Chapitre 26 - Là où la souris se cache

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L'homme remua les lèvres, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Je vis la peur suinter par tous ses pores, il ne fit aucun effort pour reprendre son assurance. J'ignorais toujours l'utilité de cet objet, mais il terrorisait ce nocturne.

— Où as-tu trouvé ça ? demanda-t-il d'une voix étranglée.

— Sa provenance ne t'aidera pas à t'en sortir.

Il me décocha un regard noir.

— Je suis presque convaincu que tu ignores comment t'en servir, finit-il par dire après un long silence.

Les épaules secouées par un rire silencieux, je penchai ma tête sur le côté, un sourire torve sur les lèvres. Il fallait que je joue le jeu pour éviter d'éveiller les soupçons.

— Tu essayes de t'en convaincre pour te rassurer plutôt, arguai-je.

Le type s'avança vers moi d'un air menaçant. Je vis sa mâchoire se contracter et ses poings se serrer. Une veine grisâtre lui barrait le front et palpitait nerveusement. J'espérais que mon plan fonctionne et qu'il lâche l'affaire.

— Il est possible que tu connaisses le sort, admit-il. Mais je doute que tu saches correctement lire les langues anciennes. De plus, tu ignores mon nom et il te faut mon sang pour effectuer le sortilège.

Merde.

Stanislas aurait pu me prévenir pour les formalités. Enfin, j'étais déjà loin de me douter qu'un bocal en verre fasse blêmir un vampire à ce point. Désormais, la curiosité me poussait à en découvrir davantage sur cet étrange objet. Mais si je demandais à ce type, il saurait que je le trompe.

— Comment peux-tu être certain que je l'ignore et que je ne possède pas une goutte de ton sang ? demandai-je en haussant un sourcil. Si je suis ici, ce n'est pas pour la vente aux enchères, mais parce que mon partenaire et moi te traquons. Je sais exactement qui tu es.

Pitié, faite qu'il y croit...

Un sourire fugace étira les lèvres aiguisées de mon vis-à-vis. Ses yeux s'écartèrent, non pas par surprise, mais par exultation. Je sentis mon propre piège se refermer sur moi.

— Tu mens.

Son regard se voila, obscurcissant son visage. Il passa la pointe de sa langue sur sa lèvre supérieure, d'une lenteur provocante. Je devinais en lui une colère et une violence effrayantes, capables de le déborder à tout moment. Finalement, j'ignorais si ma vie serait assurée par la protection de Valentino. Le nocturne n'appréciait sûrement pas d'être roulé dans la farine.

— Je peux entendre ton cœur s'accélérer lorsque ta bouche ne crache que des mensonges, reprit-il. Tu vas payer pour ça.

Mon plan B étant tombé à l'eau, il ne me restait plus que le plan C. J'enfournai prestement le bocal dans mon sac et fit volte-face pour courir. Dans la foulée, je réussis à me débarrasser de mes talons pour me permettre de regagner le rez-de-chaussée plus rapidement. Le nocturne ne s'était toujours pas lancé à ma poursuite. Peut-être s'amusait-il de la situation, me donner l'espoir de survivre alors qu'il finira par planter ses crocs dans mon cou.

Je l'entendais m'appeler, me répéter qu'il finirait par me rattraper, que je ne pouvais pas lui échapper. Ma tentative de rejoindre la salle de vente était vaine, je devais trouver un endroit où me cacher et attendre que la tempête passe. Avec un peu de chance, il lâchera l'affaire.

Au prochain couloir, je me précipitai vers la première porte qui s'offrait à moi. Heureusement, cette dernière était ouverte. Je m'engouffrai à l'intérieur de la pièce et refermai la porte à l'aide d'une petite chaînette dorée. Cela ne suffirait pas à arrêter le nocturne, mais ça me permettrait de gagner un peu plus de temps.

Le goût d'une morsure : La MarqueTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon