Chapitre 37 : les graines de Hyacinthus

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Lidonna stressait légèrement. Tout allait bien se passer à Hyacinthe pour eux, mais elle angoissait de revoir d'anciennes connaissances. Elle ne savait pas vraiment qui faisait partie de l'association interplanétaire. Qui allait-elle revoir dans cette journée ? La regarderait-on avec autant d'hostilité ? Elle avait mûri, grandit. Elle s'était renforcée, elle s'était blindée psychologiquement. Et pourtant, retourner sur cette planète faisait ressurgir tous ses traumatismes, toutes ses insécurités. Ils l'avaient tous traité comme si elle était une abomination. On ne pouvait pas se remettre du traitement qu'elle avait subi...

Rordian l'enlaça une dernière fois. Le contact de ses bras sur son corps soulageait légèrement son fardeau. Il la serrait si fort, d'une manière signifiant qu'il ne voulait pas la laisser partir, qu'il voulait rester avec elle pour toujours. Elle aurait aimé être dans ses bras pour toujours. C'était là qu'elle se sentait le mieux. C'était là qu'elle se sentait libre d'être elle-même.

Je t'aime, pensa-t-elle.

« Moi aussi. » lui souffla-t-il.

Il déposa un doux baiser sur son front avant de se défaire de leur étreinte. C'était l'heure pour eux de partir. On les attendait sur Hyacinthe, ils n'avaient plus de temps à perdre.

« Allons-y. » déclara la rouquine.

Son groupe la suivit. Ils avaient tous dû visionner une photo du lieu où il allait se téléporter. Ils arrivèrent dans une pièce d'accueil qui était évidemment blanche, comme tout le reste sur cette planète. Ils avaient eu pour consigne de ne pas bouger d'où ils étaient pour ne risquer de croiser personne qui n'était pas au courant de leur existence. «Le fantôme de Lidonna» était devenu une rumeur tenace mais personne n'avait su expliquer cette apparition qui avait été qualifiée d'hallucination collective.

« Est-ce que tout est aussi blanc partout ? s'étonna Firân.

— Oui, soupira Lidonna.

— Mais pourquoi ? C'est...

— Horrible. » compléta Rivel.

Les joues du Localisateur s'empourprèrent, Lidonna en était persuadée. Firân n'avait jamais été du genre timide... Était-il tombé sous le charme de l'Auditeur ? La rouquine l'espérait, les sentiments à sens unique n'étaient qu'une source de torture...

« Pourquoi tu me dévisages ? » s'étonna son ami.

Lidonna sortit de ses pensées en bégayant, légèrement honteuse...

« Tout est blanc parce qu'ils pensent que le blanc est la couleur de la pureté, répondit-elle alors.

— C'est ridicule, répliqua Cyn. Le blanc dévitalise.

— Je suis bien d'accord avec toi. » acquiesça la Luminaire.

La conversation se termina ici parce que le verrou de la porte se tourna et une personne à la peau lilas entra dans la pièce.

« Bienvenue chez nous ! » s'écria la femme en ouvrant les bras.

Son visage qui arborait un grand sourire sincère tourna immédiatement dans une stupeur profonde quand ses yeux marron se posèrent sur une jeune femme qu'elle connaissait bien.

« Lidonna... » souffla-t-elle un mélange de honte et de remords.

La jeune femme tressaillit en reconnaissant Nathalie, sa mère adoptive. La Kayolienne eut immédiatement envie de pleurer. Elle se sentit si petite. Elle était de retour un an en arrière, c'était comme si elle n'était jamais partie.

« Je... Je... suivez-moi, je vais vous menez aux appartements de l'organisation interplanétaire. Nous pourrons... discuter. »

Cette dernière phrase s'adressait personnellement à Lidonna, la jeune femme en était sûre. Sa mère hyacinthoise adoptive avait visiblement des explications à lui fournir. Nathalie savait donc d'où elle venait et qui elle était. Et s'il y avait une «organisation interplanétaire», elle n'était donc pas la seule à savoir. Pourquoi avaient-ils laissé sa vie être un enfer ? Pourquoi ne l'avaient-ils pas soulagé, ne serait-ce qu'un peu ? Ils avaient laissé une gamine se faire harceler par une population complète. Lidonna n'était pas un monstre... C'était eux.

Kilidohanas Tome 2 : Les Papillons [FIN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant