Realta 2 - La Voyageuse

Chapitre 10: Destination?

Un tour par la chambre fut nécessaire pour déposer ses affaires, mais Ophélia rejoignit bien vite le terrain d'entraînement. Comme prévu, l'instructeur Azamat l'attendait, droit comme un I. Il lui décocha un regard perçant, la contempla de bas en haut.

-Vous avez mauvaise mine.

-On en reparlera quand vous ferez deux fois de suite la traversée de l'Atlantique en avion, bougonna-t-elle. Pourquoi vouliez-vous me voir ?

L'homme attrapa ses poignets et releva ses manches. Ses mains froides se posèrent sur la peau nue de l'héritière Stark et celle-ci eut un frisson. Elle connaissait ce procédé. Tous les descendants de Cernunnos l'utilisaient pour sentir son état de santé directement. Avec eux, nul besoin d'examen médical. Pourtant, c'était la première fois que son maître le faisait pour elle. C'était peut-être aussi la première fois qu'ils se touchaient depuis qu'ils se connaissaient. Azamat était peut-être son maître, il existait une sorte d'immense mur entre eux. Leur relation se cantonnait au strict minimum, soit l'apprentissage d'Ophélia. Elle n'était même pas sûre qu'il l'apprécie un tant soit peu.

Comme à chaque fois, elle sentit un battement de pouls s'accorder au sien. Lorsque les deux battements ne firent plus qu'un, une étrange sensation envahit sa poitrine. Elle ne tenta pas de résister et se laissa envahir par ce léger picotement dans tout son corps. C'était presque similaire à l'agréable chaleur qui la traversait lorsqu'elle utilisait sa magie. Un sentiment de réconfort la gagna devant la douceur de cette sensation.

Lorsqu'il recula, la sensation reflua. C'était presque désagréable de retrouver simplement son corps et sa douleur. L'air de son maître était plus qu'inquiet.

-Pas joli joli, hein ? grimaça-t-elle devant sa tête. Mais vous en faites pas, il en faut plus pour terrasser une Stark.

Elle leva son poing en un geste combattant, mais ne parvint pas à faire bouger le froncement de sourcil de son maître.

-Tu dois te préserver. Cette mission est simplement de la folie. Ne te pousse pas au-delà de tes capacités.

A cette réflexion, Ophélia oscilla entre le rire et les larmes. Elle opta pour la première des options.

-Pff, pas besoin d'aller jusque-là, je suis trop puissante pour eux.

-Tu ne devrais pas les sous-estimer.

En effet. Elle ne commettrait pas cette erreur et toutes les bravades qu'elle affichait ne reflétait en rien sa pensée, mais Azamat prenait sa désinvolture pour son trait de caractère principal. Il l'était d'ailleurs. Toutefois, avec son corps en vrac et son père prisonnier, ce n'était pas quelque-chose qu'elle pouvait se permettre.

-Ils ne vont pas voir ce qui va leur arriver, continua pourtant l'adolescente. Je vais leur apprendre à kidnapper mon père !

Il leva les yeux au ciel devant le caractère endiablé de sa protégée.

-Dans ce cas, je devrais t'entrainer, ou ça sera un vrai suicide. Place-toi face à moi. On va travailler ta vitesse et ta défense.

Ophélia obéit sans protester. Elle se prépara à une longue et épuisante séance d'entraînement. A sa grande surprise, Azamat ne réitéra pas son erreur de la dernière fois, en la poussant jusqu'au bout. Il semblait même l'épargner pour qu'elle économise ses forces au maximum, tout en lui apprenant le plus de techniques possibles. Il lui fit surtout travailler sa lumière. Comme pour les flèches de lumière, elle devait apprendre à la condenser, à l'affiner. Cela l'épuisait moins et la précision restait redoutable. Elle arriva ainsi à créer de petites billes de lumières qui avaient le mérite d'aveugler l'adversaire, des cercles lumineux qu'elle pouvait projeter et qui lui revenaient comme des boomerang en brûlant tout ce qu'ils touchaient ou même des flammes qui la protégeaient de toute attaque physique.