Chapitre 17

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- Cette année, la pleine lune tombe le 25 décembre.

L'annonce reçut un silence affligé en guise de réponse. Les maraudeurs avaient depuis longtemps pris l'habitude de noter les pleines lunes dans leurs calendriers, mais aucun d'eux n'avaient voulu le rappeler cette fois-ci.

- Merci, Pete. J'avais déjà un profond manque de motivation pour ce devoir de Potions, mais alors là... soupira Remus.

- Désolé.

- Non, c'est moi qui suis désolé, ce n'est pas de ta faute.

- Oui, c'est de la faute de personne, mais ça reste écoeurant, lâcha Sirius.

Il avait l'air en colère. Plus que d'habitude, du moins. En colère contre l'univers et les étoiles qui n'avaient apparemment pas pu résister à ce dernier doigt d'honneur levé bien haut, pour s'assurer qu'ils n'oublient pas qu'ils n'en sortiraient jamais. Le dernier Noël à Poudlard sous forme de loup-garou. Tout de même, c'était particulièrement amer.

- Je... hésita Peter.

Il avait cet air étrange, innocent et embarrassé, qui le faisait parfois sentir un peu à l'écart des Maraudeurs. Comme si lui ne pouvait autant qu'eux le faisaient, qu'il butait toujours un peu au moment de franchir la limite.

- Je ne pourrais pas être là, Remus. Je suis vraiment désolé. Mes parents m'ont répété plusieurs fois qu'ils voulaient qu'on soit en famille ce Noël, et je crois que je ne vais pas pouvoir y couper. Je...

- Je comprends très bien, le coupa Remus en lui adressant un sourire las, celui qui a connu tant de déceptions qu'une de plus ou de moins ne lui fait plus rien. Il n'y a aucun problème, c'est juste normal que ta famille veuille te retrouver.

- Oui, mais quand même, je veux dire...

Au cours des années, les maraudeurs s'étaient toujours arrangés pour rester à Poudlard quand les pleines lunes tombaient pendant les vacances, quitte à annuler ce qu'ils avaient prévu. Ça rentrait dans le pacte tacite qu'ils avaient scellés en devenant des Animagus : tout pour Remus. Tout. On sera tout ce que la vie a toujours refusé de lui donner.

- Je t'assure qu'il n'y a aucun problème, Pete, vraiment. Je t'interdis de te sentir coupable à cause de ça. C'est moi qui me sens coupable, quand vous restez pendant les vacances juste pour moi. Je me sentirai beaucoup mieux en te sachant avec ta famille.

Peter afficha un sourire timide, se sentant un peu pardonné. James avait suivi la discussion avec beaucoup d'attention, sous couvert de sa nonchalance habituelle. Sirius à côté, faisait mine de rédiger un essai pour McGonagall, mais il n'avait pas écrit un mot depuis bien longtemps et les taches d'encre qui maculaient ses doigts et la table témoignaient de son agitation. Remus eut une impression soudaine, diffuse, quelque chose allait se passer. Et quand Sirius releva la tête, Remus capta ses yeux sombres comme pour lui donner un avertissement. Le jeune homme détourna le regard, mordilla son pouce, changea de position dans son fauteuil, replongea sa plume inutile dans l'encre, jeta un regard à James puis à Peter. Remus avait l'impression d'assister à l'explosion d'une bombe à retardement. Encore une fois. Le jeune homme le connaissait par coeur, et pouvait presque prédire le moment où tout allait déborder de Sirius, incapable d'en retenir plus longtemps.

Il l'observa, impuissant, comme on regarde les nuages approcher, menaçants. Tout le corps de Sirius était pris dans la nervosité, ses doigts s'agitant sans cesse, ses cheveux suivant les oscillations effrénées de sa tête, sa jambe tressautant comme une sauterelle. Lorsqu'il était comme ça, il pouvait contaminer une pièce entière sans même s'en rendre compte. Il créait une atmosphère, exactement comme l'électricité qui règne dans l'air avant que le premier coup de tonnerre ne résonne. Ces moments d'attente étaient terribles : on a tous envie d'y mettre fin, sans trop savoir comment s'y prendre pour limiter les dégâts ensuite. Remus contemplait cela, ses grands yeux écarquillés, immobile devant la tempête. Il se demanda vaguement s'il ne devait pas déclencher le processus, pour que ça s'arrête. Comme un détonateur.

Tout ira bien [une fanfiction maraudeurs]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant