Chapitre 15

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Sur leur chemin pour se rendre en cours de Potions, les maraudeurs passèrent devant le couloir qu'ils savaient mener à la salle commune des Serpentards, pour y avoir posé quelques bombabouses à l'occasion. Au même moment, Regulus apparut devant eux, sortant très probablement de sa salle commune. Il était accompagné de deux amis, qui n'avaient pas l'air aussi idiots que la plupart des Serpentards, de l'avis de James. Et de sa part, c'était un sacré compliment.

Sirius se figea comme une biche prise dans les phares d'une voiture. Quel tour voulait ici lui jouer le destin ? Sa famille entière qui le poursuivait le jour de son anniversaire, voilà ce dont il n'avait pas besoin. Il se reprit bien vite, baissa la tête et s'apprêta à continuer son chemin, comme à chaque fois qu'il croisait son frère. Qui es-tu ? Tu m'es familier, et pourtant il y a longtemps que je ne te connais plus. S'il n'avait pas détourné le regard, il aurait vu que Regulus s'était arrêté lui aussi, et hésitait. Il adressa deux mots à ses amis qui hochèrent la tête et partirent sans lui. James, qui lui n'avait pas baissé les yeux, retint fermement Sirius par le bras.

- Parle lui, Pads. Il le mérite, et toi aussi.

Remus le poussa gentiment, gardant sa main un peu trop longtemps sur son épaule, à la manière d'une caresse. Peter hocha la tête en signe d'encouragement.

Ils sont mignons, mais ils sont idiots, pensa Sirius. Remplis de bonnes intentions, mais ils ne comprennent rien. Comment ne peuvent-ils pas voir que tout est déjà brisé en tellement de morceaux ? Comment peuvent-ils encore penser qu'il y a une chance de réparer les choses ? Les bouts de leur coeur en morceaux, tranchants comme du verre, flottaient entre Sirius et Regulus. Aucun des deux n'osait s'avancer, sachant que les éclats les blesseraient de toute façon. Quel interêt alors ? On se fait du mal consciemment, mais qu'est-ce qu'on espère ?

Ils auraient probablement renoncés si Regulus, dans un sursaut de courage ou d'affection ou de détermination, n'avait pas lancé quelques mots dans l'air.

- Joyeux anniversaire.

Une perche tendue. Rien de plus facile et innocent. Et pourtant, rien que de tendre la main, paraissait insurmontable à Sirius. Il regarda Regulus, ce gamin qu'il avait laissé là-bas, après tout ce qu'ils y avaient déjà vécu, et tout ce qu'il y vivrait encore, mais tout seul cette fois. Et Sirius se sentit coupable, coupable, coupable. Un Gryffondor, lui ? Il était le plus lâche d'entre tous. Il avait abandonné son petit frère.

- Merci, répondit-il simplement.

Parce qu'il ne savait pas quoi dire d'autre. Y avait-il vraiment eu un temps où la discussion était facile, où on n'avait pas peur de trébucher à chaque mot ? Où ils étaient simplement frères ? Peut-être que ses souvenirs n'étaient qu'un rêve. Qui aurait pu le dire ?

- Papa et maman...

- Je ne veux pas savoir, le coupa brusquement Sirius.

Regulus eut l'air blessé.

- J'allais dire que papa et maman voulaient que je te transmette un message, mais je ne compte pas le faire. Ils n'ont qu'à t'envoyer une chouette s'ils veulent te parler, comme tout le monde.

Sirius sentit son coeur saigner à flots. Oh, petit frère, je la vois, ta rébellion à toi. Je vois tous les gestes du quotidien qui constituent tes défenses. Toujours dans l'ombre, discrètement, tu ne fais jamais de bruit, mais tu résistes. Le problème avec les gens silencieux, c'est qu'au moment où ils en ont besoin, ils découvrent parfois qu'ils ne savent plus crier.

- Peut-être parce qu'ils savent que je brûle toutes les lettres sans les lire.

- Vraiment ?

Sirius haussa les épaules d'un air désinvolte. Je suis le grand ici, rien ne me touche. Regarde, je maitrise la situation, je n'ai jamais été en danger. Maintenant, laisse-moi te protéger.

Tout ira bien [une fanfiction maraudeurs]Where stories live. Discover now