19🎄La Chanteuse de Noël

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Dans la lueur tamisée de sa loge, Meghan appliquait les dernières retouches à son maquillage en se regardant dans le miroir muni d'ampoules. Étalant des paillettes dorées supplémentaires au coin de ses yeux et ajoutant du gloss par-dessus son rouge à lèvres foncé, elle sourit à son reflet. Les épaisses boucles noires de sa chevelure tombaient souplement sur ses épaules, comme les pétales d'une fleur s'étendant le long de leur tige. Les éclats d'or parsemant ses paupières semblaient briller sur sa peau sombre et illuminaient son teint. Sa robe rouge, parfaitement accordée à la couleur de ses lèvres, glissait le long de son corps telle une chute d'eau écarlate.

Elle se sentait nerveuse, mais aussi surexcitée, comme à chaque fois qu'elle s'apprêtait à sortir de sa loge pour chanter sur scène. Un léger soupir lui échappa, ni vraiment las, ni parfaitement soulagé. Sa loge était en réalité une minuscule pièce aménagée pour qu'elle puisse se changer, et la scène sur laquelle elle allait se représenter, rien de plus qu'une estrade bien éclairée dans le Holy Roses Café. Elle aimait sincèrement cet endroit ; elle n'avait jamais rêvé de chanter dans un café toute sa vie, mais au moins, elle s'y sentait bien. Les clients l'écoutaient quand elle chantait. Et elle pouvait même voir la joie éclairer leur visage.

Ses yeux foncés glissèrent sur la guirlande argentée déposée sur le miroir, unique indice de la période de Noël dans l'espace exigu qui lui servait de vestiaire. En revanche, l'espace réservé à la clientèle, lui, était bien plus décoré. Un haut sapin surplombait la salle, posé sur l'estrade, les branches fièrement ornées d'anges, de rennes et de bonshommes de neige. Branches de houx et de gui se balançaient au-dessus des tables et du bar, alors que des guirlandes rouges, vertes et lumineuses étaient suspendues aux murs. Peu importait l'évènement, Meghan avait toujours aimé observer les décorations particulières plongeant son lieu de travail dans une ambiance légère et magique.

Trois coups retentirent contre la porte en bois, brefs et discrets. Aucun sursaut ne lui échappa, mais une excitation mêlée d'un trac maîtrisable grimpa en elle. Alors qu'elle redressa les épaules, ses bracelets dorés tintèrent en glissant le long de ses bras pour s'arrêter au niveau de ses poignets. Leur caresse enroba Meghan dans une bulle de douceur, réconfortante et familière. Un sourire s'étira sur son visage rond quand elle ouvrit la porte et se dirigea vers la scène à pas lents et étudiés. Son cœur bondissait dans sa poitrine et, lorsqu'elle posa ses pieds chaussés d'escarpins sur le plancher, il sembla interrompre ses battements désordonnés pour imposer un silence dans le corps de sa propriétaire.

Alors qu'elle avançait vers le micro à pied, ses talons claquant de manière sourde sur l'estrade, le vacarme des conversations se tut. Elle embrassa la salle d'un regard avant de glisser ses prunelles vers les musiciens avec qui elle partageait la scène : un pianiste et une violoniste, tous deux discrètement apparus sur scène. Le premier, sobrement vêtu d'un costume noir et d'une cravate rouge, posa les doigts sur le clavier en lui adressant un signe de tête pour signifier qu'il était prêt. Plus jeune, l'archet déjà délicatement posé sur les cordes de son instrument, la seconde scintillait dans sa robe dorée qui ne recouvrait pas ses genoux. Un mince sourire étira ses lèvres, et Meghan hocha la tête.

Se tournant à nouveau vers les clients disposés autour des tables, la chanteuse écouta la première note du violon, douce et chaleureuse, résonner dans le café. Les suivantes enchaînèrent rapidement pour composer la mélodie de l'introduction, mais l'initiale retentissait encore dans la tête de Meghan, profonde comme les abysses marines, soyeuse comme les nuages dans le ciel ; elle vibrait dans tout son corps. Les accords du piano, délicats et cordiaux, se superposèrent à ceux de l'instrument à cordes et les enlacèrent avec harmonie, aussi légers que le plumage d'un oiseau, aussi doux que la toison d'un mouton. S'enivrant de la musique, elle se laissa porter par son rythme lent mais énergique avant d'y ajouter sa voix, fluide et claire ; pas au moment prévu par leurs répétitions, mais à l'instant qui lui semblait le plus approprié, afin d'exprimer sincérité et spontanéité.

Meghan observa les spectateurs, souriants et heureux, et ferma les yeux. Son chant ondula dans la salle et embrassa le cœur de chaque personne présente avec tendresse et émotion. Solide comme une montagne s'élevant dans le ciel, rassurante comme les vagues s'étendant sur la plage, sa voix était semblable à la mélodie de l'eau s'écrasant sur une falaise. Puissante et naturelle. Passionnée et authentique. Aussi douce que la brise dans les feuillages, aussi limpide que la glace des stalactites, elle contait affection et bienveillance, solidarité et amabilité. De ton son être, elle célébrait la famille et l'amitié, elle soufflait la joie et la sérénité.

Elle ne chantait pas Noël ; elle voyageait et embarquait ceux qui l'écoutaient avec elle. Ensemble, ils contemplèrent volcans et montagnes, plaines herbeuses et étendues désertiques, forêts foisonnantes et glaciers impitoyables. Voguant sur les flots de sa voix, ils admirèrent mers déchaînées et plages de sable, champs de tournesols et fleurs sauvages, pluies torrentielles et rosées délicates. Émerveillés par la beauté du monde qu'ils parcouraient, elle les ramena dans la chaleur du foyer que représentait pour eux Holy Roses Café en ce moment même, au sein de la famille d'inconnus qu'ils constituaient le temps d'une soirée.

Elle ne chantait pas Noël ; elle chantait ce que les fêtes représentaient à ses yeux. Le bien-être et la reconnaissance, le bonheur d'être ensemble et de profiter des choses simples. Elle chantait ses proches, elle chantait les spectateurs, elle chantait ceux qu'elle ne pouvait nommer. Elle chantait l'amour et la félicité. Elle chantait pour elle, pour les musiciens, pour les clients. Elle chantait pour la Terre entière, en se promettant d'exercer son art pour allumer une flamme d'espoir dans le cœur de tous ceux qui en avaient besoin, qu'ils soient présents ou non pour l'écouter. Elle chantait avec la certitude que la portée de ses paroles s'élevait bien au-delà de celle de sa voix, et que leur signification la dépassait, tant en importance qu'en intensité.

Elle ne chantait pas Noël ; elle chantait générosité et pureté. Elle chantait lumière et harmonie. Elle chantait la richesse de la simplicité. Elle chantait un message, elle chantait la vie ; et elle chantait pour vivre.

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NDA : Bonjour, tout le monde !

J'espère que vous allez bien.

Alors, eum... Je n'ai un peu rien à dire. Fatigue ou manque d'inspiration suite à cette intensité presque forcée d'inspiration ? Je l'ignore.

En tous cas, heureusement pour vous, c'était plus court qu'hier. Tout sera plus court, maintenant. Y compris le nombre de jours qu'il reste à ce calendrier.

J'espère que ça vous a plu.

Je vous fais d'énormes bisous, vous remercie une énième fois d'être encore là avec moi, à me lire, à m'encourager.

Et je vous dis à demain, du moins, je l'espère.

J'espère un peu ne pas vous avoir assommés avec la longueur du texte d'hier.

Prenez bien soin de vous <3

P.S. : Il reste officiellement cinq textes après celui-ci. J'en ai fini deux. Sinon, ça va très bien.

Calendrier de l'Avent 2020 [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant