Chapitre LXVIII

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Une famille, qui avait compris plutôt aisément que Morgan et Noah n'entretenaient pas une simple relation amicale. Ce fut Katerine qui surprit en premier les garçons en train de se bécoter entre la boulangerie et la charcuterie. Puis un soir qu'ils aidaient à étendre la lessive, Nonna laissa sous-entendre qu'elle était au courant. Morgan comprit que Giuseppe était lui aussi au courant lorsqu'au détour d'un repas, ce dernier lui glissa "discrètement" une boite de préservatif sous la table.

Si Morgan pensait ne jamais être aussi rouge que la fois où il avait avoué ses sentiments à Noah dans la salle d'art plastique, puis qu'il les avait renouvelé en début de vacances, ce n'était rien en comparaison des rougeurs qui lui étaient montées aux joues ce soir là ! Lorsque le rouquin l'avait appris, il avait été pris d'une grande crise de fou rire, qui avait d'autant plus gêné Morgan.

Comme quoi, les apparences étaient trompeuses : le vieil homme bourru n'était pas patriarcal, seulement réservé.

Le soleil se coucha et se leva ainsi, jusqu'au jour fatidique où Morgan jouerait son avenir à Gênes.

Noah s'était levé aux aurores, incapable de rester plus longtemps au lit. Il avait réfléchi des centaines, voire des milliers de fois au scénario des prochaines heures. Il accompagnerait Morgan en train, puis passerait sa journée à se balader dans Gênes. Il repairerait un bon restaurant, y dinerait le soir avec Morgan avant de se rendre tous les deux à l'hôtel qu'ils avaient réservé il y a quelques jours sur internet.

Et ce soir là, ils coucheraient enfin ensemble.

Les valises du couple étaient bouclées. Ce fut Katerine qui les emmena à la gare la plus proche, non sans donner un mal de transport atroce à Morgan.

-Faites bon voyage, leur dit-elle en les embrassant chacun sur une joue, gattino envoie-moi un message quand vous êtes arrivés ! In bocca al lupo Morgan, j'espère que tu réussiras ton concours.

-Crepi, répondit Morgan dont les expressions italiennes devenaient plus fluides.

Noah attrapa la valise de Morgan qu'il tira à sa suite.

-On va chercher notre place dans le train. Ciao zia !

-Ciao !

Le roux et le noiraud montèrent dans le train, trainant leurs valises derrière eux. Trouver leur place ne fut pas bien difficile, le train était plus vide que ce qu'ils n'avaient imaginé.

Noah s'assit à côté de la fenêtre, faisant céder Morgan à force de nombreux « s'il te plaît ».

-Tu pourras t'assoir là au retour, lui concéda le tacheté dont les yeux étaient déjà fixés à l'extérieur.

-C'est ce qu'ils disent tous...

Le train ne tarda pas à démarrer, les éloignant davantage de la France ainsi que de la famille de Noah. Les paysages défilaient, alternant villes et champs d'oliviers. Le nord de l'Italie n'était pas si dépaysant pour deux méditerranéens. Mais l'ambiance chaleureuse du pays était communicative, et les deux jeunes hommes ne détachaient plus leur regard du paysage.

C'est leurs mains jointes qu'ils admirèrent les champs d'oliviers et de lavandes laisser leur place à Genova, dense et prospère.

-Pas trop stressé ? Demanda Noah dont les mains commençaient à devenir moites.

-Moins que toi, s'amusa Morgan qui se pencha vers le tacheté, en fait je réalise pas vraiment ce que je vais faire.

Noah se tourna vers le plus grand. Il semblait en confiance et sûr de lui. Ce n'est pas comme s'il ne s'était jamais préparé à ce genre de situation, ni comme s'il n'avait pas le niveaux. Le tacheté le savait, Morgan avait toutes ses chances : il était talentueux. Pourtant, la boule d'angoisse ne voulait pas disparaître.

DAWN     「 BxB 」Where stories live. Discover now