Chapitre 34 : Compagnie

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Les jours suivants, Orthal retrouva son enthousiasme habituel et continua ses explorations journalières avec Sÿervik, laissant Ayden à ses occupations monotones. Il avait déjà fini de nettoyer et ranger la maison. Il avait jeté tous les aliments périmés et trié les livres de la bibliothèque par auteur et par genre. Il avait récolté assez de plantes pour préparer des dizaines de remèdes médicinaux. Il avait même trouvé trouvé quelques sac de graines dans la réserve et avait commencé à désherber le potager pour commencer des plantations. Quand on avait rien d'autre à faire, les tâches ménagères se faisaient vite, et il peinait à trouver autre chose à faire.

Il savait qu'il aurait pu demander à accompagner Orthal et Sÿervik dans leurs promenades, mais il n'osait pas. Après tout, les deux n'avaient jamais vu d'autres congénères de leur vie : il ne voulait pas gâcher ce moment si important, où sa simple présence en tant qu'humain ferait l'effet d'une écharde dérangeante. Il ne voulait pas qu'Orthal ne le voit comme quelqu'un d'envahissant.

Heureusement pour lui, Räeghan venait de plus en plus régulièrement. Bien que le jeune homme fasse toujours des commentaires bougons, comme quoi il était débordé par les affaires de son père et qu'il ne pourrait pas toujours venir le chouchouter, il semblait toujours trouver une excuse pour venir avoir une conversation avec lui. Au début, c'était des allers-retours justifiés pour lui apporter des premières nécessités, comme de la nourriture, des vêtements, des livres, ou bien pour lui demander des informations pour ses enquêtes, mais plus le temps passait, et plus les alibis de Räe étaient dilués dans des conversations de plus en plus conviviales, jusqu'à ne plus apparaître du tout.

Voir le blond s'habituer à sa présence ravissait Ayden : il avait enfin quelqu'un qui vivait la même chose que lui et qui comprenait tout ce qu'il avait enduré. Il ne pesait pas ses mots et disait tout ce qui lui passait par la tête. Ayden avait un sentiment de liberté en conversant avec lui : il n'avait pas à craindre de lui faire peur avec sa curiosité ou de dire quelque chose d'interdit. Il pouvait être lui-même avec lui, alors il n'hésitait pas.

— Donc, si je comprends bien, demanda Ayden en griffonnant dans son carnet. Ce sont les dragons qui nous permettent de vivre ces rêves lucides et de sentir des choses que les autres ne sentent pas...?

— Oui, répondit Räeghan en sirotant son thé. Plus précisément, c'est le lien entre toi et un dragon qui te le permet. En nouant nos... nos esprits et nos destins, les dragons nous offrent indirectement le pouvoir de leurs yeux et de leur cœur. Ces sensations se manifestent le plus souvent dans nos rêves, car c'est le moment où nous avons le moins de contrôle sur notre psyché et où l'idée de refouler instinctivement ce qui nous est inconnu est absente. Mais, comme tu as pu le constater, un peu d'entraînement peut nous permettre cela même quand on est éveillé.

— Mais pourquoi un dragon voudrait-il être lié à un humain? N'est-ce pas trop risqué?

— T'es vraiment pleins de questions... (Räe soupira, un sourire aux lèvres :) Comme tu as pu le remarquer, les dragonnets qui viennent de naître sont très fragiles : pas d'écailles, pas de vol, pas de feu. Pour s'assurer une meilleure chance de survie, ils s'attachent donc rapidement à la première chose vivante qu'ils voient et ne la quittent pas tant qu'ils se sentent trop faibles pour se débrouiller seuls. La plupart du temps, ils se lient à leurs parents, mais parfois, il se passe des petits... quiproquos. Pour Orthal, ce fut toi. Pour Sÿervik, ce fut moi. C'était qu'un simple coup du hasard, une erreur qui n'aurait jamais dû avoir lieu dans la nature.

— Je vois... tu sais vraiment énormément de choses...

— J'ai pas passé ces dernières années avec Sÿervik à chômer. On a passé des mois à chercher à comprendre la relation qui nous liait et tout ce qu'il se cachait derrière... mais c'est compliqué quand notre cas est unique au monde. (Le regard du blond se tourna vers lui, une étincelle espiègle dans ses iris noisettes :) Ou presque, maintenant.

Le Vœu du Dragon (LES ÉVEILLÉS - I)Where stories live. Discover now