Chapitre 10 :

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Dylan vient me chercher dans les coulisses. Je suis en train de répéter mes accords quand il me demande de le suivre. J'accepte avec plaisir et il me conduit dehors devant le bâtiment. La fameuse enseigne qui décore le bar est allumée et brille de plusieurs couleurs. Je souris. Enfin, Dylan l'a réparé. Je suis soulagé, il va commencer à s'occuper du confort de ses clients. Mais mon sourire disparaît quand l'enseigne s'éteint. Dylan soupire, visiblement gêné.
 
— Normalement, cela devrait fonctionner. Il doit y avoir un problème d'électricité... commence-t-il.
 
Puis la lumière est de retour mais tout de suite après, elle disparaît à nouveau et l'enseigne se décroche et tombe sur le sol. Je sursaute, surpris. Dylan se mord la lèvre, ne sachant pas quoi dire. Je ferme les yeux, agacé. C'est quoi cette malchance ? Qu'est-ce que j'ai fait pour ne pas mériter le bonheur ? Qu'est-ce que j'ai fait ?
 
— Est-ce que tu peux m'aider à la déplacer ? Je vais finir par la jeter.
 
Dylan rit faiblement. Je vois à son visage qu'il est triste et déçu. Je le comprends. Sa vie ne se passe pas comme il l'avait prévu. Et la mienne aussi. Je refuse d'aider Dylan et je rentre dans le bar, en colère. Il me fixe, surpris et m'interpelle. Je claque la porte brusquement et je me dirige vers la scène. Esteban, le serveur, me demande ce qu'il se passe. Je lui explique que l'enseigne est tombée et qu'il a besoin d'aide pour la déplacer. Esteban me demande pourquoi je ne suis pas resté avec lui. Comme réponse, je lui lance un regard noir et celui-ci sort du bar pour aider son ami. Je me réfugie dans les coulisses et je m'assois sur le sol. La colère, la tristesse m'envahissent de partout. Je n'en peux plus de cette vie. J'essaye de trouver le positif mais je ne vois rien ! Je ne vois pas comment est-ce que je pourrais être de nouveau heureux. Comment trouver le bonheur quand tu as l'impression que ta vie est un échec ? Je me redresse et je prends ma guitare. J'ai les mains qui tremblent alors je la pose et j'essaye de me calmer. Je ne dois pas craquer. Pas maintenant. Je ne peux pas m'effondrer maintenant.
 
Des voix me parviennent à l'intérieur du bar. Dylan et Esteban rentrent et Dylan le remercie pour son aide. Je me frotte les yeux, épuisé. Je devrais m'excuser mais je n'en ai pas la force. J'entends des pas s'approcher de moi.
 
— Liam... tu peux te préparer. Tu vas pouvoir commencer à jouer, sois prêt.
 
Je suis sur le sol, j'ai la tête baissée. Mes genoux sont ramenés vers moi et j'ai l'impression d'être un enfant qui aurait fait une bêtise. Dylan s'accroupit et pose sa main sur mon épaule.
 
— D'accord ? Sois prêt à jouer. Les clients ne vont pas tarder à arriver.
 
— Je crois que je n'en ai pas envie, je murmure.
 
— Quoi ? s'exclame Dylan.
 
J'ignore s'il est surpris ou s'il n'a pas entendu ma réponse. Je relève la tête.
 
— Non, rien. Je vais me préparer, dis-je.
 
Mon ami acquiesce, hésitant. Puis il descend de la scène et va accueillir ses clients. Je me lève et je prends ma guitare. Je me concentre et j'attends dans les coulisses. Quand Dylan annonce mon prénom, je sors de ma cachette et je me dirige vers la lumière. Alors, je me concentre et je joue.

~

Je prends une gorgée de ma boisson. Esteban me félicite encore pour avoir si bien joué. Je hausse les épaules, j'ai l'impression d'avoir raté des notes et de n'avoir pas avoir chanté très fort. Mais Esteban me rassure encore et encore et dit que j'ai tort. Je ne le crois pas. J'observe les quelques personnes assises, écouter la musique qui passe à travers les deux enceintes. Dylan va voir ses clients et demandent si ils s'amusent et si ils vont bien. Je suis tellement obnubilé par la musique que je ne remarque pas la fille assise à côté de moi. Elle me tapote l'épaule.
 
— Salut, dit-elle.
 
— Salut.
 
— Tu as vraiment bien joué.
 
Elle sourit. Je ne me sens pas à l'aise. Elle se redresse et pose sa main sur la mienne.
 
— Où est-ce que tu trouves l'inspiration pour tes chansons ? me demande-t-elle.
 
Je retire ma main, gêné.
 
— Je ne sais pas trop...
 
— Allez, tu dois bien avoir une idée..
 
Je hausse les épaules.
 
— Les idées surgissent au hasard dans mes pensées. Je m'inspire de la vie réelle, de mes expériences ou alors de ma propre imagination.
 
Elle acquiesce et rapproche son fauteuil du mien. Je comprends ce qu'elle veut. Mais je ne suis pas de son avis. J'aime quelqu'un d'autre. Et surtout, je ne suis pas prêt à m'engager dans une nouvelle relation amoureuse alors que je suis encore hanté par le fantôme d'Eva. Tant que je n'aurais pas oublié notre histoire, je ne pourrais jamais avancer.
 
— Tu as beaucoup de talent. Tu sais, j'admire énormément les musiciens.
 
J'acquiesce. Qu'est-ce que je peux répondre à ça ? Je ne sais plus comment me comporter avec les femmes. Surtout avec celles qui veulent quelque chose. Alors, la seule solution que je trouve à faire, c'est de partir d'ici comme un lâche. Je ne suis pas prêt à donner mon cœur à quelqu'un d'autre et je ne pense pas qu'un jour, je le pourrais. Mon cœur est tellement brisé qu'il n'en reste que des morceaux.

~

Quand j'arrive devant chez moi, j'aperçois une enveloppe sur le bas de la porte. Mon cœur bat à tout rompre. Qu'est-ce que ça peut être ? Pourquoi quelqu'un a déposé une lettre pour moi ? J'entre à l'intérieur et je m'assois sur le canapé, l'enveloppe dans la main. Je l'ouvre et je trouve un paquet de plusieurs billets. Choqué, je le laisse tomber et après avoir repris mes esprits, je le récupère, les mains tremblantes. Il y en a assez pour plusieurs mois. Je n'arrive pas à y croire. Je jette un œil à l'enveloppe et je reconnais l'écriture de mon prénom. Je reconnais cette magnifique plume.

L'art dans la peau - [Tome 4] La musique dans l'âmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant