chapitre 7 : le mal du Mordor

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- J'ai vu Melian à Valinor.

Surpris, Gandalf se redressa, piqué par la curiosité.

- Vous avez rencontré Melian ? s'exclama-t-il.

Elanor acquiesça, étonné de le voir aussi intéressé par la magicienne.

- Elle a réussi à m'amener devant elle à Valinor, peu après mon passage dans les cavernes de Mandos. Nous avons parlés, et elle m'a dit qu'elle m'aiderait à vaincre les Nazguls.

- Elle vous a donné une partie de ses pouvoirs.

- Oui. Mais je ne me suis pas tout de suite rendue compte. Ce n'est que lorsque le roi Angmar a essayé de me tuer qu'il s'est passé quelque chose. Quand il a abaissé son épée pour m'achever, j'ai bien cru que j'allais mourir. Mais il y a eu un choc, et quelque chose l'a fait fuir.

- La magie de Melian, murmura Gandalf. Saviez-vous qu'elle avait bâtis un anneau de protection autour du royaume de Doriath ?

Elanor acquiesça.

- Le seigneur Elrond m'en a parlé.

- Il servait à repousser les envahisseurs de Morgoth. Autrefois c'était des orques très différents, mais néanmoins tout aussi mauvais que le sont les Nazguls. Ce n'est guère étonnant que le roi sorcier n'ait pu porter la main sur vous. Si Melian vous a protégée, il est quasi impossible qu'il puisse vous toucher.

Elanor prit son épée, Niphredil, et la posa sur ses genoux pour la montrer au magicien.

- Melian m'a dit que mes pouvoirs viendraient de mon épée.

Gandalf regarda l'épée, semblant se remémorer un lointain souvenir.

- J'ai toujours admiré les pouvoirs de Melian. Elle m'a appris beaucoup de choses avant que je ne sois envoyé ici.

Elanor le regarda avec surprise.

- Elle était votre mentor ?

- Oui, elle parmi beaucoup d'autres, acquiesça Gandalf. Elle a enseigné son savoir à Radagast, Saroumane... et même certains elfes, dont son mari Thingol, et la dame Galadriel.

Elanor écarquilla les yeux.

- Dame Galadriel ?

Voilà qui expliquait beaucoup de choses. Elanor s'était toujours demandé d'où lui venaient tous ces pouvoirs. Elle savait que certains elfes en disposaient naturellement, mais Galadriel était la plus puissante parmi tous ceux de sa race, et la plus légendaire. Elanor n'avait jamais compris comment elle avait pu savoir autant de choses à son sujet, et surtout à propos de Melian.

- Je ne pensais pas que Melian était aussi...

- Puissante ? Oh, Melian est la plus distinguée parmi nous tous, s'exclama Gandalf. Contrairement à Sauron, qui s'est laissé séduire par Morgoth, c'est une Maia remarquable, et peut-être la plus douée d'entre nous. Vous n'êtes pas si différente d'elle à présent.

- Je ne suis pas une Maia, protesta Elanor. Je ne suis qu'une simple humaine. On m'a juste... ressuscité.

- Autrefois vous étiez peut-être qu'une simple humaine, mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas. La magie coulait déjà dans votre sang. Melian n'a fait que de le réveiller. Et je doute que votre pouvoir vienne uniquement de votre épée.

Elanor le regarda bouche bée.

- Vous voulez dire... que je suis comme vous ?

- A peu de choses près, répondit Gandalf. On vous a rendu votre enveloppe corporelle. Les pouvoirs qui vous ont été donnés sont un cadeau précieux. Melian vous fait confiance, et c'est un privilège qu'elle n'accorde que très rarement.

- Je ne sais même pas comment contrôler ces pouvoirs.

- Vous apprendrez au fil du temps.

Gandalf se leva.

- Ne restez pas trop longtemps dehors. Il serait dommage de prendre froid. Et je vous assure qu'être magicien n'immunise pas contre ces choses-là.

Il lui fit un clin d'œil, et s'éloigna. Elanor resta seule sur le banc et le regarda disparaître derrière les colombages.

Il est vrai qu'il commençait à faire très froid. Songeant qu'il était temps de partir, Elanor prit la route menant vers ses quartiers.

Les couloirs du palais étaient déserts, et lorsqu'elle passa près de la salle du trône, Elanor entendit un bruit de verre brisé.

Elle s'immobilisa et retourna sur ses pas. Lorsqu'elle pénétra dans l'immense pièce, elle vit que quelqu'un était debout devant les marches du trône du roi.

Elle ne mit que quelques secondes avant de reconnaître la silhouette de l'homme.

- Aragorn ?

Le Dunedain ne bougea pas. En s'approchant de lui, Elanor vit qu'il que le palantir avait roulé quelques mètres plus loin, et qu'il luisait d'une lueur rougeâtre inquiétante. Cette vision lui fit froncer les sourcils.

Aragorn paraissait hypnotisé par quelque chose qui se trouvait à ses pieds. Lorsqu'elle fut près de lui, Elanor vit qu'il s'agissait de tous petits cristaux blancs, éparpillés un peu partout.

- Aragorn ?

Inquiète, Elanor le contourna, et il parut enfin s'apercevoir de sa présence. Son expression effarée fut la première chose qui la frappa. Le desespoir et le choc était clairement visible sur son visage. Quelque chose s'était passé !

- Aragorn ! Qu'y a-t-il ?

Elanor s'avança, mais un crissement sous ses pieds alerta soudainement Aragorn, qui l'écarta d'un geste du bras. Elle se rendit alors compte qu'elle marchait sur les restes d'un objet brisé.

- Aragorn ! Par tous les saints, que se passe-t-il ?

- Arwen, murmura-t-il

Elanor le regarda sans comprendre, puis son regard dévia automatiquement sur le cou d'Aragorn, là où reposait habituellement le bijou de l'étoile du soir.

Il n'était plus là.

Elanor contempla les éclats de verre sur le sol. Ils brillaient de mille feux. Et elle comprit soudain que c'était tout ce qui restait du collier.

- Arwen, répéta Aragorn.

Sa voix enrouée en disait plus qu'il ne lui fallait. Une boule commença à se former dans la gorge d'Elanor.

- Qu'avez-vous vu ? lui demanda-t-elle.

- Il l'a tué.

Aragorn hurla, et dans la grande salle résonna son cri de rage mêlé à la douleur. Il semblait être devenu fou. Elanor sentit les larmes lui monter aux yeux alors qu'il lui tournait le dos. Elle ne prit conscience qu'elle pleurait réellement lorsque sa vue fut complétement brouillée par les larmes.

Elanor trouva néanmoins le courage de s'approcher de son ami.

- Aragorn...

Elle posa une main sur son épaule. Effondré, Aragorn les yeux pour la regarder. Des larmes coulaient à présent librement sur ses joues. L'émotion gagna Elanor, et elle attira l'homme dans ses bras, l'étouffant dans son étreinte.

- Je le détruirais. Vous en avez ma parole, murmura-t-il.

La froideur avait remplacé toue autre émotion. Elanor enfonça son menton dans son épaule, et resserra ses doigts sur sa chemise, luttant contre sa propre colère qui montait en elle.

Arwen était comme une sœur pour elle. Même si elle l'avait peu côtoyée, elle n'en était pas moins un membre de sa famille.

- Je vous y aiderai.

Aragorn se détacha d'elle. Elanor planta son regard dans le sien.

- Ensemble nous le détruirons. Je vous en fais la promesse.

L'envoyée des Valar - livre IV (LOTR - Seigneur des anneaux)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant