11🎄Joyeux Noël, mon amour...

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Dans la chambre d'hôpital de son mari, Sylviane décorait le petit sapin en plastique qu'elle avait réussi à introduire dans l'hôpital. Égayer la chambre avec autre chose que des fleurs et des fruits semblait une priorité criante pour elle, en particulier en ces périodes de fêtes. En réalité, l'après-midi du réveillon de Noël était déjà bien entamée, mais elle n'avait pas pris le temps de réaliser ces gestes banals de décembre plus tôt. Peut-être avait-elle espéré pouvoir rentrer pour réveillonner calmement, au fond. Ses espoirs s'étaient tus, à présent ; mais pas sa bienveillance.

-Qu'en dis-tu, Arthur ? demanda-t-elle une fois la dernière minuscule boule en verre posée sur une branche épineuse. Il est beau, n'est-ce pas ?

-Un peu petit, remarqua l'intéressé d'un air taquin, malgré sa fatigue et sa souffrance flagrantes. Mais très joli, ajouta-t-il avec un mince sourire.

Sa femme le couva d'un regard à la fois tendre et chagriné. Ses cheveux, encore foncés quelques mois auparavant, s'étaient parsemés de gris depuis que son état s'était détérioré. Elle, dont les cheveux s'étaient soudainement teints de blanc il y a plusieurs années déjà, avait jalousé cet aspect physique de l'homme qu'elle aimait depuis plus de soixante ans. Cependant, elle aurait préféré lui envier sa couleur capillaire résistante pendant de longs mois supplémentaires plutôt que de le voir allongé dans ce lit d'hôpital.

Ses yeux, soulignés de fines rides, avaient conservé l'éclat jovial et réjoui contenu dans ses iris bleus. Ses convictions inébranlables l'empêchaient de s'apitoyer sur son sort et de s'abstenir de remercier la vie de lui avoir apporté amour et bonheur, âme-sœur, enfants et petits-enfants. Même les marques de l'âge refusaient d'attrister son visage et accentuaient son air rieur. Il s'agissait du trait de caractère qui le rendait véritablement magnifique, aux yeux de Sylviane. C'était aussi probablement celui qui l'avait séduite chez lui. Une des raisons pour lesquelles elle était tombée amoureuse de lui. Un aspect qu'elle avait toujours tendrement chéri, comme on protège le plus précieux et le plus fugace des trésors.

-Nous aurons un peu de Noël avec nous, de cette manière, expliqua-t-elle en prenant place aux côtés de son mari. Ce n'est pas aussi bien décoré que d'habitude, mais...

-Mais c'est parfait avec les circonstances, la coupa Arthur en saisissant délicatement sa main. Tu es exceptionnelle, Sysy, de t'être débrouillée pour amener l'esprit des fêtes dans cette chambre.

-C'est grâce aux infirmiers et aux infirmières qui m'ont permis de décorer un peu, répondit Sylviane. Ils sont tellement gentils.

-C'est vrai, en partie, acquiesça son mari d'une voix faible. Mais ce que je voulais dire, c'est que tu es formidable, indépendamment des décorations de Noël. Je suis tellement chanceux et heureux que tu sois encore avec moi après toutes ses années. Et je suis si fier d'avoir été ton mari pendant si longtemps.

-Moi aussi, je suis fière et heureuse d'être avoir toi, répondit-elle avec douceur. Rien ne pourrait me faire changer d'avis.

Alors qu'il lui adressa un sourire, Sylviane se pencha vers son mari pour déposer un baiser sur son front, à la fois tendre et passionné, mêlant l'ardeur de l'amour qu'elle lui portait et la tristesse qu'elle éprouvait de le voir souffrir. Elle sentait les doigts de son époux trembler dans les siens, marque de vulnérabilité qui lui serrait un peu plus le cœur.

-Tu peux me faire un peu la lecture ? quémanda Arthur en désignant le livre qui reposait sur la table de chevet.

Son épouse tourna la tête vers l'objet convoité, qui ne laissait entrevoir que sa quatrième de couverture, et le saisit pour le retourner afin d'en lire le titre. Un sourire se dessina sur son visage ridé, à la fois amusé et nostalgique. Arthur observa ses traits s'illuminer et ses yeux marrons briller ; il avait toujours aimé l'observer quand des émotions positives l'envahissaient. Elles sublimaient ce visage qu'il chérissait tant. Elles la rendaient encore plus merveilleuse, si un tel exploit était possible à ses yeux.

-Un chant de Noël, lut Sylviane. Évidemment, j'aurais dû m'en douter.

-Tu sais que Dickens est mon auteur préféré, déclara faiblement l'intéressé. Et que je relis toujours ce livre à la période de Noël.

-Bien sûr, que je le sais, dit-elle sans une once de mauvaise foi.

Tout en croisant sa jambe droite sur sa jumelle gauche, Sylviane s'adossa contre le dossier de la chaise et tourna les quelques premières feuilles pour trouver la première page de l'ouvrage. Lorsqu'elle entama sa lecture, Arthur laissa la voix de sa bien-aimée le bercer, appréciant tant sa mélodie que les mots qu'elle prononçait. Porté par l'histoire et par la mélodie des phrases, il avait l'impression de glisser dans une bulle bienveillante et hors du temps. Douce et solitaire. Apaisante et amère. Les pages se succédaient, le récit résonnait à ses oreilles, et les paupières s'alourdirent, emportant lentement le vieil homme dans un profond sommeil, duquel il savait qu'il ne se réveillerait pas.

Tournant la dernière page du livre pour le refermer, Sylviane redressa la tête et son regard tomba sur son mari. Ses yeux marrons s'embuèrent en constatant que les traits de son visage ne reflétaient plus la personne qu'il était. La personne qu'il avait été. Il ne riait plus, mais il semblait ne plus souffrir. Alors qu'elle déposait le roman sur la table de chevet, une larme glissa sur sa joue, condensé salé et humide d'amour et de chagrin, d'années de bonheur et de cet unique moment de séparation. Avec tendresse, elle saisit la main d'Arthur pour la porter à ses lèvres et y déposer un baiser aussi affectueux que respectueux. Sylviane rassembla son courage pour afficher un mince sourire et pour empêcher sa voix de trembler avant de murmurer :

-Joyeux Noël, mon amour...

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NDA : Bonjour, tout le monde !

J'espère que vous allez bien.

Je sais que je commence toujours de la même manière, mais c'est vraiment important pour moi que vous vous sentiez bien. Ce ne sont pas juste des formalités, j'espère sincèrement que vous vous portez bien, et pas uniquement au niveau de la santé.

Alors, ce texte... comment m'est-il venu ? Ben... en fait, c'est le titre qui m'est venu. Il s'est un peu imposé à moi, et mon imagination a composé à partir de ça. Voilà.

Mes notes d'auteure sont de plus en plus courtes. Je ne sais pas si c'est parce que j'ai réellement moins à dire ou si c'est juste que je suis fatiguée quand je les écris xD

Enfin, de toute façon, je vous concocte encore plein de petites choses pour ce calendrier, en espérant que ça vous intéressera.

Alors, ce texte est court, c'est vrai. Et je ne suis pas supposée vous le dire, mais ma conscience me tient en otage, je n'ai pas le choix. Le texte de demain sera long. Il est particulier pour moi. Alors, je suis très excitée à l'idée de vous le poster. Ça tombe assez bien, au final, pour marquer la moitié du calendrier. Eh oui, demain, on est à la moitié !

Voilà, c'était tout pour moi.

J'espère que ça vous a plu.

Je vous fais de gros bisous, de gros câlins, je vous envoie des cupcakes et des cookies, des peluches et des arcs-en-ciel.

Et surtout, prenez bien soin de vous.

À demain, merci sincèrement d'être encore là <3 J'aurais déjà arrêté, sans vous.

Calendrier de l'Avent 2020 [Terminé]Where stories live. Discover now