(2) Chapitre 7

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Dire que le silence dans lequel je me trouve actuellement est de plomb aurait été un euphémisme. L'air me parait si lourd que je peine à respirer, et mon cœur bat si vite qu'il me donne l'impression de jaillir de ma poitrine. Aveuglée par la pièce immaculée, je ne distingue plus grand chose. Je suis assise sur cette chaise de métal depuis maintenant une bonne dizaine de minutes, de plus en plus gelée, car le peu de chaleur qui circule dans les couloirs n'a pas pu traverser ces épais murs. Et j'attends.

J'attends, sans bouger, sans même penser, puisque les seules idées que je pourrais éventuellement formuler ne sont que stress et anxiété. Je sais que de l'autre côté du miroir sans teint qui me fait face, les Invisibles se préparent. Ils ont surement rabaissé leur capuche, dévoilant leurs traits aux autres membres. Mais pour ma part, je ne peux qu'observer mon propre reflet.

Lorsque Ruy avait gardé le silence, après lui avoir dévoilé que je ne possédais pas de talent, j'avais craint le pire. Il aurait pu directement me renvoyer chez moi, sans plus d'explications. Au lieu de ça, il m'avait simplement demandé d'attendre dans cette fichue salle, le temps d'aller chercher quelqu'un.

Ils vont débloquer mon talent. Par la force. Ce qui veut dire que s'il ne se passe rien, je resterai sans talent à jamais. Mais dans le cas contraire, qui sait ce qui pourrait arriver ? Je pourrais me retrouver Pyrokinésiste ! J'ai donc toutes les raisons du monde de m'inquiéter...

D'un seul coup, toutes les lumières qui m'éblouissait de leur lumière blanche s'éteignent. Un noir complet s'installe, si dense que je m'y perds moi même. Incapable de distinguer mes mains, ni mes pieds d'ailleurs, j'ai l'étrange impression de tomber en chute libre. Dans un élan ridicule, je me cramponne à ma chaise de toute mes forces. C'est alors qu'une ombre glacée pénètre dans mon crâne.

Un grand frisson me submerge, tandis que des milliers d'aiguilles semblent vouloir me déchirer le cerveau, laissant derrière elles un sillon encore plus noir que celui qui m'entour. Il est entré dans ma tête.

C'est la seule pensé que j'arrive encore à formuler, sans même savoir de qui je parle, avant que les aiguilles ne se changent en lames. La douleur devient intolérable, comme si on m'arrachait des lambeaux entier de peau, directement depuis mon cerveau. Une réelle douleur ; une douleur physique, et non mentale... Du moins je crois. Je sens peu à peu ma conscience s'éteindre, ne pouvant faire face à la souffrance. La chaise qui me soutenait semble avoir disparue, et l'impression de chuter est encore plus forte, mais cette fois, je n'ai plus la force de m'accrocher. Je tombe.

Au plus bas de ma conscience.

Plus une lumière, plus un soupir, plus aucun gestes chaleureux. Je suis seule, sans aide.

Et je tombe.

Toujours plus bas.

Je ne sais plus qui je suis. Ce que je fais là. Ni pourquoi je tombe.

Mais j'entends pourtant un bruit régulier, extrêmement fort, qui semble résonner dans tout mon corps. Je vibre de cette cadence, sans même savoir d'où elle provient. Je m'y raccroche comme à un dernier espoir. Mon cœur. Voilà ce qui pulse sous ma chair avec une telle violence.

Puis un son étouffé vient se mêler aux battements réguliers. Je réalise alors que je suis en train de pleurer, mes larmes glissants lentement le long de mes joues, avant d'aller s'écraser sur le sol.

Le sol est là. Je ne tombe plus.

Tout me revient peu à peu. Mes souvenirs affluent dans mon esprit, ainsi qu'une nouvelle impression : loin derrière la brume de mes pensées, quelque chose semble être apparu ; mais je ne parviens pas à comprendre quoi. J'essaie d'ouvrir les yeux, sans y parvenir. Mes paupières semble peser plusieurs kilos, comme tout le reste de mon corps, à vrai dire. Du bout du pied, je parviens à toucher le carrelage, que je suppose encore caché dans l'obscurité. Puis au prix d'un ultime effort, je soulève enfin mes paupières.

