Realta 2 - La Voyageuse

Chapitre 22: Fin de cours

Le lycée était une épreuve, nul ne pouvait le nier. Malgré des promesses de "meilleures années de votre vie" et autres imbécilités du genre, ce n'étaient que de longs moments d'ennuis ponctués de périodes d'examens. Ophélia Stark n'avait jamais vraiment compris l'intérêt de perdre son temps dans une salle de classe, étant donné qu'elle en savait au moins autant que le professeur sur le sujet. Lesdits professeurs avaient cessé de vouloir la faire rentrer dans le rang: tant qu'elle ne perturbait pas le cours, peu importait ce qu'elle faisait. Ils la préféraient même lorsqu'elle séchait avec un de ces justificatifs absurdes que son père signait sans la moindre hésitation. D'ailleurs il n'aurait jamais hésité parce que c'était le plus souvent pour emmener sa seule progéniture en voyage. Cependant, il y avait désormais une autre raison pour laquelle les professeurs ne faisaient pas remarquer à Ophélia que ne pas suivre leur cours l'empêcherait de parvenir à décrocher son diplôme. Outre sa capacité à le réussir sur le champ sans avoir ouvert un livre de révision, le fait de savoir qu'elle ne passerait pas l'année - et n'aurait par conséquent aucune chance de se proposer au diplôme en question - les rendaient plus souples avec elle. D'ordinaire, l'adolescente exécrait ces petites attitudes, mais parfois, cela l'arrangeait grandement. Surtout lorsqu'elle avait décidé de passer presque toute une semaine à sécher les cours pour fêter son anniversaire.

L'héritière de la famille Stark était installée au fond de la salle de classe, la nouvelle thèse d'un chercheur sur la ville de Teotihuacán ouverte sur sa table, écoutant d'une oreille distraite une énième répétition sur la guerre de Sécession. De temps à autres, Eden penchait sa tête vers elle pour lire une phrase au vol, poussait un soupir de déception et retournait à l'ennui du cours. C'était le dernier qu'elle subissait avant une semaine. Un vendredi, dernier jour du mois. Après cela, le week-end arriverait et avec lui la folie qui précédait son anniversaire. Plus que trois jours et elle pourrait ajouter un an de plus au compteur. Cela lui faisait au moins autant plaisir qu'à n'importe qui. Peut-être plus encore, étant donné que c'était une année supplémentaire grignotée sur son trépas.

Elle avait longtemps hésité sur le cadeau qu'elle désirait. C'était son dernier anniversaire, elle voulait marquer le coup. Cependant, une seule chose avait retenu son attention parmi la longue liste qu'elle s'était faite. Elle voulait quelque-chose d'utile, quelque chose qui marque.

Peut-être un peu trop cette fois.

Mais le choisir avec soin lui avait fait du bien. Son père n'en savait rien, elle l'avait convaincu que la laisser se débrouiller. Il lui avait donné un budget et il découvrirait la surprise bien assez tôt. Bien sûr, il allait évidemment lui offrir une babiole avec Pepper en plus, pour qu'elle ait une surprise.

La liste des invités pour l'occasion avait également été complexe. Les amis d'Ophélia n'étaient pas nombreux et ceux de son âge plus rares encore et dispersés partout dans le monde. Pourtant, malgré cela, Bao, Tatiana et Laura avaient promis de passer pour la fête. Ophélia s'en voudrait de s'en aller en manquant au moins une fête comme celle-ci avec eux. Elle avait même invité l'instructeur Azamat, sans réponse. Il ne devait pas voir l'intérêt de parcourir la moitié du monde pour fêter son anniversaire, ce qu'elle pouvait entendre. Bien sûr Osman et Zeynep seraient de la partie. Comment aurait-elle pu ne pas inviter ses protecteurs ?

Jusque-là, la liste était plutôt ordinaire et n'avait rien d'étrange. La sociabilité n'était pas le fort des Stark, alors le nombre d'invités était même surprenant. Rien d'étonnant non plus à ce qu'elle invite son oncle de cœur, James Rhodes, et sa grand-mère maternelle, Morgane. Ce qui avait fait tiquer le père de l'adolescente était le reste de la liste d'invitation. Autant inviter Bruce Banner ne l'avait qu'à peine déstabilisé, autant voir deux tueurs du S.H.I.E.L.D. sur la liste avait manqué de le faire s'étouffer. Le comble fut atteint lorsqu'il lut les noms de Thor et de Loki. Ce dernier nom le fit éructer de rage et Ophélia crut que son père allait se transformer en Hulk. Il lui avait demandé pourquoi inviter le dieu qui avait presque détruit New-York et elle lui avait répondu qu'elle avait besoin de quelqu'un pour mettre l'ambiance (et servir de piñata). L'argumentaire n'avait pas convaincu son père. Elle ne comprenait pas pourquoi. Heureusement, le nom de Steve passa par conséquent comme une lettre à la poste.