Chapitre 22: Claustrophobie

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Point de vue Ysia.

03h27.

        Je sentais mon corps se laisser entrainer par le vent. Mes pieds se décollaient de ce pont maudit. J'étais inquiète. La mort m'a toujours effrayé. Mais une vie sans Soane à mes côtés était bien plus angoissante. Les secondes paraissaient comme l'éternité. Et alors que je sentais mon corps basculer, une main happa violemment mon poignet. La douleur me fit revenir à la réalité, et je fus projetée en arrière. Mon dos heurta brusquement le goudron du pont. 




" Putain mais t'es complètement folle ! "


        Zain m'avait retenu et ramené sur la terre ferme. Il était également par terre mais il se dressa bien vite sur ses pieds pour me réprimander. Il me criait dessus, sa voix se mélangeant aux exclamations de Tate. Et moi, je ne savais pas. Je ne savais pas ce qui se passait. Il y a une seconde, mon corps flottait au dessus de l'autoroute et je sentais déjà la mort me bercer dans ses bras, et maintenant j'étais allongée contre le sol gelé du pont duquel j'avais voulu sauter. Alors je me suis assise. En tailleur. Et j'ai pleuré. J'ai pleuré comme jamais. J'ai pleuré à m'en faire mal. Ma gorge était encombrée par des sanglots douloureux, et peu à peu, les reproches de mes amis ont cessé. Et ce n'est pas la mort qui m'a accueilli tendrement dans ses bras ce soir là, mais bien Tate et Zain. 



" Pourquoi t'as fait ça? susurra le métisse. "


        Je chialais. Je laissai le mal s'évaporer hors de moi. Je craquai. Littéralement. Et ils me serrèrent. Un peu plus. Comme pour m'empêcher de laisser des pensées noires assombrir ma vie déjà bien trop foncée pour une âme qui ne demande qu'à être colorée.



 Point de vue Soane.

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        Il a dû s'écouler plusieurs heures. Il m'a donné de l'eau tout à l'heure. Et j'ai eu l'occasion d'enfin prendre une douche. Bien sûr, il était là. Et quand la douche fut finie, j'ai été ré-expédiée dans la même pièce. Toujours aussi sombre. Et cette-fois, nue. Il est venu. De nombreuses fois. Se combler, sans penser qu'il me détruisait. 



Point de vue Ysia.

18h12.

        J'ai beaucoup réfléchi cette nuit. Pendant que Tate et Zain dormaient sur un petit matelas par terre, j'avais pensé. Enormément. Et je m'étais rappelée. Je m'étais souvenue qu'une fois, elle m'avait parlé d'une petite maison au bord d'une plage où elle était déjà allée avec Adriel. Alors j'ai fait quelques recherches. Les garçons somnolaient toujours au moment où j'ai fermé la porte derrière-moi, un gros sac sur le dos, et le lourd poids de mes erreurs sur mes épaules. J'ai pris le bus. C'était long, vous savez. Et puis je suis arrivée près de cette fameuse plage. J'ai marché, pendant une demie heure je pense. J'avais faim alors j'ai croqué dans une barre chocolatée, puis je l'ai placée dans ma poche. Je suis arrivée devant cette maison. Et les vagues avaient l'air de s'agiter, comme pour m'interdire d'entrer. Mais j'ai frappé. Mes phallanges ont cogné cette porte une fois, puis deux, et la troisième fois elles ont failli percuter un torse masculin.

Hunting me [en réécriture]Where stories live. Discover now