L'art dans la peau - [Tome 4] La musique dans l'âme

Chapitre 37 :

Eva serre sa valise dans sa main droite. Je ne sais pas quoi faire. J'ai l'impression de revenir au point de départ sauf que là, je suis avec elle à l'aéroport. Je l'accompagne. La dernière fois, je l'ai laissé partir. Alors qu'elle m'a demandé de venir la chercher. J'ai eu peur. J'ai eu peur de la décevoir à nouveau et que notre rêve ne tienne plus longtemps. J'ai eu peur de vivre dans la misère avec elle sachant qu'elle ne le mérite pas. Elle méritait un bel avenir et elle l'a eu. Avec ou sans moi. J'ai été lâche. Je l'ai abandonné alors qu'elle m'avait demandé de la rattraper. Je ne me le pardonnerai jamais. J'ai fait une erreur et je le regrette. J'aurais dû penser à elle et pas à ma célébrité. J'aurais pu la rattraper mais la peur me paralysait sur place, et le choc de réaliser qu'elle avait pu être capable de faire ça aussi. Où est-ce que nous en serions si j'avais été là pour elle ? Où est-ce que nous en serions si je l'avais rattrapé juste avant qu'elle parte ? Je n'en ai aucune idée. Ce sont des questions qui resterons sans réponses malheureusement. Nous ne pouvons pas changer le passé ni refaire le monde avec des « si » alors j'essaye de me focaliser sur le présent. Je ne peux pas changer le passé mais je peux faire en sorte que l'avenir soit meilleur. Pour nous deux.
 
— Ça y est. C'est le départ, dit Eva.
 
Je fixe ma petite-amie et j'essaye de garder un souvenir d'elle, de garder son visage dans mes mémoires. Je ne sais pas quoi faire. Je lui fais un câlin, un baiser d'adieu et je lui dis qu'on se reverra bientôt ? Non, j'aurais l'impression de mentir.
 
— Tu restes là-bas combien de temps ? je demande.
 
Eva place une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
 
— Le tournage d'un film dure un an, répond-elle.
 
J'acquiesce. Je vais devoir encore attendre pendant une année. Encore.
 
— Tu reviendras ?
 
— Oui... si tu le veux, dit-elle en baissant les yeux.
 
Je m'approche d'elle et je la force à lever la tête vers moi.
 
— Hé... bien sûr que je le veux. Je le veux tellement.
 
Elle sourit faiblement et me fait un câlin. Je la serre dans mes bras et j'inspire son odeur. Elle va me manquer.
 
— Je t'aime, murmure Eva.
 
— Je t'aime aussi.
 
Elle recule quand son avion est annoncé dans les hauts parleurs.
 
— Je dois y aller.
 
J'acquiesce. J'ai l'impression que ce vide qui s'était comblé va disparaître à nouveau. Je vais me retrouver seul. Je ne sais pas si je tiendrais encore une fois. Encore une année.
 
— Au revoir...
 
Eva s'éloigne, les larmes aux yeux. Elle s'engage dans la file et me regarde partir. Je m'éloigne et je sens les larmes me monter à la gorge. Je sors de l'aéroport et le soleil commence à se lever. Ses rayons ne me réchauffent pas. J'ai l'impression que tous mes membres sont glacés car le soleil de ma vie n'est plus là. Non,, elle ne peut pas partir. Pas une nouvelle fois. Je ne peux pas la laisser faire. Je ne peux pas refaire la même erreur. Je sais que je veux être avec elle, je l'aime. Alors qu'est-ce qui me retient ?
 
Rempli d'un sentiment plein d'espoir, je me retourne et je me mets à courir. Je cours vers Eva, vers ma vie, mon avenir.