Kilidohanas Tome 2 : Les Papillons [FIN]

Chapitre 16 : accords désaccordés

Le Conseil se prenait la tête depuis plusieurs heures. Du moins ce qu'il en restait... Pour cette réunion, ils n'étaient plus que quatre. Quire se reposait. Méréla passait du temps avec son mari. Sam pleurait la mort de ses parents. Quant à Willôde et Keitel... Aujourd'hui, tout le monde savait ce qu'il leur était arrivé.

Rordian était las de l'insensibilité de ses parents. Sa mère venait de perdre sa sœur mais elle semblait à peine touchée. Pour elle, il était visiblement plus important de les remplacer au sein du Conseil plutôt que de laisser à tous le temps de faire leur deuil.

« Tu devrais être content, on propose que ta petite amie nous rejoigne ! soupira Careil. Tu es insupportable.

— Ils sont morts hier ! Pourquoi avoir cette discussion maintenant ! Une semaine, vous auriez pu attendre une semaine !

— Pour quoi faire ? Nous n'avons même pas les corps pour pratiquer la Disparition. Les Ombres ne vont pas attendre pendant une semaine que nous fassions notre deuil ! C'est ça être chef Rordian. Prendre des décisions nécessaires même si ces dernières sont difficiles !

— On se débrouille sans eux depuis des semaines, on peut prendre des décisions sans les remplacer...

— De toute façon pourquoi prendre une décision sans Sam et Quire alors qu'eux ne sont pas morts ? » ajouta Xander.

Rordian n'attendit pas la réponse de ses parents. Le débat était stérile, il ne mènerait à rien. Alors il préféra partir. Peut-être n'était-il pas prêt à être un chef. Pourtant il était presque sûr que remplacer son oncle et sa tante maintenant n'était réellement pas une bonne idée. Quand il vit que les Papillons qu'il croisa avaient tous le cœur lourd, il se conforta dans l'idée qu'il avait raison.

Pour l'instant il n'avait qu'une envie, c'était passer du temps avec ceux qu'il aimait. Firân, Lidonna, Sam, Isis... Depuis qu'il avait ramené Lidonna la veille, il était resté à l'infirmerie pour être soigné. Firân était venu le voir pendant qu'il rendant visite à sa sœur. L'état de l'Empathe ne s'améliorait pas, bien au contraire. Elle allait de plus en plus mal et rien n'avait pour l'instant réussi à la guérir.

Il n'osait pas aller voir son cousin ni même sa petite amie. Il ne voulait pas les déranger et paraître imposant. Il se décida à aller voir sa sœur. Il n'avait pas eu l'occasion de passer beaucoup de temps avec elle depuis qu'elle était revenue d'Hyacinthe. Il avait toujours du mal à digérer ce que leurs parents lui avait fait : l'obliger à utiliser son pouvoir de Métamorphose, et à rester pendant plusieurs années sur une autre planète, tout souvenirs bloqués, dans l'unique but de la protéger de lui.

Il la rejoignit dans sa chambre. Quand il entra, elle se jeta sur lui pour l'enlacer.

« Comment tu te sens ? » lui demanda-t-elle immédiatement.

Il se contenta d'hausser les épaules. C'était la meilleure description qu'il pouvait faire de son état.

« Je tiens comme je peux. Je veux détruire les Ombres plus que jamais.

— C'est toujours plus dur quand on s'attaque aux gens qu'on aime.

— Comment tu vas toi ?

— Je suis triste. Mais tu sais, mes souvenirs et mes émotions d'avant sont toujours un peu flous. Et quand bien même, je n'avais pas eu de contact avec eux depuis plus de cinq ans. Alors moi ça va.

— Je n'en reviens toujours pas de ce qu'on fait les parents.

— Ils sont devenus monstrueux à la mort de Bénile. Moi ça ne m'étonne qu'à moitié.

— Mais ça ne te fout pas la rage ?

— A quoi bon ? C'est arrivé on ne peut pas le changer. Je ne veux pas passer le temps qu'il me reste à user mon énergie pour les détester. Je préfère être heureuse qu'en colère. C'est ma meilleure vengeance.