Tout ira bien [une fanfiction maraudeurs]

Chapitre 8

Plus tôt dans la soirée, alors que les réjouissances venaient seulement de commencer, le groupe se sépara naturellement autour du feu, se regroupant par affinité ou par hasard, tout simplement.

Étonnement -ou pas, c'était sûrement fait exprès par leurs amis-, Lily et James se retrouvèrent tous les deux. Un peu gênés, ils se regardèrent en silence, avant que Lily ne prenne la parole :

- Tes vacances se sont bien passées, alors ?

- Comme je l'ai dit, très ennuyeuses sans vous, répondit-il en pensant « sans toi ».

- Vraiment ? J'ai du mal à t'imaginer t'ennuyer.

- Et pourtant. Ça arrive même aux meilleurs, tu sais.

Ils laissèrent passer un silence.

- Mais quand je t'écrivais, ça allait mieux.

La jeune fille rougit brutalement, et changea de sujet pour dissiper son trouble.

- Oh, d'ailleurs, je ne t'ai pas félicité en vrai pour ta nomination. James Potter, Préfet-en-Chef, qui l'aurait cru ?

- Pas grand-monde, c'est sûr, rétorqua-t-il. Et pourtant, here we are !

Elle rit un peu, de l'absurdité de la situation. Pas que James soit Préfet-en-Chef, ça elle avait eu le temps de s'y faire, mais plutôt de leur gêne mutuelle pour discuter, alors que dans les lettres, c'était si facile et si fluide. Leur relation redevenait un peu inconfortable, comme s'il n'était pas normal et naturel de discuter posément après tant d'années d'affrontement. Et en effet, ça ne l'était pas.

- Et toi, c'est allé ? Avec ta soeur ?

- Elle n'est plus à la maison, maintenant. Elle a finalement emménagé avec son fiancé.

- Ah oui, se souvint James. Comment s'appelle-t-il, déjà ? Cursly ? Bardey ?

- Dursley, dit-elle. Vernon Dursley.

- C'est ça. Il n'a pas changé depuis que tu l'as rencontré pour la première fois, n'est-ce pas ?

Lily lui avait longuement décrit le dîner où elle l'avait vue, la nervosité de Petunia et l'orgueil de Vernon qui l'empêchait de voir plus loin que le bout de son nez.

- Je ne crois pas, soupira-t-elle. Enfin, si Tunie est heureuse, c'est tout ce qui m'importe...

- Et elle l'est ?

- Pas quand elle est avec moi, en tout cas, répondit Lily, amère.

Sirius n'était pas le seul à avoir des problèmes de famille, loin de là. Les liens du sang apportaient toujours ce mélange de complexité et d'intensité qui rendait le tout si difficile à démêler, que l'on soit sorcier ou non.

- Ce n'est pas ta faute, Lily.

- Si, ça l'est.

- Bien sûr que non. Tu n'as pas choisi d'être une sorcière, pas plus que ta soeur a choisi d'être une moldue, et si elle ne comprend pas ça, c'est qu'elle aurait bien besoin d'une petit potion pour ouvrir les yeux.

- Ne dis pas ça, James. Je comprends que ça soit dur, pour elle, de me voir faire de la magie alors qu'elle en est incapable.

- Oui, mais il y a plein de familles où ça se passe bien. Et encore une fois, aucune de vous deux n'est responsable de cette situation, alors si Petunia a envie de croire que tu es la méchante de l'histoire, libre à elle, mais tu ne dois pas te sentir coupable.

Lily regarda James, sincèrement reconnaissante pour ces mots. Ses amies ne comprenaient pas vraiment le problème, et elle était un peu gênée de les embêter avec ça, le seul avec qui elle en avait réellement déjà parlé étant Severus. Il avait dans la forme un discours similaire à celui de James, mais qui dans le fond était très différent. Le serpentard lui conseillait d'oublier sa soeur, puisqu'elle était une sorcière, elle lui était donc supérieure et ne devrait pas se préoccuper des avis d'insignifiants moldus. Lily avait fini par penser que n'ayant jamais vraiment eu de famille digne de ce nom, Severus n'arrivait pas à comprendre les liens tellement uniques qui existaient entre les personnes qui partageaient le même sang. Évidemment, ça ne voulait rien dire, Lily était bien placée pour le savoir, elle qui s'était trouvée une nouvelle famille à Poudlard, mais la famille ne faisait pas pour autant partie de ces choses que l'on peut balayer d'un revers de main. Et ça, James Potter le comprenait très bien.