Chapitre 25 : La vérité au gré des souvenirs.

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Harry ne voyait pas le corps de Percy, caché par sa famille qui l'entourait. Mrs Weasley, affalée sur la poitrine de son fils, tremblait de tout son corps. Mr Weasley lui caressait les cheveux, le visage inondé de larmes. Sans dire un mot à Harry, Kiara et Hermione s'éloignèrent.

Harry vit Hermione s'avancer vers Ginny, dont le visage était tuméfié, marbré, et la serrer contre elle. Ron rejoignit Bill, Fleur et Charlie qui lui passa un bras autour des épaules. Tandis que Ginny, Kiara et Hermione s'approchaient du reste de la famille, Harry eut une vision claire des corps allongés à côté de Percy : Maugrey, Tonks, pâles, immobiles, le visage paisible, semblaient endormis sous le ciel nocturne du plafond ensorcelé.

Reculant d'un pas chancelant, Harry eut l'impression que la Grande Salle s'envolait, rapetissait, se ratatinait. Il n'arrivait plus à respirer. Il ne pouvait supporter de contempler les autres corps, de voir ceux qui étaient morts pour lui. Il ne pouvait supporter l'idée de rejoindre les Weasley, de les regarder dans les yeux, alors que s'il s'était rendu dès le début, Percy ne serait peut-être pas mort...

Il se détourna et monta quatre à quatre les marches de l'escalier de marbre. Maugrey, Tonks... Son seul désir aurait été de ne plus rien ressentir... Il aurait voulu s'arracher le cœur, les entrailles tout ce qui criait en lui... Le château était entièrement vide. Même les fantômes semblaient s'être joints à la veillée collective dans la Grande Salle. Harry courut sans s'arrêter, la main crispée sur la flasque de cristal contenant les larmes de Rogue et ne ralentit l'allure que lorsqu'il arriva devant la gargouille de pierre qui gardait le bureau du directeur.

- Mot de passe ?

- Dumbledore ! Répondit Harry sans réfléchir, car c'était lui qu'il désirait voir plus que tout.

À sa grande surprise, la gargouille s'écarta, révélant l'escalier en colimaçon qui se trouvait derrière, mais quand il fit irruption dans le bureau circulaire, Harry constata un changement. Les tableaux accrochés aux murs étaient tous vides. Pas un seul portrait de directeur ou de directrice n'était resté dans son cadre. Apparemment, ils avaient filé vers les autres tableaux alignés dans le château pour pouvoir suivre de près les événements.

La Pensine de pierre se trouvait dans l'armoire où elle avait toujours été rangée. Harry la souleva, la posa sur le bureau et versa les souvenirs de Rogue dans la large bassine aux bords graves de runes. Fuir dans la tête de quelqu'un d'autre serait un soulagement, une bénédiction... Rien, même si c'était Rogue qui le lui avait laissé, ne pouvait être pire que ses propres pensées. Les souvenirs d'un blanc argenté se mirent à tournoyer, et sans hésiter, avec un sentiment d'abandon dénué de toute prudence, comme si cela allait apaiser le chagrin qui le torturait, Harry plongea.

De son côté, Kiara avait laissé les Weasley en famille pour aller retrouver Sirius qui était en compagnie de Remus. Quand il aperçut Kiara, Sirius se leva d'un bond et la serra fort contre lui.

- Kiara ! J'étais inquiet de ne pas te voir. Ou étais-tu ?

- Voldemort a tenté de tuer Severus. Nous l'avons ramené à Pomfresh.

- Comment il va ? Demanda Remus

- Il est en mauvais état. Nagini l'a mordu.

Sirius prit de nouveau Kiara dans ses bras en signe de réconfort.

- Ne t'en fais pas, il va survivre.

- Je ne pourrai pas vivre sans lui Sirius.

- S'il ose t'abandonner, c'est moi qui l'achèverais. Répondit Sirius en souriant.

Kiara sourit devant le réconfort maladroit de Sirius.

- Merci papa. Répondit-elle en se blottissent dans les bras de son père.

Sirius regarda Remus surpris que Kiara l'appelle ainsi. Remus lui fit un sourire approbateur. Il serra Kiara plus fort contre lui, heureux.

- Il faut que j'aille le rejoindre. Dit Kiara en relâchant son étreinte.

