Chapitre 14: Une goutte de chagrin et un soupçon de romance

16 2 0
                                    

Dehors, le vent soufflait fort. Une bourrasque décoiffa Ophélia dès qu'elle sortit. Même courte, sa tignasse continuait de l'ennuyer. La lumière était aussi grise que le ciel. Le soleil ne semblait pas décidé à faire son apparition. Même si c'était le matin, il faisait toujours sombre.

L'adolescente quitta le perron de l'hôtel et s'en éloigna à pas rageurs. La dispute tambourinait toujours dans ses oreilles et ne faisait que renforcer sa profonde angoisse. Elle dépassa une bonne femme qui portait ses courses en manquant de la bousculer et tourna dans la première rue qu'elle put trouver. Plus elle ressassait l'épisode dans sa tête, plus elle sentait son coeur lui peser. Elle avait presque envie de se l'arracher de la poitrine.

Son souffle s'épuisa bientôt et tout son corps cria contre cet effort soudain alors qu'elle était toujours en convalescence. Elle s'arrêta lorsqu'elle eut l'impression d'être sur le point de s'effondrer. Ses joues la brûlaient et ses membres protestaient violemment. Elle se plia en deux pour inspirer. Sa dernière dose d'Extremis remontait à loin dans son esprit à cet instant, et elle brûla de s'injecter une autre dose. Au moins, cela calmerait un tant soit peu la douleur.

Mais au-delà de la douleur physique, il y avait un mal encore pire qui la rongeait.

Malade.

Ce mot, elle en était venue à l'exécrer. C'était un synonyme de faiblesse. De pathétique. De douleur. Et surtout, de chagrin. Son sablier se vidait petit à petit. Quand elle fermait les yeux, elle s'imaginait presque entendre le crissement du sable qui coulait entre les parois de verre, toujours un peu plus vite, et elle voyait les jours défiler avec angoisse. L'ultimatum qu'on lui avait donné était écrasant, mais ce qui était pire encore c'était le fait d'être consciente que son corps la lâchait de plus en plus. Combien de temps avant que le fait de respirer devienne difficile ? Et combien de temps encore avant que ce soit simplement vivre qui lui soit douloureux ? Elle voyait l'escalade des derniers mois et cela la terrifiait. Ophélia en venait presque à souhaiter tant souffrir à la fin que la mort finirait par lui apparaître bienvenue. Elle ne voulait pas partir comme ça, avec cette angoisse terrible qui la bouffait de l'intérieur, rongeait chaque parcelle d'espoir et la voyait disparaître un peu plus. Chaque pas était un pas supplémentaire vers le précipice.

Ophélia perçut un mouvement dans son dos. Elle se retourna avec surprise, puis découvrit Logan qui s'approchait. Ses traits se durcirent. Elle n'avait certainement pas envie de remettre le sujet sur le tapis. Elle n'arrivait pas à passer à autre-chose et cela ne ferait que la rendre plus malheureuse encore. Le mutant s'arrêta toutefois, une pointe de culpabilité sur la figure.

-C'est pour quoi ? demanda-t-elle acidement. J'ai pas vraiment envie de parler.

Il soupira, déjà agacé.

-Je ne suis pas venu me bagarrer. Rentre, il fait froid et tu n'es pas du tout couverte, d'accord ?

Elle croisa les bras sur sa poitrine, trop fière pour avouer qu'il avait raison. Le vent forcissait encore. Une tempête se préparait.

-Je n'ai pas envie de rentrer.

Il leva les bras, en signe de reddition.

-Nous ne remettrons pas le sujet sur le tapis pour le moment. Mais tout le monde s'inquiète que tu sois partie comme ça.

Une bourrasque lui arracha un éternuement et elle céda. Elle était sur le point de craquer. Être avec les autres empêcherait de le faire. Elle détestait paraître faible et elle n'avait pas la force de le faire en pleine rue non plus.

-Très bien. Je viens.

Elle le rejoignit en traînant toutefois un peu des pieds. Logan fit demi-tour, en lui jetant des coups d'œil réguliers, comme si elle allait de nouveau disparaître d'un coup. Ce qui était plutôt difficile, puisqu'elle peinait déjà assez à marcher après son éclat de rage.

Realta 2 - La VoyageuseOnde histórias criam vida. Descubra agora