Chapitre 18

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Naruto dévisage avec attention votre enfant, comme si c'est la première fois qu'il la voit. En effet, c'est la première fois qu'il la voit comme Sa Fille. Koiko reste de marbre sous le scanne de ses yeux océans. Elle évite de les croiser, fuyant le regard de son père. Et pourtant c'est inévitable, leurs yeux se trouvent pour ne plus se détacher. Bleu océan et bleu translucide. Des regards si semblables. Il n'y a plus aucun doute sur la paternité après qu'on ait été transpercés par ces couleurs. Je m'écarte un peu d'eux, et observe la scène attentivement. Mon camarade blond tente de toucher Koiko mais elle recule. Un instant de surprise habite son père. Il ne s'attendait pas à cette réaction. Elle ne semble pas souhaiter le contact physique. Tout son corps n'attend qu'une chose : fuir. Naruto le comprend aussi. Ses yeux se couvrent d'un voile de tristesse et d'une voix calme, il demande :

- Koiko, pourquoi me fuis-tu ? Aurais-tu peur de moi ?

Ta fille le fixe comme s'il venait de dire une bêtise. Puis son expression change pour arborer un visage des plus sérieux. Un visage qu'il est rare de voir chez un enfant de cinq ans.

- Je ne te crains pas... C'est toi qui me rejette.

Naruto écarquille les yeux face à cette réponse. J'en suis moi-même surpris.

Comment pourrait-il la rejeter alors qu'il voulait de cette rencontre ? Mon coéquipier baisse honteusement la tête. Koiko patiente. Puis dans un mouvement, son père la capture dans ses bras. Elle se laisse faire, complètement prise au dépourvue. C'est une étreinte brûlante, forte à en étouffer. Naruto adoucit son emprise pour la balancer doucement. Koiko se laisse aller dans ses mouvements de va et vient. Ta fille s'apaise, un sourire de joie sur les lèvres. A travers ce geste, son père lui montre son amour. Naruto la soulève et s'éloigne dans le jardin, riant aux éclats avec sa fille. Il fera un bon père. Il a souffert toute son enfance, il est le plus à même pour donner tout l'amour qu'il faut à un enfant. Je les observe courir l'un après l'autre. Koiko lui ressemble dans sa joie. Sourire, aimer, changer les personnes, oui c'est la fille de Naruto. Mais avant tout, elle est ta fille. Son être ne cesse de t'appeler. Vous êtes liés bien plus qu'on le pense. La réponse de Koiko me revient « Je ne l'appellerai pas ainsi, votre relation. Elle est beaucoup plus. » C'est moi qui n'ouvre pas les yeux. Ils ont tous raison. Un fil invisible me relie à cette femme et je ne le vois. Invisible ? Non pas vraiment... Mon regard se pose sur Yami, ce sabre est au cœur de ce mystère. Face à cette couleur sombre, le remord me prend. Personne ne le dit, mais je sais ma faute. Si tu as pu user d'un pouvoir terrifiant, c'est par ma faute. Je suis coupable. Coupable de te plonger dans la noirceur. Toi l'ange qui est destiné à me sauver. Moi qui ne suis qu'un démon, je me permets de te tâcher de ce venin répugnant qu'est la vengeance. J'ai réveillé la haine qui sommeillait en toi et l'ai multipliée. « Meurtrier », oui j'en suis un. J'ai tué encore et encore. « Sans cœur » je n'ai éprouvé aucun remord à les vider de leur sang et voler leur âme. « Traitre » j'ai trompé tout le monde, moi le premier. « Démon » oui, je ne suis que noirceur. Mes mains cachent mon visage, je ne suis que déchéance. Mes yeux me brûlent, je ne suis que mal. Les mots résonnent dans mon esprit « meurtrier, sans cœur, traitre, démon, meurtrier, sans cœur, traitre, démon...fidèle »

Ce dernier mot est... si doux. Mes mains glissent lentement de mon visage. Elles pendent le long de mon corps, inanimées. D'un naturel commun, je me tourne vers le château. Une fenêtre en particulier. Tu es là. Tes opales observent tranquillement la scène. Ils n'expriment toujours rien. Cependant au fond de toi, je la distingue, la lueur. Une petite étincelle de vie et de bonheur. Tes yeux ne quittent pas ton enfant et son père, voulant à tout prix enregistrer le moindre détail. Et pourtant, c'est bien ta voix que j'ai entendu. Je continue à te détailler, tu sembles complètement absente. Emportée par l'image de bonheur que t'offrent les deux êtres chers à ton cœur. As-tu l'intention de m'adresser, ne serait-ce qu'une seconde, un regard ? Je continue d'espérer mais le temps défile et tu restes concentrée sur Eux. Je baisse la tête, résigné. C'est vrai, il n'y a qu'Eux capable de t'accaparer.

Vers la libération [ Tome 1 ]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora