Chapitre 8: Opération sauvetage

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Ophélia mit quelques instants avant de reprendre connaissance. En tout cas, quand elle fut tirée du sommeil, elle n'était pas totalement par terre mais elle reposait dans les bras ô combien confortables d'Henry, sa tête sur l'épaule de son ami. L'adolescente était une fille d'une grande intelligence et elle savait mettre cette intelligence à profit dans toutes sortes d'occasions utiles : elle fit semblant d'être encore évanouie. Pourquoi aurait-elle échangé une situation aussi agréable ? L'odeur d'Henry ne changeait pas. Même après une semaine loin de chez lui, il sentait toujours la terre fraîche et une petite odeur qu'Ophélia associait à la ferme. Elle adorait la sentir. Et le faire tout en étant blottie contre lui était plus plaisant qu'elle ne l'imaginait.

Son corps allait un peu mieux. Elle pensait pouvoir tenir sur ses jambes sans trop ressembler à un poulain qui vient de naître, mais elle devrait emprunter l'ascenseur ou elle ne bougerait pas du rez-de-chaussée avant un moment.

Autour d'elle, l'agitation était à son comble. Son oreille distingua le timbre caractéristique de Fury :

-Ce que je veux comprendre, c'est pourquoi la sécurité n'était-elle pas suffisante ?

-CHUT !

L'ordre d'Ororo faillit presque couper le sifflet au directeur du S.H.I.E.L.D. Ophélia l'imaginait sans peine ouvrir la bouche comme un poisson qui manquait d'eau devant la suffisance de la mutante.

-Je vous demande pardon ?

-Taisez-vous, les deux petits se reposent et ils en ont plus que besoin après ce qui leur est arrivé. Dès qu'ils seront réveillés, ils ne penseront plus qu'à l'enlèvement de monsieur Stark et de leur amie.

Ce fut la douche froide. Le souvenir de l'incident se fraya un chemin avec force dans la mémoire d'Ophélia et elle ouvrit les yeux. Comment pouvait-elle penser à quelque chose d'aussi trivial que de se reposer, dans les bras d'Henry qui plus était, alors que son père et sa meilleure amie étaient aux mains de mutants peu disposés à la négociation ? Fury faisait face à Ororo, se demandant probablement s'il devait l'enfermer ou passer outre. Derrière, l'homme qui était intervenu pour les sauver était accoudé au mur, visiblement ennuyé de se retrouver dans une telle situation.

-Vous savez où ils ont emmené mon père? demanda-t-elle immédiatement.

Fury tourna la tête vers elle.

-Mademoiselle Stark, enfin réveillée.

-Oui, oui, enfoncez pas de porte ouverte, le Corbeau. Où est mon père ?

Elle se releva difficilement, retint une grimace devant la douleur qui parcourait tout son corps.

-Nous allons le retrouver.

-C'est pas ce que je demande, gronda-t-elle. Cet endroit est censé être au moins aussi bien gardé que le Pentagone. Pourquoi ces hommes ont réussi à entrer? Où ont-ils emmené mon père et Eden?

Elle était tellement furieuse qu'elle aurait pu balancer un jet de lumière sur Fury, malgré sa fatigue et le peu de chance de l'atteindre.

-Mad...

-Il n'y a pas de mademoiselle Stark qui tienne ! Mon père a ENCORE ÉTÉ ENLEVÉ! Par votre putain de faute ! Alors je vous conseille de vous remuer le popotin vite fait si vous ne voulez pas que je détruise cet endroit ! Retrouvez-les, Fury, ou aucun endroit, je vous le promets, aucun endroit sur Terre ne sera assez loin pour que vous échappiez à ma colère.

-Lia ? appela la voix ensommeillée d'Henry.

Elle tourna le regard vers son ami, qui avait été réveillé par ses vociférations. Avec les cheveux en bataille et son air perdu, on aurait dit un écureuil. Un mignon petit écureuil inoffensif. Le coeur d'Ophélia se serra. Dans quoi l'avait-elle embarqué encore ? Il avait déjà été kidnappé par sa faute quelques semaines plus tôt, et là il se retrouvait au milieu des tirs ? Sans l'intervention d'Ophélia dans sa vie, Henry aurait connu une vie plutôt paisible. Elle s'en voulait presque autant qu'elle en voulait à Fury.

Realta 2 - La VoyageuseWhere stories live. Discover now