chapitre 6

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Pippa, Traditions d'antan, E.D.D. 7865

« En dépit de mes nombreuses recherches sur le sujet, il me fut difficile de retracer la véritable origine d'Oikos. Il existe deux légendes aux sources de cette célébration annuelle, et toutes deux sont aussi farfelues l'une que l'autre. La tradition de s'offrir des cadeaux vient-elle de la célébration du code militaire divino-démonæ ou bien prend-elle ses sources dans les rites païens des mortels ? »

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— Va aussi vite que tu le peux, change de monture en cours de route si tu le dois, et n'oublie pas : ne la regarde jamais, au grand jamais, dans les yeux

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— Va aussi vite que tu le peux, change de monture en cours de route si tu le dois, et n'oublie pas : ne la regarde jamais, au grand jamais, dans les yeux.

Le messager s'incline. Je lui tends ma lettre cachetée. Grâce au mélange de cire et de mon sang (le seul sort que mon père s'est donné la peine de m'enseigner), Lonán saura immédiatement si le sceau a été brisé, mais surtout, que ce message est authentique, et que je suis bel et bien vivante. J'ai hâte que Néra soit là.

— Il sera fait selon votre volonté, obéit le messager.

Il fait demi-tour et ferme la porte derrière lui.

— Que se passe-t-il s'il la regarde dans les yeux ? interroge Eleazar.

Son bureau nous sépare, et je hais la façon dont sa chaise à haut dossier ressemble à un trône. Caleb broie du noir dans un fauteuil en cuir dans un coin de la pièce.

— Rien du tout, j'ai dit ça pour rire.

— Il va sûrement se pisser dessus au moment de la rencontre.

— Je sais. J'aimerais être là lorsque Néra lui ordonnera de la regarder dans les yeux, gloussé-je.

Ils me dévisagent comme si j'avais perdu l'esprit. Je pousse un râle désespéré.

— Vous n'avez aucun sens de l'humour.

— Pauvre type, dit Caleb, plaignant le messager.

Eleazar se racle la gorge, pour attirer notre attention. Il joint le bout de ses doigts au-dessus de son bureau.

— Dès que Blackrag sera ici, nous nous marierons dans le temple de Darla.

Je perds aussitôt mon sourire. J'avais presque oublié ce maudit mariage de malheur.

— Formidable, je réponds d'un ton macabre.

— Cache ton enthousiasme, ironise-t-il.

Je croise les bras et le dévisage. Ses yeux verts redoublent d'intensité. Une flaque de chaleur s'amasse dans mon bas-ventre. Je le déteste, je le déteste, je le déteste.

— Ne me dis pas que tu te réjouis ?

Il décroise les doigts et se penche par-dessus la surface lustrée.

JEU DE VILAINS • Vol. I • La Reine de DénæWhere stories live. Discover now