𝑰𝑪𝑬 𝑷𝑹𝑰𝑵𝑪𝑬 | ˢᵘᶰᵍʲᵃᵏᵉ [Hiatus]

1.

     Sunghoon, il ne sait pas.

     Il ne sait pas s'il est trop tôt ou pas assez tard. Il ne sait pas s'il fait trop clair pour que ça soit encore la nuit, ou s'il fait trop sombre pour que ça soit encore le jour. Il ne sait pas l'heure qu'il est. Il ne sait pas s'il a dormi, ne serait-ce qu'une petite heure.
Il ne sait pas. Pourquoi il ne reconnaît pas le ciel, pourquoi il ne reconnaît pas l'endroit. Pourquoi il est suspendu entre le jour et la nuit. Il ne sait pas tout ça, ça ne lui dit rien.

     Sunghoon, il est perdu. Perdu dans ses songes qui ont du mal à disparaître, dans ses draps qui le noient, dans ses pensées qui s'embrouillent, qui s'emmêlent.

     Je suis où ?

     Il est quelle heure ?

     Il est beau ce nuage, il ressemble à un ange.

     Sunghoon, il a du mal.

     Du mal à capter, à comprendre. À se rendre compte de ce qui l'entoure, ce qui se trouve juste à côté. À se réveiller, sortir de l'étreinte chaleureuse de Morphée.

— Sunghoon !

     Bruyante .

     Cette voix est bruyante pour son esprit qui se réveille à peine, son esprit qui ne comprend pas encore tout ce qui se passe. Mais tout en lui n'émerge pas en même temps, c'est désordonné, ça ne se synchronise pas, c'est pour ça qu'il a du mal.

— Sunghoon ! Réveille toi mec !

     Sunghoon il ne sait pas où il est ni quelle heure il est. Il ne voit pas qui l'appelle, il est perdu dans un dédale de draps trop blancs, trop grands. Et puis de toute façon, même sans tous ses draps il ne verrait pas qui l'appelle. Il est allongé sur le ventre. Mais il est perdu, alors il s'en est pas encore rendu compte.

     Il bat des paupières. Un rayon de lumière, ça se dessine sous ses orbes caramels. C'est léger, c'est beau, ça lui rappelle le soleil.

     Alors c'est le matin ? Si y'a le soleil, c'est qu'on est le matin, non ?

— Suuuunghooooon ! Debout imbécile !

     Lorsque des mains lui agrippent les chevilles, Sunghoon sursaute. Frissonne. Et en quelques secondes, ses yeux s'écarquillent. Il vient de comprendre. Mais trop tard.

     Son cri n'a même pas le temps de franchir la barrière de ses lèvres qu'il se retrouve au sol. Lamentablement échoué sur le parquet qu'il ne croit pas connaître, en boule dans les couvertures qu'il a entrainé dans sa chute. Les genoux douloureux et la tête lourde.

— On se réveille Aurore, pas le temps d'attendre le prince charmant !

     Sunghoon, il sait maintenant.
Il sait que le soleil a succédé à la lune. Il sait qu'il a dormi plus d'une heure. Par contre, pour l'heure, il est pas sûr.

     Mais il sait pourquoi il ne reconnaît pas le ciel, pourquoi il ne reconnaît pas l'endroit. Il sait tout ça, c'est revenu. Les rêves ont disparu, les draps le noient toujours, mais ses pensées sont démêlées.
Ça y est, il a capté, il a compris. Il est réveillé. Et il a mal aux genoux.

     Mais le plus important, il reconnaît cette voix dont il entend même le sourire. Il connaît cette personne qu'il a tant envie de tuer. Là, maintenant. Tout de suite.

— Mais alors toi, t'es sacrément con ma parole.

     Sunghoon, il a du mal le matin, surtout pour parler. Alors souvent, il dit des choses pas très compréhensibles, des choses un peu bancales, qui tiennent pas vraiment la route. Mais ça lui arrive, certains jours, de rivaliser avec quelques grands poètes dès le matin. Et en général, c'est lorsqu'on le réveille.