chapitre 4

791 65 204
                                    

Grynthia, fille d'Helixia, Le Dragon Déchaîné, Tatianna, nouveau règne,E.D.D. 10421

« N'est-il pas ironique que Tatianna commence son règne non seulement grâce au meurtre de son père (ce qui n'est pas sans rappeler la propre ascension au trône de Titus, pour lire sa biographie, voir p.8) mais qui plus est, deux jours avant Oikos ? Cette année, la fête de la famille ne sera pas célébrée au palais des Ébénos, nous a confié hier le ministre Lonán, fils de Rafaël. Nous ignorons encore les raisons de cette violente prise de pouvoir. »

▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬

La cellule est froide et étroite

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

La cellule est froide et étroite. Si c'était moi qui avais enfermé Eleazar dans mon palais, elle aurait été bien pire. Peut-être qu'il me préserve car je suis une femelle. À cette idée, mon sang bout dans mes veines. Non pas que je ne mérite pas de traitement de faveur, mais je suis reine et guerrière avant d'être une femelle. Je refuse que ce clown ne prenne pas au sérieux.

Je serre le poing, et me relève pour faire les cent pas. L'inactivité me rend dingue. La cellule n'a pas de fenêtre, et seule une lanterne éclaire la pièce, projetant sur les murs secs des ombres menaçantes. Mais je ne suis pas étrangère aux histoires d'horreur et trouve ces présences illusionnistes presque rassurantes. En dehors d'un garde qui m'ignore royalement, je n'ai aucune compagnie. Aucun compagnon de cellule, aucun larbin, rien. Le vide se presse contre mes tempes, me renvoie à ma propre solitude. Je n'ai rien de mieux à faire qu'être hantée par mes actions.

Dès que je ferme les paupières, je revois le sang jaillir de la bouche de mon père, et ses yeux fauves cernés de noir, si noirs qu'ils donnent l'impression d'être deux abysses infinis de ténèbres, se contracter en deux fentes face à ma trahison. En dépit du dégoût que je ressens à chaque fois que cette vision s'immisce derrière mes paupières, je ne peux pas regretter mes actions. Je serre et desserre les poings, plantant mes ongles dans mes paumes, ignorant la douleur piquante lorsque mes plaies se rouvrent.

Titus le méritait. Atticus ne subira plus jamais ses punitions. Je n'aurais plus jamais à suivre ses ordres sans queue ni tête. Je ne fais que revivre la scène en boucle, lorsqu'Eleazar applaudit. Ce connard était fier de lui. Il a à peine bronché quand j'ai planté son collègue. Tu parles d'un divin. Leur morale est aussi faillible que leurs egos. Le choc m'a tellement surprise que je n'ai même pas cherché à me défendre lorsqu'il a ordonné à son garde de se saisir de moi. Je frissonne de dégoût en sentant de nouveau ses sales mains se poser sur moi.

Évidemment, je n'ai repris mes esprits qu'une fois enfermée, quand j'ai réalisé que je n'avais qu'un stupide seau pour faire mes besoins. Comme si j'étais un animal. La prochaine fois que je croiserai ce connard, je le forcerai à chier dans un seau et à vivre avec l'odeur de ses propres immondices. J'ai balancé la nourriture que l'on m'a amenée sur le garde chargé de ma surveillance. Je souris en repensant au ragoût qui dégoulinait sur sa barbe. Mon estomac grogne. En dépit de mon insolence et de la satisfaction que cela m'a apportée, je ne peux pas nier que la faim tiraille. Peut-être que je perdrais enfin ces poignées d'amour que ni l'exercice ni un régime élevé en protéine n'ont jamais pu éliminer. Je leur ai dit que je ne m'alimenterais pas tant que je ne verrais pas leur foutu prince. J'ai deux trois comptes à régler avec lui et s'il est assez bête pour me faire enfermer au lieu de me tuer, alors je compte exploiter cette faiblesse à mon avantage.

JEU DE VILAINS • Vol. I • La Reine de DénæOù les histoires vivent. Découvrez maintenant