Les flammes du destin T1 - La Découverte

5. Enquêter

Je me retourne d'un coup et je sursaute en tombant sur Esteban. Punaise, il m'a fait peur !

-Je te fais peur à ce point ? s'étonne-t-il.

Je souris presque rassurée de le voir, lui, au lieu d'un homme habillé en noirs. 

Ceux qui ont tué mes parents. Ceux qui me cherchent. Et ceux que je haïs le plus. 

Je reprends ma respiration pour chasser mes mauvaises pensées et me concentre sur lui.

-Désolée, ce n'est pas ta faute, dis-je.

Je regarde alors mon téléphone en me rappelant de cette affreuse voix masculine et j'observe mon entourage afin de me rassurer. À part quelques élèves sur le campus et Esteban qui est face à moi, il n'y a rien à signaler. D'ailleurs celui-ci semble perdu en me regardant puisqu'il fronce les sourcils et me fait un signe de la main comme pour me ramener à la réalité.

-Allô la Terre. J'appelle Luna. Tout le monde t'embête, c'est ça ?

Je le regarde, surprise d'entendre ces mots, tandis qu'il me sourit timidement. 

On dirait ceux d'un ami inquiet pour moi. Un ami...

Je repense alors à toutes mes déceptions amicales et je ressens un nœud se former dans ma gorge.

-Écoute Esteban, je...tu n'es pas obligé de rester avec moi par pitié, dis-je d'un coup.

Il me regarde d'un coup, étonné, et il en fait même tomber son sac par terre.

-Luna, je ne sais pas pourquoi tu es si froide mais si je reste avec toi, c'est parce que j'en ai envie. Et pour moi, tu ne fais aucunement pitié. Ce que je souhaiterais, c'est qu'on devienne amis, c'est tout, dit-il gêné.

C'est plutôt mignon dit comme ça. Et puis peut-être devrais-je lui laisser une chance ? Après tout, il a l'air différent des autres.

-Et donc tu as séché les cours pour moi, c'est gentil, dis-je amusée.

Il rigole et sort de son sac un emploi du temps pour me le montrer. Je remarque alors vite qu'il n'a pas cours l'après-midi contrairement à moi.

-Je ne sèche pas MOI, m'assure-t-il.

-C'est vrai mais là je t'avoue que ce n'est pas ma journée, dis-je en soupirant.

Il range son carnet dans son sac de cours et le met sur son épaule

-Tu veux aller faire un tour ? J'ai tout mon temps.

Je réfléchis un instant à sa proposition et je me remémore à nouveau l'appel que je venais d'avoir. Il faut que j'en parle à la police.

-J'aimerais aller au commissariat de la ville.

-C'est un drôle de lieu pour se promener, dit-il étonné, mais c'est d'accord. Je t'emmène ?

-Oui, merci.

-Pas de quoi.

On s'éloigne du lycée en s'accordant un sourire puis on se dirige vers le parking du lycée. On monte dans sa voiture bleu foncé et il me conduit au commissariat de la ville comme je lui avais demandé auparavant. L'ambiance, elle, reste silencieuse.

En même temps, qu'est-ce que je peux lui dire ? Que des hommes sont à ma recherche et qu'ils veulent me tuer ? C'est impossible que je lui en parle alors que l'on vient à peine de se connaître. Bon sang, quel enfer !

Je me focalise sur le paysage qui défile sous mes yeux et écoute la musique qu'Esteban vient de mettre. 

M'évader loin de la réalité. Tout abandonner et tout reconstruire serait si simple. Et pourtant, je sais très bien que c'est impossible.