Chapitre 15 - On a tous nos secrets

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Affronter l'adversité avec positivité, force et courage. Sourire qu'importe la situation dans laquelle je me trouvais. Ne pas se plaindre. Ne pas juger. Accepter. Avancer. Prétendre que tout va bien. Écouter les problèmes des autres. Être bienveillante. Cacher la douleur.

Voilà les conseils que j'appliquais à ma propre vie depuis un an. Depuis que j'avais ressenti un vide profond dans ma poitrine. Un vide sombre. Un vide sombre sans fin qui consumait tout. Vide. Rien pour calmer mon âme creuse qui se glissait dans l'ombre, loin de toute autre vie humaine parce que mon vide était si consommateur qu'il ne pouvait pas prétendre que tout allait bien.

Rien n'allait ! Les gens marchaient sur cette terre chaque jour et prétendaient que tout allait bien, et ce sera toujours le cas. Pourquoi ne pouvons-nous pas tous admettre que nous n'étions que des poupées en plastique creuses avec un visage heureux peint ne révélant aucune culpabilité, tristesse, vide, émotion ? Le vide sera toujours présent ; je me considérais décente à le cacher, à le masquer avec des émotions humaines normales. Personne n'allait me demander pourquoi je souris. Il était caché partout, ce vide. Il n'y avait aucun moyen d'y échapper.

Mes cauchemars semblaient aider à le remplir, avec ce que je n'avais pas envie d'élaborer. Ils me rappelaient mon enfance, comme le vide était le monstre sous le lit. J'en avais tellement peur, mais j'en avais besoin. J'avais besoin de ressentir quelque chose. J'avais besoin d'être imparfaite. Je pensais que, malheureusement, je me sentais plus en sécurité lorsque quelque chose n'allait pas. J'avais besoin de ce monstre sous le lit. J'en avais besoin pour me distraire, non pas de tout le reste, mais tout simplement, de moi-même.

C'était ainsi que je fonctionnais. Je me sentais vide. J'avais l'impression d'avoir tout perdu et qu'une montagne de problèmes s'accumulaient sur mon dos, qu'un océan de tristesse noyait mon esprit, que les racines de la douleur s'enfonçaient dans mon âme. Mais je ne pouvais pas montrer ma vraie nature au monde entier, je voulais... non, je devais être forte. Pour elle. Pour son sacrifice. Pour tous ceux que j'aimais. Et pourtant, même à ce moment-là, lorsque mon monde semblait s'écrouler, je devais faire bonne figure. Trouver de la positivité.

— Ce n'est pas aussi simple, déclara Stanislas. Je ne peux pas te l'enlever.

J'eus l'impression de recevoir une gifle. Il ne pouvait pas me l'enlever. J'allais devoir rester comme ça le restant de mes jours ? Non, il fallait que je reste forte et positive. Qu'importaient les problèmes que l'on rencontrait, il y avait toujours une solution pour les résoudre.

— Très bien, mais il doit bien y avoir un moyen ?

Stanislas cala sa joue dans sa main et soupira bruyamment. Il entreprit des cercles avec son index sur l'accoudoir du canapé.

— Il y en a deux, mais je ne suis pas certain qu'ils te plairont.

— C'est à moi d'en juger.

J'étais prête à tout pour m'en débarrasser.

— Soit je te mords pour t'imposer un nouveau statut, proposa-t-il. Ou soit tu demandes à Valentino de te la retirer. Je tiens à préciser pour la première option qu'il existe très peu de désir plus puissant que la possession chez un vampire et que c'est dangereux pour celui qui mord de s'opposer à la marque du premier, dans ce genre de cas.

La réponse n'aurait pas pu être tout simplement : lave-toi avec du savon et ça partira.

Je soupirai, faisant face à deux choix impossibles. Je n'avais pas envie d'être mordue une seconde fois, mais je ne voulais pas non plus demander quoi que ce soit à cet enfoiré. Je pestai entre mes dents et me levai d'un bond. Je me dirigeai vers la fenêtre pour contempler le paysage nocturne et réfléchir calmement à la décision que je devais prendre.

Le goût d'une morsure : La MarqueWhere stories live. Discover now