chapitre 3 : aveux

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En voyant les expressions stupéfaites et confuses de ses compagnons, Elanor voulut disparaître. Elle s'obligea à regarder Gandalf dans les yeux, alors que ses mains se mirent à trembler nerveusement.

L'expression du magicien était mêlée de surprise et de satisfaction non dissimulée.

- Vous avez trouvé le moyen, dit-il.

- Oui.

- Comment avez-vous fait pour le faire changer d'avis ?

- J'ai utilisé le Palantir.

- Ingénieux, dit Gandalf. Mais dangereux. Cette idée aurait pu se retourner contre vous.

Elanor jeta un regard vers ses amis, et le regretta presque aussitôt. Aragorn avait le visage fermé ce qui en général ne signifiait rien de bon, et Gimli la regardait comme s'il lui était poussé une deuxième tête.

Elle n'osa pas tourner la tête pour regarder Legolas, mais elle pouvait sentir ses yeux qui l'étudiaient attentivement.

- Vous auriez dû nous en parler, répliqua Aragorn. Pourquoi nous l'avez-vous caché ? Et pour quelle raison avez-vous prit ce risque ? Ça n'a pas de sens !

Elanor vit Eomer croiser les bras. Elle croisa son regard, et y vit la même interrogation. Elle se demanda un instant s'il n'allait pas intervenir et tout raconter, mais il n'en fit rien et resta silencieux.

- Je suis désolé Aragorn. Il est vrai que j'aurais dû vous demander la permission d'utiliser le Palantir, mais... je devais le faire pour ma mission.

Le moment était-il arrivé de leur parler du pacte qu'elle avait passé avec Mandos ?

Elanor savait que si elle ne répondait pas à leurs questions, elle perdrait peut-être une partie de la confiance de ses amis. Néanmoins elle se souvenait de ce que Gandalf lui avait dit, et elle songea que leur révéler les conditions de son retour ne serait pas très avisé.

- Quelle mission ?

C'était Legolas qui avait parlé.

Le sang d'Elanor ne fit qu'un tour.

- J'ai été renvoyée dans le but de détruire les Nazguls.

Passé la stupéfaction, Aragorn haussa les sourcils.

- Je croyais que cela était impossible. Ce sont des spectres...

- Pas si on les prive de leur anneau, répondit Elanor. J'ai trouvé un moyen.

- Pourquoi vous ? demanda Aragorn.

Son expression était interrogative, tout comme celle de Gimli. Mais Legolas restait silencieux, et Elanor craignit le pire. Est-ce qu'il avait compris ?

- Elanor a ses raisons qui seront expliquées en temps et en heure, déclara Gandalf qui coupa court à la discussion. Je lui fais totalement confiance, et vous n'avez aucune raison de douter de sa loyauté. Pour le moment, la seule question qui m'intéresse est de savoir où se trouve l'anneau du roi sorcier d'Angmar. Car s'il le portait sur le champ de bataille, il a disparu depuis et je n'ai rien retrouvé parmi les restes de sa dépouille.

- C'est moi qui l'ai pris.

Elanor glissa la main dans la doublure de sa ceinture.

- Après qu'Eowyn ait tué Angmar, je l'ai ramassé. Je ne voulais pas qu'il tombe entre de mauvaises mains.

Une tension palpable s'installa immédiatement lorsqu'elle ouvrit la main, et dévoila l'anneau d'argent serti d'un rubis flamboyant.

Gandalf s'approcha, avec un œil observateur et critique, tandis que Legolas faisait un pas en arrière, effrayé. Gimli se redressa sur son siège, tout comme Eomer qui se rapprocha.

Aragorn fut le seul qui resta immobile, et il jeta un regard plus que méfiant vers l'anneau.

- Détenir un anneau de pouvoir signifie prendre des risques, lui dit Gandalf. Ne le mettez pas à votre doigt, où bien Sauron se servira de vous comme l'une de ses marionnettes.

- Je ne compte pas l'utiliser, répondit Elanor. Je veux juste le garder en sécurité.

- Gardez-le caché. Il se pourrait que d'autres hommes, moins nobles que ceux qui se trouvent dans cette pièce, le convoitent s'ils l'aperçoivent, l'avertit Gandalf. Beaucoup seraient prêt à tuer pour avoir cette arme entre les mains.

Elanor acquiesça. En voyant les regards hypnotisés de Gimli et Eomer, elle comprit qu'il était temps de ranger son anneau bien au chaud. Elle referma le poing dessus, brisant le charme, et le glissa dans son ceinturon.

- Il nous reste quelques jours avant de décider du jour de l'assaut final, déclara Gandalf. En attendant, il faut qu'un maximum d'hommes soit sur pied pour se battre. Je vous laisse cette tâche Aragorn. Je crois que les Gondoriens vous ont déjà acceptés comme successeur. Dirigez la cité. Il faudra être prêt à temps.

Aragorn inclina la tête courtoisement.

- En attendant, reposez-vous.

Le magicien leur tourna le dos, et partit, les laissant seuls. Aragorn caressa pensivement son menton, alors qu'un silence inconfortable tombait entre le restant des occupants. Eomer fut le premier à prendre la parole.

- Le devoir m'appelle auprès de ma soeur. Si vous me cherchez, je serais aux maisons de la guérison.

Aragorn hocha la tête, et le Rohirim s'éloigna vers la porte. Elanor sentit qu'elle ne pouvait plus rester dans la pièce.

Dans quelques secondes, Aragorn, Legolas ou Gimli allaient lui poser tout un tas de questions, et elle savait qu'elle ne pourrait pas résister bien longtemps à leur interrogatoire forcé.

- Je vais y aller aussi.

Elle n'attendit pas la réponse de ses amis, et fit volte-face, se dirigeant vers la sortie. Espérant que personne ne la rattraperai, Elanor atteignit à la hâte la grande porte.

Mais alors qu'elle franchissait le seuil et qu'elle avançait dans le couloir, quelqu'un la retint par le bras et la tira en arrière.


L'envoyée des Valar - livre IV (LOTR - Seigneur des anneaux)Where stories live. Discover now