chapitre 10

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Retranscription d'une conversation entre le mage Benedikt et sa nièce, E.D.D. 10422

« — Parfois, les informations qu'on révèle ne sont pas à moitié aussi intéressantes que celles que l'on tait.

[...]

— Qu'est-ce que ça signifie ?

— Quand les immortels ont été excommuniés, les mortels vivaient déjà là. Ce monde est originellement le leur. Mais les immortels étaient avares, corrompus et bien plus puissants. Alors ils s'en sont emparés. Ainsi la première scission apparut, et, avec elle, la Fondation du Cercle Unique, et la frontière au nord. »

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Mes cheveux claquent contre mes épaules, et je suis obligée de maintenir ma couronne avec une main tandis que l'autre est serrée sur les sangles autour de Faolán

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Mes cheveux claquent contre mes épaules, et je suis obligée de maintenir ma couronne avec une main tandis que l'autre est serrée sur les sangles autour de Faolán. Je lâche un rugissement de bonheur pur, le vent chaud sifflant contre mes épaules dans la tiédeur du soir, tandis que le paysage rocailleux, si familier à celui de ma terre natale, défile à toute vitesse sous mes yeux.

Je pourrais m'enfuir maintenant. Ce serait si facile de donner l'ordre. Néra ne me retiendrait pas, au contraire. Mais ce serait stupide.

J'aurais tué mon père pour rien. La guerre contre les divins repartirait de plus belle. Je me priverais de leur alliance contre les sorciers. Et bien sûr, Eleazar ne serait pas insensible à l'affront. Il rendrait ma vie plus difficile. Il sait à quel point je tiens à Atticus, et il n'hésiterait pas à lancer Ormund (que je devine être son meilleur espion) après mon frère pour se venger.

Donc je tourne la tête vers le nord, et ignore l'appel implorant de mon pays au sud.

Ormund surgit comme une flèche devant Faolán. Une seconde plus tard, le dragon se lance dans une course-poursuite contre le divin ailé. Plus léger, ce dernier mène la danse. Faolán, agacé d'être forcé à rester derrière, y met fin en crachant un brûlant jet de flammes qui manque de justesse les plumes d'Ormund. Après ça, le fabuleur prend un rythme de croisière. Néra et moi échangeons un regard avant de sourire.

Nous quittons le désert de Jahara plus rapidement que je ne l'aurais cru, retrouvant l'ancienne ligne de front où se trouve aujourd'hui la frontière du royaume des Terres Déchues. Un point se distingue à l'horizon, d'abord minuscule, puis grossissant de seconde en seconde. Un large bâtiment en pierre, niché entre deux rochers aussi hauts de plafond que le bâtiment lui-même, se détache de la ligne brute de la frontière. Le temple de Darla, déesse de la créativité. Une immense statue à son effigie plastronne le fronton. Mon cœur remonte dans ma gorge, et cette fois-ci, cela n'a rien à voir avec l'adrénaline causée par le vol. À la vue du temple, la réalisation de ce à quoi je m'engage me rattrape.

Un mariage.

Ce n'est pas le genre d'engagement que je me voyais respecter un jour. Encore moins avec Eleazar. Après tout, je me bats contre lui depuis mes quatorze ans. Comment sommes-nous supposés faire fonctionner cette alliance ? Mes pensées tourbillonnent et entraînent avec elle un raz de marée d'anxiété que je n'avais pas anticipé.

JEU DE VILAINS • Vol. I • La Reine de DénæWhere stories live. Discover now