22🎄La Valse de Noël

178 37 244
                                    

La douce musique de l'orchestre amateur s'élevait dans la nuit, claironnant un hymne aux étoiles, saluant la chute des flocons tombant avec grâce sur la couche de neige déjà épaisse qui recouvrait le parc. La lune était absente dans le ciel, mais ses petites voisines formaient des constellations brillantes de clarté entre les nuages gris glissant sur la toile obscure qui s'étirait à perte de vue. L'ombre des différents instruments se découpaient sur la blancheur, éclatante à la lumière du réverbère éclairant les alentours.

Au sein de ce miroitement musical tournoyaient lentement deux silhouettes en parfaite synchronisation. Leur port de tête sévère et élégant ne permettait pas à leur regard de se croiser, mais ils n'avaient besoin d'un contact visuel pour se mouvoir au rythme de leur symbiose. Leurs pieds semblaient léviter avec la légèreté d'une plume et la grâce d'un vol d'oiseau, comme s'ils ne s'enfonçaient pas dans la neige fraîche, mais qu'ils évoluaient par-dessus celle-ci.

Les cheveux coincés sous son bonnet, emmitouflée dans une épaisse doudoune, les pieds enfermés dans des bottes fourrées, la danseuse se sentait pourtant aussi aérienne qu'une brise d'été, aussi souple que les blés qui ploient sans jamais se briser. Un sourire se peignit sur ses lèvres gercées, heureux et détendu, alors que ses paupières recouvraient ses pupilles. Elle imagina alors la laine de ses vêtements se changer en une étoffe soyeuse d'un bleu aussi profond que la nuit, aussi brillante que les étoiles visibles dans le ciel. Ses cheveux ondulaient sur ses épaules, scintillant comme une flamme, aussi intangibles qu'un nuage. Ses pieds nus glissaient sur le sol comme un filet d'eau s'écoulant sur la roche ; fluides et limpides. Clairs et insaisissables.

Ses mains gantées, l'une tenant délicatement celle de sa partenaire, l'autre posée respectueusement sur son omoplate, les cheveux parsemés de flocons de neige et l'écharpe fermement nouée autour du cou, le danseur se pensa marée, porteur délicat et messager silencieux ; il s'imagina brume, vaporeux et insaisissable. Vêtu d'un costume dans ses songes éveillés, la noirceur de sa veste n'obscurcissait ni la lumière environnante, ni la blancheur de sa chemise ; elle ne les rendait que plus radieuses. Ses mains, tendres et accompagnatrices, se faisaient guides de sa partenaire pour l'entraîner sans l'obliger, la diriger sans la forcer. Chacun de ses pas paraissait semblable à la fuite d'un animal. Solide et précis, fugace et délicat.

L'harmonie qui se dégageait du couple valsant, presque palpable pour les personnes qui contemplaient leur danse, irradiait de leur être à chaque mouvement, comme une onde circulaire se répandant sur l'eau avec conviction et patience. Il était élégance, elle était grâce ; il était stabilité, elle était ondulation. L'un solide comme le tronc d'un hêtre, l'autre fluctuante comme les méandres d'une rivière. Ils étaient complémentarité, ils étaient unité. Ils étaient partage et réciprocité, échangeant leurs émotions entre eux autant qu'avec leurs spectateurs.

L'épaisse couche de neige donnait l'illusion qu'ils dansaient sur un nuage, moelleux et cotonneux, et les flocons, scintillant et chutant en gros grumeaux blancs autour d'eux, qu'ils dansaient parmi les étoiles. Les silhouettes, brouillées par les intempéries, tournoyaient et virevoltaient dans un tourbillon de bonheur et de cristaux de glace, flâneur et enivrant, langoureux et fascinant. La valse envoûtante semblait suspendue dans le temps, fixée dans l'éternité, défiant avec finesse l'écoulement des secondes. Un moment d'alégresse et d'extase, un moment de raffinement autant que de simplicité, un moment infini bien qu'éphémère.

Alors que son dos se pencha vers l'arrière, interrompant la ritournelle en une élégante cambrure, la danseuse se pensa douceur, elle s'imagina cygne. Légère et distinguée. Gracile et confiante. Ses bras, tels des ailes, entraînaient son esprit vers l'envol au-delà de la raison. Soutenant sa partenaire avec sûreté, le danseur se crut équilibre, il se rêva léopard. Souple et robuste. Agile et déterminé. Ses pieds, trouvant des appuis fermes, l'emmenaient vers des contrées inexplorées que seul son cœur pouvait visiter.

Liés par une même passion, les deux danseurs ne formaient plus qu'un. Deux êtres en cohésion parfaite qui fusionnaient en un seul. Deux personnes dont la créativité était modelée dans le même argile et qui se mélangeaient pour en reprendre la forme initiale. Deux morceaux du même cristal s'emboîtant pour retrouver son entièreté. Pourtant inconnus, la flamme qui les animait tous deux leur était aussi familière que s'ils l'avaient côtoyée leur vie entière. Mus par l'ivresse de leur art, ils valsaient comme on peint un tableau : librement et instinctivement. Ils virevoltaient comme on rédige un poème : avec dévouement et émoi. Ils dansaient comme on respire : inconsciemment et naturellement.

Exaltés et transportés, ils n'éprouvaient aucune lucidité quant à leur entourage ; pour eux n'existaient que leur partenaire, les flocons neige et les notes qui s'élevaient vers le ciel. Ignorant l'admiration qu'ils suscitaient, ils profitaient de cette rencontre qui leur offrait une danse stellaire dans le froid de l'hiver et dans la lumière d'un réverbère plutôt que la chaleur d'un feu de cheminée et le réconfort d'un sapin le soir de Noël. Une ritournelle céleste en guise de cadeau. Une valse de pureté et de tendresse. Nullement planifiée et pourtant parfaitement chorégraphiée. Un message d'amour et de joie destiné à tout le monde, à personne... ou à ceux qui étaient prêts à le contempler avec compréhension et ravissement.

************

NDA : Bonjour, tout le monde !

J'espère que vous allez bien.

Ceci est... le retour des notes pourries et inutiles ! Je ne sais vraiment pas quoi dire, en fait. Mis à part que je finis ce texte beaaaaucoup trop tard, encore une fois. Mais, hé : c'est bientôt la fin ! Je ne flancherai pas maintenant. Ça fait un peu des ravages, quand on est à la fois bornée et perfectionniste.

Bref, on s'en fiche totalement.

J'espère sincèrement que ça vous a plu.

Je vous fais d'énormes bisous.

Et vu que mes bonshommes en pain d'épices d'hier n'ont pas eu beaucoup de succès, j'en reviens aux biscuits à la cannelles, aux cupcakes et aux cookies.

Prenez bien soin de vous <3

À demain !

Calendrier de l'Avent 2020 [Terminé]Where stories live. Discover now