Chapitre 3: Ororo

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La matinée passa en un éclair. Ophélia ne s'ennuya pas une seconde. Immédiatement happée par le discours scientifique des trois chercheurs, elle ne vit pas le temps passer. Les explications passionnantes et les calculs savants prirent place dans son esprit, effaçant tout le reste. Henry fut le premier à abandonner avec une grimace dégoûtée et la patience d'Eden tint un peu mieux. Elle lâcha l'affaire après un peu plus d'une heure et rejoignit Henry dans la case des largués, rapidement rejointe par Zeynep. Quant aux agents du S.H.I.E.L.D. présents, ils ne faisaient plus semblant de suivre la conversation et se tenaient seulement prêt à toute éventualité. Ophélia ne les calcula qu'à peine. Elle débattait passionnément et l'astrophysique remonta en flèche dans son estime.

L'heure de déjeuner arriva bien vite, et Eden se battit pour que les quatre amoureux des sciences abandonnent leurs projets et viennent manger. Les sandwichs tournèrent et la pause de midi ne dura pas. Henry et Eden lancèrent un jeu de cartes auquel quelques agents vinrent se joindre, désabusés par l'attente. Même l'agente Hill, qui faisait grise mine devant le relâchement de ses troupes, ne semblait pas sérieusement furieuse. Elle était aussi agacée que tout le monde.

L'après-midi s'étira et même les discours enflammés des savants s'affaiblirent. Les heures s'enchainaient sans la moindre trace d'apparition. Dix-sept heures sonnèrent finalement. Henry était désormais allongé dans l'herbe et regardait les nuages filer dans le ciel alors qu'Eden et Maria Hill s'affrontaient dans une bataille acharnée pour la place de Présidente. Maria l'emporta, comme l'indiqua le cri de désespoir d'Eden, mais seule une ombre de sourire transparut sur son visage. Zeynep, elle, arrachait des brins d'herbe en réfléchissant. Le spectacle paisible semblait tiré d'un tableau. Ophélia sourit. Les après-midis comme ceux-là étaient toujours plaisants.

-Nous ne devrions pas tarder, les informa Henry. Nous avons rendez-vous dans une petite heure à l'hôtel.

-C'est vrai que ce serait vraiment dommage de manquer cette pièce entièrement en espagnol, ironisa Eden. J'en pleure d'avance.

Ophélia aussi faisait grise-mine. La déception avait remplacé toute forme d'excitation et leur enthousiasme avait été soufflé comme une bougie. L'adolescente se renfrogna un tantinet. Elle aurait adoré parler avec Thor. Pourtant, il n'y avait pas eu le moindre bout d'affolement d'appareil depuis le début de la journée. Darcy affichait une grande tristesse.

-Je ne comprends pas, j'ai vérifié plusieurs fois mes calculs...

Ophélia ramassa ses affaires en traînant la patte. Elle n'était pas la seule, Henry mettait plus de temps que d'ordinaire à ranger ses effets et Eden avait carrément perdu ses chaussures, à force de flâner pieds nus sur la pelouse. Au-dessus d'eux, quelques nuages commençaient à couvrir le soleil couchant.

-Il faut y aller, les informa Jane, pourtant la plus dépitée de tous. Il ne va pas faire très beau cette nuit.

Une rafale de vent étonnamment forte répondit à sa déclaration et manqua d'envoyer voler le foulard d'Ophélia. Elle n'eut guère le temps de prêter attention à cet événement, les machines se mirent à s'affoler furieusement, bipant dans tous les sens. Ophélia se précipita vers les écrans, prenant à peine garde au vent qui forcissait de plus en plus autour d'eux. Les bourrasques décoiffèrent l'héritière Stark en quelques instants, mais ses cheveux lui importaient peu. En cet instant, ce qu'elle avait sous les yeux était bien plus important que n'importe quelle coiffure.

-Vous avez vu ça ?

La voix étranglée de Jane fut à peine perceptible. Darcy, elle, lisait les données avec des yeux écarquillés.

-C'est un truc de dingue...

-Vous vous êtes sérieusement plantés, s'écria Ophélia avec un grand sourire. Ce n'est pas du tout la signature du Bifrost mais...

Realta 2 - La VoyageuseWhere stories live. Discover now