Chapitre deux : Eclipsis felicitatem

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« Mais tu sais quoi? Dire que tu es mon plus beau trésor, ça serait mentir, parce qu'un trésor c'est précieux, et toi tu l'es pas. Non. T'es pas précieux, t'es bien plus que ça, et t'es beaucoup plus que tous ces stéréotypes débiles qui nous obligent à nous gaver de bonheur jusqu'à en crever de pathétisme. »



Une semaine s'était écoulée depuis cette soirée. Et depuis, je tournais quelque peu en rond. Chaque matin, je recevais un nouvel indice. Chaque matin, sauf le dimanche. A croire que le Maitre du jeu voulait me laisser du répit, mais en vain. Je ne pouvais dormir. Et c'était mieux ainsi, car quand j'y arrivais enfin, je cauchemardais. Je me voyais, là, sur mon lit, entre les mains de cette personne qui me retirait mon rein, pleine de sang froid. Car oui, c'était mon rein qui m'avait été enlevé. Je l'avais deviné suite à un indice que j'avais reçu lundi matin : "νεφρό" qui signifie "rein" avait été inscrit sur une fine branche de chêne.

J'étais debout face à mon lit, les poings sur les hanches, à classer mes 9 indices dans leur ordre chronologique. Je me retrouvais alors avec :

- un caillou

- un message téléphonique

- une boite dorée

- un prénom illisible ornant le fond de cette fameuse boite

- une fine branche de bois

- un bout de verre d'une bouteille de Smirnoff

- un papier blanc froissé où était dessiné la moitié d'un ours

- un bout de tissu bordeaux déchiré

- un collier.


        Le collier était en effet l'indice que j'avais reçu ce matin. Il était simple, rouillé et assez vieux, mais il y demeurait un pendentif de forme circulaire avec des plumes et de la toile. Je grattais mon menton à l'aide de mon index puis décidais d'aller m'habiller. Ce collier m'intriguait, et j'avais l'intention de demander à un antiquaire son avis sur celui-ci. Après m'être préparée, je descendais discrètement les escaliers, en prenant soin de ne pas faire craquer les marches boisées. Je ne voulais nullement attirer l'attention de ma mère, elle me trouvait déjà assez bizarre comme ça depuis quelques temps. Je sortais de ma maison, jetant comme toujours un oeil à droite puis à gauche, dans l'idée complètement débile de me rassurer. Puis je commençais à marcher, le vent léger faisant voler les volants de ma jupe. Je descendais la rue pentue dans laquelle j'habitais, puis me dirigeais chez l'antiquaire le plus réputé de la ville. Le soleil chauffait alors que ce n'était que la fin de matinée. J'accélérai le pas pour me rendre au plus vite là-bas; mes jambes commençaient à fatiguer. J'arrivais devant un petit commerce à l'enseigne vieillotte mais plutôt attrayante, et je me glissais à l'intérieur. Une petit cloche retentit quand je poussais la porte. 



J'arrive ! annonça la voix chaleureuse d'un homme.



        Je m'approchais alors doucement du comptoir, laissant mes yeux se balader dans la pièce et humant la magnifique odeur des objets présents ici qui entrait dans mes narines. J'aurais pu rester des heures à détailler chacun des objets anciens et pleins d'histoire de cet endroit, mais un petit monsieur au teint rouge vint me réveiller de par son sourire accueillant.



Mademoiselle, je vous écoute, disait-il tout sourire.

Hunting me [en réécriture]Where stories live. Discover now