𝑰𝑪𝑬 𝑷𝑹𝑰𝑵𝑪𝑬 | ˢᵘᶰᵍʲᵃᵏᵉ [Hiatus]

19.

     Depuis deux jours, Sunghoon n'a pas quitté son appartement. Depuis deux longues journées, le brun n'a pas passé une seule fois le seuil de sa porte. Deux jours. C'est long deux jours, c'est plus que le temps qu'il faut pour passer d'une année à l'autre. C'est long deux jours, sauf quand la rentrée se profile dans à peine une poignée d'autres journées. Sauf quand on passe son temps à parler avec ses amis, ou ce garçon qu'un simple café a rapproché. Ce garçon que Sunghoon croit, pense, est même persuadé d'aimer.

— T'es mordu mon gars, on peut plus rien pour toi.

Tournant pensivement sur la chaise de son bureau, Sunghoon sort de sa torpeur quand la voix amusée de Sunoo résonne dans la pièce. En vérité, il parle depuis un moment, mais le plus âgé vient seulement de le remarquer. Il avait décroché. Et Sunoo s'en était amusé un moment, avant de finalement le rappeler à l'ordre.

— Gaeul t'as mordu et on n'y peut rien pour le toit ? Sunghoon hausse un sourcil, perdu. C'est pas ça que t'as dis hein ?

— Effectivement.

Sunoo s'esclaffe, jette le premier oreiller qui lui tombe sous la main dans la tête de son meilleur ami, sourit. Dans ses yeux dansent les couleurs de l'après-midi, le coton du ciel, blanc, bleu, gris. Ça le fait marrer de voir Sunghoon ainsi perdu dans ses pensées. Pas que ne pas être écouté mais plutôt relayé au rang de plante verte lui fasse plaisir, non, mais Sunghoon est rarement aussi paumé. La dernière fois remonte au collège, Sunghoon s'était étalé de tout son long en loupant une marche dans les escaliers, trop occupé à ressasser le râteau que lui avait mis une certaine Chaewon pour regarder où il allait. A l'époque Sunoo s'était bien moqué aussi, ce n'est pas tous les jours que son meilleur ami à l'esprit aussi embrumé. Ce n'est pas non plus tous les jours que son meilleur ami est amoureux. Et la dernière fois remonte au collège, une certaine Chaewon. Peut-être que ce râteau l'a traumatisé, mais toujours est-il que Sunghoon n'est jamais tombé amoureux par la suite. Et pourtant ça en fait des années qui se sont écoulées depuis qu'il s'est mangé ses escaliers.

— Eh mais, Sunoo tique face au regard songeur de son meilleur ami. Vous vous êtes pécho ?

Pris de court, Sunghoon manque de s'étouffer. Dans sa tête se joue un spectacle inédit, entre l'ouragan et le tsunami, et le tact flagrant de son ami semble avoir amplifié ces catastrophes naturelles intérieures.

— Une gamine de 12 ans à pris possession de toi ? s'inquiète faussement le brun en reprenant contenance.

— C'est méchant pour les gamines de 12 ans ça, rétorque Sunoo sans se départir de son sourire espiègle. Mais allez, raconte tout à ton meilleur ami. Rapprochement ou pas rapprochement ?

Amusé, Sunghoon secoue doucement la tête. Dans son esprit se joue cette fin d'après-midi d'il y a quelques jours. Le bruit de la pluie sur les vitres, le reflet du soleil un peu discret dans la pièce, la chaleur de l'endroit. Le sourire de Jake, ses cheveux encore un peu humide, ses grands yeux. Un peu paniqués sur les bords, presque comme s'il redoutait quelque chose. Une lueur d'innocence, cette même lueur qui a fait craquer Sunghoon. Puis la sensation de ses mains sur les maigres centimètres de peau apparente, la sensation de ses lèvres sur les siennes. Celle de redécouvrir ce qu'est un baiser, redécouvrir ce que c'est, de découvrir l'autre.

Sunoo ricane, sortant son meilleur ami de sa torpeur, une fois encore. Cette fois-ci Sunghoon se joint à lui, conscient de son moment d'absence.

— Ton regard suggère que j'ai raison, reprend Sunoo en souriant. J'en conclus donc, que j'ai raison.

