Chapitre 30: Les amis de mes amis sont... argh!

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Cela dura trois heures et demie. Trois heures et demi atroces, où Libéré Délivrée passa en boucle dans la prison. Lorsqu'elle eut mal à la gorge, elle s'enregistra sur son téléphone et le passa, encore et encore, devant le dieu de la malice. Il n'eut aucune seconde pour s'en remettre. Pendant tout ce temps, la chanson résonnait dans la pièce, inlassablement, sans le moindre répit. Au bout de la première heure, tous les prisonniers qui subissaient la chanson s'étaient mis à l'insulter et à lui hurler des insanités. Loki, lui, avait entrepris de l'ignorer totalement. Pour la deuxième heure, les plaintes s'étaient faites de plus en plus virulentes et ils appelaient les gardes pour la faire taire. Loki lui jetait des regards furieux de loin en loin. Plus le temps passait et plus les hurlements de désespoir devenaient de simples gémissements la suppliant d'arrêter. Les gardes s'étaient éloignés assez pour éviter l'incessante chanson, mais toujours à porté de son au cas où elle aurait appelé à l'aide, un sourire content sur les lèvres. Ils entendaient les prisonniers pleurnicher pour qu'elle s'en aille, qu'ils la fassent partir, en vain, et c'était sacrément satisfaisant. Loki ne disait rien mais la foudroyait sans cesse du regard.

Ophélia ne mit pas fin sciemment à sa séance de torture. Elle était tranquillement en train de relancer son téléphone en boucle lorsqu'un bruit de pas se fit entendre dans son dos. Une servante arrivait. Elle se pencha à son oreille.

-Wisna vous attend, lui murmura-t-elle.

Oh c'était vrai ! Avec toute cette histoire, elle avait complètement oublié son rendez-vous. C'était fou comme le temps passait vite quand on s'amusait. Elle hocha la tête et éteignit enfin son téléphone. Le silence revint en prison et plus d'un prisonnier poussa un soupir de soulagement devant la fin du supplice. L'adolescente plongea son regard dans celui du dieu de la malice.

-Je dois y aller. Dommage, on s'amusait bien. Mais promis, je reviens demain !

Sans la barrière entre eux, Loki l'aurait certainement étranglé. Ophélia sourit en retour.

-Je vous l'ai dit à New-York. Je peux être très chiante quand je veux. Bisous.

Elle souffla un baiser à la cantonade et suivit la servante. Dès qu'elle quitta la prison, l'ambiance changea complètement. Elle avait l'impression d'être sortie d'un autre monde et se sentait d'humeur guillerette. Ce n'était pas grand-chose, juste de petites mesquineries, mais c'était déjà ça. Elle vengeait, dans une moindre mesure, toutes les victimes de New-York.

Wisna l'attendait dans une autre pièce que celle qu'elle avait occupée la veille. Il y avait d'autres femmes qui gravitaient autour d'elle et d'une table lumineuse avec des piliers étrangers et courbés qui montaient haut.

-Bonjour, la salua Wisna avec enthousiasme. Je t'en prie, installe-toi.

Ophélia regarda la table avec curiosité. Qu'est-ce que c'était que ce truc ? Bon, visiblement ça ne serait pas dangereux, sinon jamais Wisna ne lui aurait demandé de se mettre dessus. Si ?

Elle se hissa sur la table et s'allongea sur le dos. Immédiatement, des fils orangés s'étirèrent entre les différents piliers. Les femmes s'activèrent de part et d'autre.

-Qu'est-ce que c'est ? On dirait un générateur de champ quantique.

-Évite de bouger, d'accord ? On va essayer de déterminer ce qui ne va pas.

Ses collègues manipulèrent la machine et bien vite un double d'Ophélia apparu, fait par cette même substance étrange qui constituait les fils. Ophélia tenta de ne pas bouger. C'était comme pour un scanner.

-En soit, je sais plus ou moins ce qui ne va pas. Visiblement, c'est mon pouvoir qui me tue.

Wisna lui lança un petit sourire rassérénant.

Realta 2 - La VoyageuseWhere stories live. Discover now