- Vas-y ma belle. On se retrouve après. Répondit Sirius.

Elle courut jusqu'à l'infirmerie installée provisoirement dans une petite pièce, près de la grande salle. Madame Pomfresh s'affairait au chevet de Severus, toujours inconscient.

- Comment va-t-il ? Demanda Kiara en prenant la main de Severus dans la sienne.

- Et bien, Miss Granger a fait des miracles. Sans son intervention, Severus ne serait plus parmi nous. Mais son état est stable. Il va s'en sortir. Répondit PomPom en soutenant son regard sur les mains enlacés de Severus et Kiara.

- Merci. Souffla Kiara en guise de remerciements.

- Je ne sais pas ce qu'il se passe entre vous et Severus, Miss, mais il vous a réclamé plus d'une fois dans son inconscience. Fit remarquer l'infirmière, attendant une réponse.

- Severus et moi, c'est une longue histoire. Mais je crains de ne pas avoir le temps de vous en dire plus. Prenez soin de lui s'il vous plait. Il faut que j'y retourne. Nous n'avons pas encore gagné.

- Ne vous en faites pas trop pour lui, c'est un homme fort. Soyez prudente Miss. Kiara fit un signe de tête à l'infirmière et retourna dans la grande salle.

Dans le bureau de Dumbledore, enfin Harry venait d'apprendre la vérité. Allongé à plat ventre, le visage contre le tapis poussiéreux du bureau où il avait autrefois cru apprendre les secrets de la victoire, Harry avait finalement compris qu'il n'était pas censé survivre. Sa tache consistait à marcher calmement vers les bras accueillants de la mort. L'issue devait être claire et nette, le travail qui aurait dû être accompli à Godric's Hollow serait terminé : Ni l'un, ni l'autre ne pourrait survivre. Il se leva. Son cœur bondissait contre ses côtes à la manière d'un oiseau prit de panique. Harry ne regarda pas en arrière lorsqu'il referma la porte du bureau.

Le château était vide. En le parcourant seul, il avait l'impression d'être un fantôme, comme s'il était déjà mort. Les portraits étaient toujours absents de leurs cadres. Il régnait autour lui une immobilité sinistre, inquiétante, comme si les derniers restes de vie s'étaient concentrés dans la Grande Salle, où se serraient ceux qui pleuraient les morts. Il prit la direction de la forêt, sans même se retourner. Au milieu de la clairière brûlait un feu dont la lueur vacillante éclairait une foule de Mangemorts attentifs et totalement silencieux. Certains étaient encore masqués et encapuchonnés. Harry reconnu Rowle, grand et blond, qui tamponnait sa lèvre ensanglantée. Il vit Narcissa Malefoy, dont les yeux caves exprimaient une profonde peur,

silencieuse.

- Je pensais qu'il viendrait. Dit Voldemort de sa voix claire et aiguë, les yeux fixés sur les flammes qui dansait devant lui. Je m'attendais à ce qu'il se montre.

Personne ne parla. Tous semblaient aussi effrayés que Harry, dont le cœur se jetait à présent contre ses côtes comme s'il avait décidé de quitter son corps avant que lui-même ne l'abandonne. Harry avait les mains moites, il ne voulait pas avoir la tentation de combattre.

- Il semble que je me sois trompé. Dit Voldemort.

- Non, vous ne vous êtes pas trompé.

Harry avait parlé d'une voix aussi sonore que possible, avec toute la force dont il était capable. Il ne voulait pas laisser penser qu'il avait peur.

La Pierre de Résurrection glissa de ses doigts engourdis. À cet instant, plus personne ne comptait pour lui en dehors de Voldemort. Ce dernier s'était figé sur place, mais ses yeux rouges s'étaient posés sur Harry et le regardaient fixement pendant qu'il marchait vers lui. Il n'y avait plus entre eux, que le feu qui brûlait. Voldemort avait levé sa baguette. Harry soutenait le regard de ses yeux rouges. Il vit alors la bouche du mage noir remuer, puis il y eut un éclair de lumière vert et tout disparut.

Kiara toujours au château, avait rejoint les autres. Aidant comme elle pouvait à réunir les corps avec Neville et mettre les blessés à l'abri. Harry avait disparu et Hermione et Ron ne cessaient de faire les cent pas en attendant un signe du survivant.

Aime MoiWhere stories live. Discover now