Le plus âgé ne répond rien. Quel intérêt ? Nier serait peine perdue, acquiescer une perte de temps. Sunoo l'a deviné - et ceux dès qu'il a débarqué chez son meilleur ami. Si ce n'est même depuis qu'il les a laissés seul sous la pluie, il y a deux jours de cela. Certes une affaire nécessitait son attention, mais caser ces deux amis sous le même parapluie faisait malgré tout partie de son plan. L'appel lui a simplement offert une bonne excuse, il a simplement sauté sur l'occasion.

Serrant contre lui l'oreiller que Sunghoon lui a renvoyé, le plus jeune croise les jambes. En tailleur sur le lit de son ami, un oreiller entre les bras, Sunoo perd son visage dans la douce chaleur qu'il étreint comme un doudou, ses mèches brunes tombant devant ses yeux à demi-clos. De loin Sunghoon soupire, le couinement de sa chaise plus toute neuve indique qu'il s'est levé. Et le patineur vient s'étaler de tout son long aux côtés de son meilleur ami. Dans un énième soupir. Depuis deux jours, Sunghoon n'a pas quitté son appartement. L'envie de voir autre chose que son plafond ne s'est pas pointée, alors il a passé deux jours à fixer la surface blanche au-dessus de lui. Mais aujourd'hui ça le tracasse, de ne pas être sorti. D'avoir ressasser cette journée ainsi que sa conversation avec Heeseung au lieu de sortir de chez lui. Mais il faut dire qu'il s'en pose des questions depuis deux jours, entre ses rêveries et ses plaintes.

— Sunoo, commence gravement Sunghoon, les yeux rivés sur un point invisible.

Le plus jeune relève la tête, yeux grands ouverts et visage tourné vers son ami pour le distinguer correctement. Les traits fins de Sunghoon sont tirés, ses sourcils froncés : il a l'air en plein débat intérieur. Un débat qui semble houleux. Un débat qui intrigue autant qu'il inquiète Sunoo. Alors lorsque le plus petit l'incite à continuer d'un hochement de tête, Sunghoon prend une grande inspiration.

Une seconde passe.

Deux.

Dix.

Une minute, puis deux.

Et merde.

Sunghoon est sur le point de soupirer une énième fois sans terminer que Sunoo se redresse, le visage peint d'une détermination mêlé à de l'exaspération. Un mélange que Sunghoon comprend, malgré qu'il rechigne à l'accepter. Impassible, Sunoo se penche et tend la main vers le bureau, saisit le téléphone de son ami. En à peine quelques secondes, le plus âgé saisit où il veut en venir, mais à peine a-t-il le temps de réagir qu'une première sonnerie se fait entendre.

— Tu l'as appelé, grogne Sunghoon sur le ton de l'évidence. Pourquoi tu l'as appelé ? Attends quoi ?

Son air de garnement ayant repris place sur ses traits enfantins, Sunoo glisse le téléphone dans les mains de son ami resté coi, activant prestement le haut-parleur alors même qu'une voix répond enfin.

— Allô ?

L'air affolé, Sunghoon lance un regard à son meilleur ami. Paniqué, il bégaye des syllabes, émet des sons sous le ricanement discret de son meilleur ami et le silence de Jake, qui ne saisit pas ce qu'il se passe. C'est amusant, la manière dont Sunghoon perd ses moyens tandis que Sunoo se moque allègrement de lui, fier de sa connerie. Le plus âgé l'a comparé à une enfant de douze ans, et actuellement, Sunoo agit un peu comme tel. L'air surexcité alors que son ami parvient enfin à articuler un bonjour au barista qui ne comprend toujours pas.

— Jake, je- je passe te chercher après ton service, lâche Sunghoon dans un élan d'idiotie. Je peux ?

°°°

ce chapitre est d'une qualité de type vrm médiocre en plus d'être très en retard
bon, pour finir la fic d'ici avril jss mal barré...
mais !! j'y travaille, je le jure 

il se peut que je réécrive ce chapitre bientôt d'ailleurs, car pour l'instant il me convient mais ça risque de changer assez vite (il et vrm pas ouf en vrai) mais bref

en attendant les chapitres qui sortent au compte-goutte (sorry) je peux seulement vous dire qu'ils arriveront bien un jour et qu'en attendant, bah prenez soin de vous

ciao !! <3