chapitre 40 : interlude

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- Je savais bien que c'était une mauvaise idée. Pourquoi toi et Gimli, vous ne m'écoutez jamais ?

La voix d'Elanor était revêche, mais néanmoins emprunte d'amusement alors qu'elle jetait un coup d'œil vers Legolas, qui portait sur ses épaules un Gimli soûl et endormi. Le ronflement bruyant qui émanait du nain semblait rendre davantage rendre hilare l'elfe, qui arborait sur ses lèvres un sourire triomphant.

- Où serait le plaisir ? répondit Legolas.

Elanor lui adressa une moue vexée, mais ne put s'empêcher d'éclater de rire en voyant Legolas trébucher, pour la seconde fois depuis qu'ils avaient quittés les cuisines.

Après plus de trois heures ininterrompues d'une bataille acharnée, le nain avait à nouveau perdu face à Legolas, qui avait bu plus que trente-six coupes de vin. Gimli s'était arrêté à trente-deux. Galion les avaient observés en silence, avec une expression qui était devenu de plus en plus paniquée au fil du temps, tandis qu'ils commençaient dangereusement à vider ses réserves. 

 Elanor avait crût plus d'une fois qu'il allait intervenir et mettre fin au pari ridicule, mais il n'avait osé s'opposer à son prince, et était finalement resté simple spectateur. Ayant les yeux écarquillés et le souffle court à chaque fois qu'un verre était bruyamment reposé sur la table.

Elle avait bien cru qu'il s'évanouir, lorsque Gimli s'était enfin effondré de sa chaise.

Elanor ricana en s'en souvenant, et songea qu'elle aussi avait bu quelques verres... et qu'elle avait l'esprit un peu embrumé.

Legolas n'en était également pas ressorti totalement indemne. Alors qu'à Meduseld, il n'avait ressenti que des picotements et des bouffées de chaleur, il avait cette fois des signes extérieurs bien plus prononcés. Sa démarche était peu sûre, si bien qu'il chancelait souvent et perdait l'équilibre. Egalement, ses yeux étaient vitreux, et il était d'une humeur anormalement joyeuse. Le rire enjoué qui s'échappait de temps à autre de sa gorge était un son si étrange, et détonnant avec sa personnalité, qu'Elanor ne pouvait s'empêcher de sursauter à chaque fois.

- Es-tu sûre de pouvoir le porter jusqu'à sa chambre ? demanda-t-elle.

- Oui, répondit Legolas. Je peux encore marcher. Je suis un elfe !

Elanor roula des yeux.

- Je préférerais qu'on évite un accident... je n'ai pas envie de vous ramasser tous les deux à la petite cuillère.

Elle jeta un regard un peu méfiant au bord du chemin étroit et vertigineux sur lequel ils marchaient. Quelques centimètres seulement les séparaient du vide. Plusieurs dizaines de mètres les séparaient du torrent de la rivière, qui se trouvait en contrebas. Un petit plongeon ferrait beaucoup de dégâts à cette hauteur, songea sombrement Elanor. Bien que ça ne pourrait pas leur faire de mal de se rafraîchir un peu...

Elle regarda Legolas qui remonta encore une fois Gimli un peu plus haut sur ses épaules. Le nain ne broncha même pas sous le mouvement brusque.

- Impossible que cela arrive, rétorqua Legolas. Je ne suis jamais tombé par inadvertance.

Comme pour le contredire, son pied heurta une bosse une protubérance dans le sol rocailleux, et il trébucha en avant. Elanor faillit crier en le voyant perdre l'équilibre, et tanguer dangereusement vers le vide. Mais Legolas put compter sur ses réflexes, et il se rattrapa de justesse, évitant ainsi de peu la catastrophe.

Elanor souffla, puis en voyant l'expression déconfite de Legolas, essaya de contenir son rire qui menaçait de franchir ses lèvres.

- Tu disais ? railla t-elle.

L'envoyée des Valar - livre IV (LOTR - Seigneur des anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant