S4 - Chapitre final : Funeral

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(((NOTE DE L'AUTEURE : n'hésitez pas à activer la vidéo afin de lire le chapitre en écoutant la musique))).


Le silence m'a toujours terriblement angoissé. Cela me forçait à me confronter avec mes pensées, à les écouter, les décortiquer, les répéter. Sans arrêt. Mais ce jour là, bien qu'il fut silencieux, je ne pus penser. J'étais une simple spectatrice.



Je ne pouvais qu'observer les traits tirés des personnes présentes à mon enterrement. Tous vêtus de noir, les yeux rougis par l'effet que leur provoquait mon absence.




J'avais quitté ce Monde brutalement. Silencieusement. Le silence. Encore lui, tiens. Des complications pendant l'opération consistant à prélever mon rein m'avait mené ici. Je m'étais endormie paisiblement, et jamais plus je ne me réveillerais.



Je ne pourrais plus sentir la chaleur du soleil caresser ma peau les matins d'été, ni l'odeur des marrons chauds que j'aimais tant dévorer durant l'hiver. Je ne sentirais plus jamais mon coeur s'épuiser à aimer.



Soane, encore engourdie par la greffe qu'elle avait dû subir, avait tout de même tenu à venir. Elle était vêtue d'une robe noire qui contrastait avec la pâleur de sa peau que j'avais, tant de fois, couvert de baisers fiévreux dans nos nuits échaudées.



Tate portait un noeud papillon, lui qui avait toujours détesté ça. Il portait encore de nombreux hématomes au visage dont il avait hérité durant son altercation avec Adriel. Heureusement, Zain avait prévenu la police de ses intentions. Il avait passé la nuit en garde-à-vue, et ce n'était que le lendemain qu'il avait apprit mon décès. Aucun mot ne s'était échappé de ses lèvres depuis ce moment.



Zain avait apporté un magnifique bouquet de roses pâles. Mes préférées. Il s'en était toujours souvenu, et avait l'habitude de m'en offrir à chaque occasion. C'était sûrement la dernière.



La cérémonie avait commencé. Elle se déroulait dehors, sous le grand soleil de cette journée qui s'efforçait de paraitre heureuse. Mais personne ne souriait. Personne ne pleurait. Le prêtre avait terminé son discours quand Tate se leva. Il se mit face à mes proches, sortit une lettre qui semblait avoir été déchirée auparavant de ses poches et racla sa gorge.



" Je sais qu'Ysia n'aurait pas souhaité que quelqu'un prenne la parole, commençât-il, la voix tremblante. Mais j'en ai besoin. J'ai besoin de te le dire une dernière fois. "



Sa voix s'était affaiblie à la fin de sa phrase. Ses mots semblaient s'étouffer dans sa gorge serrée, et je pouvais entendre sa respiration saccadée s'intensifier à chaque seconde. Il fixait sa lettre puis la mit en boule. Soane affichait un air interloqué.



" J'ai... J'ai pas besoin de ça. J'avais écrit cette lettre en pensant que ça sera toi qui la lirait, et ça me fait mal de savoir que, non, jamais tes beaux yeux ne se poseront sur celle-ci. Ils ne me regarderont plus jamais, et je ne pourrais plus admirer l'éclat de leur couleur émeraude qui m'a toujours passionné. Je ne pourrais plus te sentir dans mes bras, te serrer fort pour recoller les morceaux de ton coeur qui a tant de fois été brisé. "

Hunting me [en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant