L'art dans la peau - [Tome 4] La musique dans l'âme

Chapitre 4 :

{ Quatre ans plus tard }

Quand je me réveille, je réalise que j'ai un peu dormi. J'espère qu'on ne voit pas mes cernes. Ça donnerait une mauvaise image de moi. Je tourne la tête et je pose ma main sur la place à côté de moi mais il n'y a personne. Je me redresse et je pose ma tête entre mes mains en soupirant. Je ne m'y ferai jamais, c'est sûr. Je me lève, prêt à commencer ma journée. Je m'habille rapidement et je m'apprête à sortir quand je vois ma guitare. Je pense à la prendre mais je sais que je n'aurais pas la force de jouer. Je ne peux plus jouer pour le plaisir, je n'y arrive plus. Je touche à ma guitare seulement quand je suis sur scène ou alors quand je révise et que je cherche les mélodies.

Secouant la tête, je sors de l'appartement en claquant la porte très violemment. Je fais un tour dans Paris même si j'en connais tous les recoins vu que je vis ici depuis très longtemps. Je passe devant la place Montmartre et les souvenirs resurgissent. Quand Eva a joué dans un film, quand nous avons avoué notre amour, quand nous avons profité ensemble... Ces moments me manquent tellement. Ils étaient magnifiques. J'espère en vivre d'autres si possible... Je m'installe à une table dans un café et je demande au serveur une boisson. Je passe une main dans mes cheveux et j'observe les clients grignoter un encas et discuter avec leur amis. Je me sens soudainement seul. Le serveur arrive vers moi et pose un café sur ma table et je le remercie. Je lui donne un billet. Il s'éloigne et va s'occuper de ses autres clients. Je bois une gorgée de mon café.

Soudain, mon téléphone sonne et le prénom de ma mère s'affiche. Non, pas maintenant. Je ne suis pas d'humeur. Mais comme cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas parlés, je décroche.
 
— Salut, mon chéri ! Comment ça va depuis le temps ?
 
J'essaye de lui répondre avec toute la joie que j'ai mais quand je commence à parler, ma voix se brise.
 
— Salut, dis-je.
 
Aussitôt, ma mère s'inquiète.
 
— Liam... tout va bien ?
 
Je me mords la lèvre et j'essaye de ne pas penser à ce qu'il s'est passé.
 
— Pourquoi tu m'appelles ?
 
J'essaye d'être gentil, calme mais je parais agressif et je le regrette. Ma mère semble gênée et vexée. Pourquoi est-ce que je réagis comme ça ?
 
— Je voulais juste prendre de tes nouvelles, mon chéri...
 
Je soupire.
 
— Excuse-moi, je suis épuisé. Mes soirées sont énormément remplies, tu comprends...
 
Ma mère semble avoir perdu sa mauvaise humeur.
 
— Mais oui, j'en suis sûre que tu es devenu le musicien le plus célèbre de tout Paris ! s'exclame-t-elle.
 
Je ris faiblement.
 
— Oui, c'est ça.
 
— Tu sais, ça fait plusieurs années que tu es parti et ça fait toujours bizarre de voir la maison vide sans mes trois enfants. Vous me manquez. Tu sais qu'Anna est partie et qu'elle travaille dans une école de peinture. Je l'ai eu il n'y a pas longtemps au téléphone, et elle m'a dit que ça se passait très bien. Maëlys est à l'école de danse, elle s'est fait des amies à l'internat et malgré le fait que ce soit épuisant par moment, elle adore danser. Elle est heureuse d'avoir réussi à passer l'épreuve, elle qui était très stressée.
 
Je ne réponds pas. Mes sœurs ont accompli leur rêve. Je suis heureux pour elles. Mais cela ne me fait que rappeler mon échec. J'ai beau jouer dans un bar, je sens qu'il va bientôt faire faillite, j'ai beau avoir une petite-amie, elle ne l'est plus. J'ai l'impression d'avoir tout perdu.
 
— Eva va bien ? Vous devez vous amuser. Je suis contente pour vous. Vous avez créé votre groupe, comme vous le vouliez.
 
Je cligne des yeux sentant les larmes me monter aux yeux. Je ne sais pas comment elle va. Elle n'est plus là. J'ignore où elle est.
 
— Elle va très bien. C'est super. Je suis très heureux qu'elle soit là avec moi, nous avons un bel avenir, je réponds.
 
— Et tu le mérites, Liam. Tu le mérites très fort.
 
Je souris.
 
— Je vais faire un tour avec Nathan, je te laisse. Profite bien et dis bonjour à Eva de ma part.
 
— Je le ferai.
 
Ensuite, je raccroche. Je commence à pleurer. Ça m'a fait mal de mentir mais je ne peux pas lui dire la vérité. Elle serait tellement déçue.