10. Mauvaise ambiance

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Un rayon de lumière m'aveugle tandis que j'ouvre mes yeux avec difficulté. Je me tourne vers ma gauche pour calmer la douleur qui est encore présente.

Du parquet ? Mais il n'y a pas de parquet dans la cabane. Où suis-je ?

J'observe devant moi une table de nuit en bois, un bureau et une armoire blanche. Le mur face à moi est bleu canard contrairement aux autres murs qui sont blancs.

Je me lève soudainement en comprenant que je suis dans une chambre qui m'est totalement inconnue et je me précipite vers la porte.

Non ! Non, pitié ! Pas encore ! Je ne veux pas être kidnappée à nouveau ! Non !

Je descends les escaliers en bois sans me soucier du bruit que je ne fais ou même de la douleur qui m'assaille et j'atteins la porte d'entrée. Prise de panique, j'essaye tant bien que mal de l'ouvrir. Vite ! Vite ! Ils vont me trouver !

-Luna ?

Je m'arrête et je me tourne haletante en reconnaissant sa voix. Il me regarde d'un air interrogateur tandis que mon cœur lui essaye de reprendre un rythme normal.

-Où suis-je ?

-Chez Maria et Will. Tu t'es endormie sur le palier de la porte donc on a préféré t'installer dans la chambre d'amis. Je suis désolé, je ne voulais pas te faire paniquer.

Je lâche la poignée de la porte auquel j'étais encore accroché puis je regarde mon tatouage comme un réflexe.

Alors ce n'était donc pas un rêve ? Le prof, mes parents, les tatouages...Tout est vrai.

Je me mords la lèvre et plaque ma main contre ma tête. Cette fois-ci, ma main n'est pas rouge. Le professeur ne dit rien mais je remarque bien qu'il n'est pas à l'aise.

Tiens, il n'est pas habillé comme à son habitude. Pourtant, on n'est pas le week-end, non ? Pourquoi il est là ?

-Vous n'avez pas cours ?

-J'ai pris ma matinée, ne t'en fais pas.

-Pourquoi ?

Il ne cache pas sa surprise mais il me répond tout de même.

-Pour t'aider. Maintenant que tu sais la vérité, je préférais au moins être avec toi pour aujourd'hui. Je voulais éviter ce genre de situation, dit-il en pointant la porte du doigt.

Je me tais et je le vois partir vers la cuisine.

-Installe-toi. Tu as besoin de repos, me dit-il.

Je me dirige vers le salon et je ne peux m'empêcher de penser qu'il est trop gentil avec moi. Il m'a sauvé la vie deux fois et maintenant il fait attention à mon état de santé alors qu'il ne devrait pas.

-Vous n'avez pas besoin de vous inquiéter autant pour une élève monsieur. Vous êtes professeur je vous rappelle, pas nounou, lâché-je d'un coup.

Je finis tout juste de m'exprimer que j'entends un bruit de verre se briser dans la cuisine. Curieuse et inquiète, je m'avance vers la cuisine. Des morceaux de verre venant sans doute d'un saladier sont éparpillés sur le sol de la cuisine. Le prof, lui, ramasse les bouts de verre avec mal puisque ses doigts tremblent.

Merde, c'est ma faute ? Je ne voulais pas le mettre dans cet état.

Je ne réfléchis pas et m'accroupis pour l'aider à ramasser les bouts de verre.

-Merde, je suis désolée...c'est juste que c'est compliqué à comprendre et que je n'arrive toujours pas à...

Il m'affiche un sourire et enlève d'autres morceaux avant de les jeter dans la poubelle. J'ai bien remarqué qu'il s'est coupé la main à cause d'un des morceaux mais il agit comme si de rien était.

-Je te comprends Luna, tu ne me dois rien. Je reste ton professeur, tu as raison.

Bizarrement l'entendre de cette façon me fait immédiatement regretter ce que je lui ai dit. Il l'a dit d'une manière si triste et si faible que je comprends instantanément que je l'ai blessé. Je jette les restes sans rien dire.

En même temps, que pouvais-je lui dire ? Après tout, ce que j'ai dit est véridique. Entre un prof et une élève cela reste impossible comme terrain d'entente.

-Vous...commencé-je en me tournant vers lui.

Il est dos à moi et coupe des tomates sans se soucier de moi. Sa main droite saigne mais il continue de couper les tomates. Il ne faut pas être un génie pour savoir qu'une entaille à la main est dérangeante pour cuisiner.

-Ce n'est pas vrai, soupiré-je.

Je soupire, saisit une feuille de sopalin et tape sur son épaule. Il s'arrête en me regardant et je lui enlève le couteau de sa main pour plaquer la feuille contre sa blessure. C'est profond !

-Ce n'est pas bien de tout prendre sur soi, vous savez ?

Il sourit, amusé de ma remarque, et il pose sa main contre la mienne pour stopper mon acte.

-C'est plutôt moi qui devrais te dire ça, c'est moi le prof.

-Peut-être mais en attendant, ce n'est pas moi qui me suis coupée et qui agit comme de si de rien était, dis-je avec un ton humoristique.

J'enlève ma main et je remarque qu'il serre le sopalin beaucoup trop fort contre sa main.

-Je n'ai pas à me plaindre à cause d'une simple coupure Luna. Toi, tu garderas une trace à vie contrairement à moi, dit-il en baissant les yeux tristement.

La feuille de sopalin est remplie de rouge et son regard me fuit. Étrangement, je ne supporte pas cette ambiance. C'est insupportable de voir quelqu'un souffrir. Surtout quand on en est la cause. Je tape mon poing contre l'îlot central, énervée de cette situation.

-Arrêtez !

Il lève ses yeux vers moi d'un coup, surpris que je crie sur lui. Étant habituellement de nature calme, je me surprends moi-même.

-Arrêtez de tout prendre sur vous, bon sang ! Oui je ne sais pas comment réagir face à autant de révélation mais...Ce n'est pas de votre faute tout ce qui m'est arrivé ! Au contraire, vous m'avez sauvé la vie deux fois alors que vous n'y étiez pas obligé. Merci.

Je reprends ma respiration calmement en espérant qu'il comprenne que mes mots étaient sincères. À ma grande surprise, lui qui était si triste il y a quelque instant, il montre désormais un visage calme et souriant. C'est plus surprenant de le voir ainsi mais c'est beaucoup plus agréable comme ambiance.

-Mince je vous ai...euh.... Bon sang, je n'y crois pas, je viens de vous crier dessus, râlé-je.

Il rigole puis il saisit le couteau que je lui avais enlevé pour reprendre ses tomates.

-Non, tu as bien fait. Et puis, sache qu'entre nous tu peux me tutoyer si tu le souhaites.

J'acquiesce de la tête en comprenant que l'ambiance était bien meilleure qu'au début puis je cherche un couteau pour l'aider à cuisiner. Après avoir préparé et mangé les tomates farcies que nous avions faites, nous nous éloignons mutuellement en voyant l'horloge tourner. 

Il est temps d'y aller.

Les flammes du destin T1 - La DécouverteWhere stories live. Discover now