, c'est comme une fleur sans parfum

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Lane nous avait trouvé l'endroit idéal pour camper : une petite clairière, suffisante pour le nombre que l'on était, encadrait par d'immenses arbres. Lorsque les tentes furent finalement installées, elles semblaient quelque peu ébouriffées. Les cordes qui auraient dû être tendues avaient beaucoup cédé et le fond aurait dû être plus tiré quand ils l'avaient arrimé.

Lane ne semblait pas content. Il les comparait aux autres fois où ils campaient et avait qualifié le travail d'amateur. Ce qui avait créé une légère discorde chez les garçons, très vite calmé par l'appel de la faim du midi. Réunis autour des condiments posés sur une nappe, chacun se passait le sandwich qui lui était destiné, préparé avec amour par Holly. Comme elle aimait le dire. Elle avait même apporté trois gâteaux et je me demandais où elle avait trouvé le temps pour cuisiner tout ça.

Nous étions tous assis sur des troncs d'arbres, vestige d'une récente tempête, qui avait nécessité au moins trois garçons musclés pour les soulever. Madison partageait son canapé improvisé avec Archie, ce qui ne m'étonnait guère. Holly roucoulait avec Lane, Sia s'était installée sur les cuisses d'Oscar et les deux frères McGilloway discutaient entre eux à propos des voitures de courses. Finalement, je me retrouvais seule, serrant dans mes mains le reste de mon sandwich. Pour combattre l'ennui qui commençait à poindre, je sortis mon téléphone de ma poche pour vérifier une nouvelle fois si j'avais reçu un message de Stanislas.

— Il n'y a pas de réseau ici.

Je tournai la tête pour voir Keegan s'asseoir à côté de moi. En le regardant de plus près, je remarquai qu'il n'avait rien à voir avec son frère. Ses yeux étaient d'un bleu vif, ceux de Joey tendaient davantage sur le perse, qui contrastait de façon saisissante avec le noir de ses cheveux.

— Les voitures commençaient à t'ennuyer ou tu es une âme généreuse qui a eut pitié de ma solitude ?

Un sourire étira ses lèvres lorsqu'il désigna du menton son frère qui s'éloignait du groupe.

— Aucun des deux, Jo est parti appeler sa copine pour la rassurer qu'il était bien arrivé, m'expliqua-t-il en s'approchant un peu plus de moi.

Quel petit ami exemplaire !

Keegan se colla littéralement à moi. Il était si près que j'avais de la peine à le regarder dans les yeux, et la proximité me dérangeait. J'avais déjà la moitié d'une fesse dans le vide, si ça continuait, j'allais finir par terre !

— Et toi, tu n'as pas de copine à rassurer ? m'enquis-je.

Je croisais les doigts — et tout ce qui était possible de croiser — en espérant que ce serait le cas. Il possédait le physique idéal pour beaucoup de filles : grand, baraqué, sourire de prince et une masse capillaire impressionnante dans laquelle on pouvait plonger nos mains. Il devait forcément avoir charmé plus d'une donzelle.

— Aucune, ce qui nous laisse tout le temps de discuter !

Super !

Je m'en réjouissais d'avance. Mon excitation grandissait jusqu'à son point culminant. Hourra ! Je soupirai d'exaspération avant de me tourner vers lui pour lui offrir mon plus beau sourire.

— Génial ! lançai-je l'air faussement enjoué.

Je ne voulais pas paraître insociable, puis je souhaitais m'amuser ce week-end, il fallait bien commencer quelque part.

— Oscar m'a dit que tu étais française, c'est vrai ?

Je trouvais ça hallucinant le nombre de personnes qui s'enthousiasmaient de mes origines, particulièrement celle-ci. Généralement, c'étaient les mêmes qui débitaient toutes leurs connaissances sur ma langue maternelle, à base de "j'aime croissant", "hmm fromage, baguette, omelette" et le meilleur pour la fin "Toi habiter Paris ?" comme s'il s'agissait de la seule ville de France. S'ensuivait la déception évidente lorsque je répondais que j'habitais dans un patelin près de Toulouse, au milieu de la campagne. Pour terminer avec la critique la plus illustre "Les Français vous n'êtes jamais contents".

Le goût d'une morsure : La MarqueDonde viven las historias. Descúbrelo ahora