Chapitre 37 : L'attaque des elfes noirs

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Il ne fallut qu'une petite demi-heure à Ophélia pour maudire son idée débile de balade ET le couple qu'elle accompagnait. La visite sympa organisée au dernier moment s'était trop rapidement transformée en petite séance de roucoulade et elle détestait tenir la chandelle. Ophélia avait donc reculé de quelques pas en laissant le couple devant pour leur laisser un semblant d'intimité, leur faisant croire que de là où elle se trouvait elle ne les entendait pas. C'était un mensonge éhonté, mais leur histoire était bien trop croustillante pour qu'elle en perde une miette.

Thor les emmena visiter une belle partie de la ville. Dès le début, Ophélia regretta de ne pas avoir eu l'occasion d'explorer plus en profondeur la cité merveilleuse des dieux. L'architecture élégante s'entremêlait à une végétation printanière tardive. Il y avait toujours une surprise au détour d'un coin de rue: une cascade jaillissante de la paroi, une allée d'arbres fleuris, un enchevêtrement de végétation formant de petits lieux intimes poétiques, des balades avec des points de vues extraordinaires ou de charmants kiosques. La logique de l'urbanisme de la ville disparaissait devant le jeu de surprise et d'enchantement qui était formé par ces petits lieux qui jaillissaient de manière toujours inattendue pour l'œil du spectateur. Toutes les grandes avenues convergeaient en étoile vers le palais, structurant un minimum ce faux fouillis. Ophélia trouva au moins trois passages "secrets" qui s'enfonçaient entre les pattes d'une statue ou au détour d'une ruelle, qui menaient probablement vers d'autres lieux surprenants et à l'écart du monde. La ville entière était un appel à la flânerie et à la détente.

Le plus surprenant avait été le marché. Il était extrêmement animé, bouillonnant de vie, de couleurs, d'odeurs plus extraordinaires les unes que les autres. Jane s'était arrêtée devant un étal de bijou dont le propriétaire avait été ravi de lui offrir une de ses pièces en voyant la personne qui l'accompagnait. Elle avait même revêtu une tenue du cru, qui lui allait plutôt bien. Ophélia, au contraire, se retrouva à goûter toutes les spécialités d'un étal qui proposait de la nourriture asgardienne. Chaque saveur était plus incroyable que la suivante. Seul Thor parvint à l'arracher à l'étal.

-La prochaine fois, promit l'adolescente, c'est toi qui viendra goûter les spécialités françaises.

C'était après ce moment que la visite avait pris des airs de balade en amoureux. Ophélia suivait Thor une dizaine de pas plus loin, alors qu'il marchait en dévorant Jane des yeux.

-Quand tu es revenu, constata la scientifique, tu savais que j'avais des ennuis.

-Heimdall t'avait perdu de vue. Tu... tu n'étais plus sur Terre.

Le couple s'arrêta et s'accouda à un balcon donnant sur la mer. Ophélia hésita. Devait-elle s'approcher d'eux ou s'arrêter là ? Si elle les interrompait, risquaient-ils de passer à un sujet plus trivial et moins sujet à d'éventuels potins ?

-Et comment est-ce possible ?

-Je pense que tu y étais sans y être, expliqua le dieu. Les neufs royaumes voyagent au cœur d'Yggdrasil en orbite autour de Midgard, comme les planètes autour du soleil. Tous les cinq millénaires, les mondes s'alignent à la perfection.

Il illustra ses propos en posant sa paume contre celle de Jane et il fit tourner sa main jusqu'à aligner parfaitement ses doigts avec ceux de la femme. Ophélia ne les voyait même plus. Son esprit s'était immédiatement remis en marche au moment où Thor avait commencé à expliquer le phénomène. Sa passion des sciences et sa curiosité commencèrent leur chemin dévorant dans sa tête. Elle allait peut-être partir plus tard chez elle mais ce qu'elle ramènerait au retour comme information changerait certainement la face du monde.

-Nous appelons ça la Convergence.

Les amoureux laissèrent planer un silence, leur mains se touchant juste, leurs yeux plongés dans ceux de l'autre. Ophélia eut une toute petite pointe de regret. C'était le genre de choses inavouables qu'elle rêvait de vivre avec Henry. Même si cela ne sortirait jamais de sa bouche, elle avait un petit côté romantique qui s'était développé à cause d'Eden et elle rêvait parfois d'une touche de romantisme dans leurs moments à deux. Henry n'était pas le garçon le moins romantique de la planète, toutefois il était un peu timide et balbutiant et craignait parfois de prendre des initiatives avec elle. Elle allait finir par demander à Thor de lui apprendre comment agir avec les filles, si ça continuait.

Realta 2 - La VoyageuseМесто, где живут истории. Откройте их для себя