chapitre 4 : tentation

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Elanor sursauta, n'ayant pas entendu la personne arriver. Elle se retourna, et se retrouva nez-à-nez avec Legolas.

L'elfe faisait une bonne tête de plus qu'elle, et Elanor leva les yeux pour le regarder. Pour la première fois depuis qu'elle le connaissait, il avait l'air en colère.

- Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé ?

Un peu déstabilisée, elle le fixa avec les yeux écarquillés.

- Je pensais qu'on pouvait se faire confiance, enchaina Legolas. Pourquoi ne m'as-tu pas dis pour les Nazguls ? Qu'est-ce que toi et Gandalf vous cachez encore ?

Elanor sentit la panique la gagner. Le bras que Legolas tenait se mit à trembler légèrement, et ce dernier semblât le sentir, car il la relâcha doucement. Elle savait que Legolas chercherait à lui parler d'un moment à l'autre, mais elle avait espéré que cela ne se passerait pas aussi vite. Pas maintenant.

- Legolas. Je suis tellement désolé...

Le regard de l'elfe se radoucit, et il se rapprocha d'elle.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- C'est... compliqué.

- Il y a autre chose n'est-ce pas ? Je sais que tu me caches quelque chose d'important...

Il commençait à trop bien la connaître, réalisa Elanor. Elle s'en voulut soudainement d'avoir révélé une partie de son secret là dans la salle du trône. Elle n'aurait jamais dû céder et parler des Nazguls.

- Est-ce qu'on peut en parler plus tard ? Ce n'est pas vraiment le bon moment ni le bon endroit...

Ils étaient au milieu d'un corridor, et quelques gardes Gondoriens se trouvaient postés non loin. Attirés par leurs éclats de voix, certains avaient tournés la tête pour les regarder curieusement. D'ici ce soir, Elanor était certaine que la rumeur de leur dispute se répandrait dans toute la cité.

Legolas s'éloigna légèrement.

- D'accord.

- Je... j'ai besoin de temps.

Il acquiesça, le visage fermé, et Elanor s'en voulut immédiatement. Legolas avait été blessé par son rejet, elle le sentait. Mais il ne comprenait pas. Pas encore.

L'elfe lui tourna le dos, et retourna dans la grande salle. Elanor le suivit des yeux, et dut se retenir pour ne pas fondre en larmes une fois qu'il eut disparut.

Peut-être était-ce mieux comme ça... Si elle devait quitter définitivement la Terre du Milieu, autant valait-il que Legolas ne s'attache pas davantage à elle.

Trop tard, lui murmura une petite voix dans la tête. Tu ne peux plus reculer maintenant.

Elanor balaya la petite voix de son esprit. Cependant, elle ne put s'empêcher de penser à sa toute nouvelle relation avec l'elfe.

Il est déjà attaché à toi. Maintenant il se pose des questions. Tu ne pourras plus lui mentir plus longtemps. Alors, que vas-tu faire ?

Rien, se dit Elanor. Elle n'allait rien lui dire. Son objectif premier était de détruire les Nazguls, et de gagner cette guerre contre Sauron. Elle ne pouvait pas s'engager dans une relation amoureuse.

Elanor sentait l'anneau d'Angmar dans la poche de sa ceinture, et se demanda un instant ce qu'elle allait faire de cet anneau, ainsi que des huit autres lorsqu'elle les aurait en sa possession.

Que se passerait-il ensuite ?

Est-ce que Mandos allait venir la chercher, comme dans son rêve ? Allait-il l'amener dans le monde des morts, sans même qu'elle n'ait le temps de dire adieu à ses amis ?

Elle ne pouvait pas s'empêcher de repenser à ce rêve qu'elle avait fait la nuit précédente, et qui résonnait comme un avertissement.

L'anneau pourrait te donner ce que tu veux. Un pouvoir incommensurable. Une vie plus longue. Peut-être même... l'immortalité.

Peut-être qu'elle pourrait rester ici ?

Vivre aux côtés de Legolas ne serait plus un problème. Il lui suffirait juste de mettre l'anneau...

Elanor ne s'aperçut pas qu'elle avait sorti l'anneau en argent, et qu'elle le fixait au beau milieu du couloir.

Un si grand pouvoir. Un pouvoir que même Mandos ne possède pas. Un pouvoir qui a toujours réussit à défier la mort et le jugement du Vala...

Pouvait-elle vraiment changer son destin avec cet anneau ?

Ce pacte avec Mandos ne signifierait plus rien. Une fois l'anneau en ta possession, il n'existerait plus. Tu vivras pour l'éternité, sans devoir rendre de compte à personne. Ta puissance et tes pouvoirs seraient illimités.

Elle fut un temps tenté de glisser l'anneau à son doigt. Juste pour voir ce qui allait se passer.

Mais l'avertissement de Gandalf lui revint en mémoire : « Ne le mettez pas à votre doigt, où bien Sauron se servira de vous comme l'une de ses marionnettes. »

En entendant la voix du magicien dans sa tête, Elanor se rendit soudain compte de ce qu'elle faisait.

Son index n'était qu'à quelques centimètres de l'anneau.

Elle prit soudain conscience que cette voix dans sa tête qui lui soufflait des paroles aussi tentantes n'était pas la sienne, mais celle de l'anneau. Sauron essayait de l'appâter avec des mensonges.

Mais si c'était vrai ?

Elanor se livra alors à un combat intérieur. Non. Sauron avait créé cet objet maléfique. Si elle glissait cet anneau à son doigt, elle deviendrait l'esclave et le serviteur de l'ennemi. Elle deviendrait comme eux... un spectre de l'anneau. Un Nazgul.

Elle serait une pièce de plus dans l'échiquier de Sauron. Une arme en sa possession qui pourrait causer la ruine de tous, et en premier ses amis les plus chers, y compris Legolas. Elanor ne voulait pas ça. Et encore moins, elle ne voulait pas trahir ses amis, et mettre leur vies en péril.

- Tu ne m'auras pas, s'exclama-t-elle à voix haute à l'adresse de Sauron. Jamais.

Sans se soucier des gardes qui la scrutaient, Elanor glissa l'anneau dans sa ceinture et se décida à l'oublier.

L'envoyée des Valar - livre IV (LOTR - Seigneur des anneaux)Where stories live. Discover now