Comme je le pensais, les lumières ne se sont pas rallumées. La salle me paraît pourtant bien plus grande que tout à l'heure, même si je ne peux pas en voir les murs. L'obscurité me paraît elle aussi plus dense, plus brumeuse. Du revers de la main, j'essuie les larmes qui perlent aux coins de mes yeux.
- C'est fini ? lancé-je d'une voix que j'espérai claire, mais qui se trouve être plutôt chevrotante.

Ma question est accueillie par le silence. Évidemment.

- Eh oh ! dis-je plus fort, en espérant cette fois recevoir une réponse.

Je me fige un instant, guettant le moindre bruit. Mais rien. J'hésite alors à me lever, mais l'on m'a ordonné de ne pas bouger avant d'en avoir l'autorisation. La chaise grince lorsque je m'y réinstalle ; puis le bruit de mes doigts pianotant sur la plaque de métal envahit la petite pièce. Combien de temps suis-je supposée attendre ? Une heure ? Deux ? Je n'en sais rien. Je ne sais même pas combien de temps à durer ma "chute".

N'y tenant plus, je décide d'enfin me lever. Le sang afflue d'un seul coup dans mes jambes, me causant une douleur aiguë au crâne. Je me prends la tête entre les mains en poussant un gémissement plaintif, tout en essayant de garder l'équilibre.

Je ne vois le sol qu'au moment où ma tête le heurte violemment. Dans une dernière plainte, j'appelle faiblement de l'aide.

Puis le noir.

Je la sens, cette étrange impression de puissance. Cette chose qui s'est logée dans mon esprit, qui pulse lentement comme un deuxième cœur, est puissante. Elle se répand dans mon corps, se dirige vers mes mains, jusqu'à s'ancrer dans chacune de mes paumes. Puis elle remonte le long de mes doigts, que je sens désormais brûlants. Bouillants. Elle s'empare de tout mon être, sans que je puisse résister. Elle devient moi ; je deviens elle. Je me sens soudain comme enrobée dans une épaisse couche de matière, une sorte de cocon incroyablement confortable que je ne veux plus quitter. Je m'y sens si bien... Qu'importe les Invisibles et leur envie de rendre le monde juste. Qu'importe le Conseil et leurs lois ridicules. Qu'importe Foxfire et ces cours sans importance. Qu'importe le monde. Je m'en éloigne si vite, coupée de la réalité, lorsque la brume de mon esprit se déchire pour laisser apparaître le visage d'une fille blonde, le nez parsemé de taches de rousseurs très claires, les yeux bleus océans remplis de vie. Je dois rester pour elle. Ou plutôt, je dois revenir.

La bulle explose, faisant jaillir des étincelles et des morceaux de verres, qui viennent se déchirer à leur tour dans les abîmes. Une lumière violacée m'entour alors les doigts, et je La sens frémir. La puissance. Je hurle de douleur, tentant en vain de la contenir. Des bruits de voix affolées me parviennent par à coup, des cris, des ordres. Tous sont étouffés. Je sens mes yeux s'ouvrir tout seuls, comme poussés par une force extérieur.

Le monde apparaît dans un mélange de hurlement et de lumières, toujours teinté de cette couleur violette.

Puis tout devient clair. Tout explose de nouveau.

Si j'avais su que pendant ce temps je ne tombais pas... Si j'avais su que je volais...




Koukou ^^

Et voilà le chapitre 7 fini ! Un tonner d'applaudissements je vous pris ! (je m'enflamme peut-être un peu làààà)

Oui, je suis vivante... j'ai juste pris deux petites semaines de vacances ^^'

Mais j'étais en voyage, puis j'ai eu quelques... problèmes, on va dire. Mais en tout cas, j'espère que ce chapitre vous à quand même plu ! (l'action arrive, promis)

---> 1273 mots (le 19.01.19)

PS : Merci pour les 450 abonnés ! KEUR SUR VOUS

Bizou <3

Candesia

Kora - Fanfiction Gardiens des cités perduesWhere stories live. Discover now