Calendrier de l'Avent 2020 [Terminé]

1🎄La Fée de l'Hiver

Ouvrant lentement ses yeux si longuement clos, la Fée de l'Hiver tendit ses bras pour s'étendre avec un bâillement qui semblait s'étirer à l'infini. Ses cheveux blancs et courts ébouriffés en tous sens évoquaient le chaos de la saison froide ; ses yeux d'un bleu perçant, la piqûre mordante de la glace. Mais son sourire angélique rappelait la douceur de la neige, celle qui enveloppait prairies et arbres dans son manteau de velours. Sa peau presque transparente scintillait délicatement à la lueur de l'aube qui avait réveillé la petite créature, alors que ses ailes, dentelées et fines, étincelaient de manière irisée.

Glissant hors de la brume qui s'amassait comme un nuage de coton autour d'elle, lui assurant confort et sécurité, la minuscule femme ailée quitta son abri et lévita avec la grâce et l'élégance d'un flocon n'obéissant à une gravitation ne s'appliquant qu'à lui, respectant une cadence lente et irrégulière qui le rendait aussi accueillant qu'harmonieux. Avec une légèreté aérienne, elle posa ses pieds nus sur une feuille morte tombée au centre d'une clairière. Celle-ci, au contact de la peau de la fée, givra progressivement jusqu'à être couverte d'une fine pellicule de glace.

La brise hivernale qui entraîna ses sœurs couleur de rouille dans une ritournelle soudaine souleva la robe d'un bleu translucide de la petite créature, l'agitant avec la majesté féroce d'une cascade bravant le froid en se mouvant sans cesse afin de ne pas geler. Ses ailes s'agitèrent au rythme du vent, appréciant cette caresse plus chaleureuse que piquante. Un sourire de ses lèvres bleutées givra les arbres s'élevant aux alentours, contrant les rayons matinaux du soleil, et figea de froid les insectes tout en recouvrant finement les monceaux de terre.

D'un geste fluide, la Fée de l'Hiver se hissa sur la pointe de ses pieds ; ses bras suivirent le mouvement en s'élevant d'eux-mêmes vers le ciel, souples et graciles, frêles et solides. Exécutant une lente courbe dans l'air glacial, ils semblèrent se transformer en une nouvelle paire d'ailes, non pour supporter son corps, mais pour soulever son âme. Soudainement, comme mue par un élan aussi naturel que primordial, la minuscule femme prit son élan sur quelques pas et s'élança vers une feuille morte voisine pour s'y réceptionner avec légèreté sur le bout de ses orteils. Sa jambe droite, laissée en suspension dans les airs, l'entraîna dans une pirouette sur elle-même, rapide et énergique, éclatante et glacée.

Poursuivant sur sa lancée, la petite créature sauta de feuille en vallée de mousse végétale en virevoltant sur une mélodie qu'elle seule pouvait entendre, tantôt grâce à la maîtrise de ses ailes, tantôt grâce à la stabilité de ses pieds. Sa robe tournoyait à chaque mouvement, accentuant le balancement aérien de ses hanches dans un lent tourbillon de ce tissu aussi fin que de la soie, aussi fluide qu'un ruisseau. Chacun de ses pas engendrait la naissance d'une fine couche de glace, dont elle était le centre. Le givre s'étendait, s'agrippant à la moindre parcelle de végétation pour augmenter son avancée progressive, comme des racines animées par la seule volonté de s'implanter dans la terre.

Son allure si agile et vaporeuse donnait l'impression qu'elle ne touchait jamais le sol blanchi de gel. Ses bras, sublimant ses gestes par leur délicatesse, glissaient dans l'air avec souplesse. Ses ailes battaient l'air avec précision et finesse, apportant une musicalité claire et vibrante au paysage brillant de la combinaison de la mince blancheur et des doux rayons du soleil. Avisant un étang encore éveillé, la fée courut vers l'étendue d'eau et s'éleva dans la brume glacée, soutenue par ses membranes transparentes, loyales et solides malgré leur aspect fragile.

Pendant son ascension, elle tendit ses mains vers le ciel et, d'un geste sec et bref, les joignit en émettant un petit claquement qui résonna dans le silence paisible de la clairière. Avec un sourire émerveillé, elle regarda les étoiles cotonneuses qui firent leur apparition et tombèrent vers le sol. Leur reflet illumina les yeux perçant de la petite créature qui, vive et gracile, slaloma entre les flocons pour les entraîner dans un ballet lent, une valse légère, une danse soyeuse. Le givre s'étendit sur la feuille de nénuphar sur laquelle elle se posa, créant des filaments de glace qui enserrèrent la végétation endormie et se déployèrent sur sa surface verte.