Chapitre 7 - La lumière de Ziter

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Allongée sur ma couchette, je tente de trouver le sommeil. La lumière du soleil qui refuse de se coucher sous la ligne d'horizon me maintient éveillée. Mon corps n'a plus de repères, j'imagine être restée debout pendant plusieurs nuits. L'aube n'est jamais apparue, les cris l'accompagnant non plus.

Le visage tiraillé par la fatigue, je peine à garder les yeux ouverts, pourtant mon esprit reste bien présent dans cette cabine. À mon instar, les autres forbans du navire ont déserté le pont. Tout le monde semble éreinté de ce voyage sans fin.

Elliott souffre le martyre, il n'apparaît que peu souvent pour m'apporter de quoi me restaurer, quand il n'est pas cloué sur sa couchette. Je suis si déboussolée que j'ai fini par oublier de compter mes repas.

Lorsque je suis suffisamment réveillée et rassasiée, il m'arrive de laisser mes pensées voguer : pourquoi le Capitaine a-t-il une carte magique dans le dos ? Qu'est-ce qu'elle indique ? Pourquoi est-ce que cela le fait souffrir ? Ou bien qu'est-ce qu'Elliot attend de moi ? Quelle est donc cette histoire de collier et de fille à protéger ?

J'expire tout l'air de mes poumons, essayant de m'imaginer dans ma chambre, l'odeur des crêpes me chatouillant les narines. Ma mère me manque tellement, et étrangement, mon père encore plus.

J'aurais dû sauter dans l'eau sans hésitation lorsque j'en ai eu l'occasion. Je prie pour que la situation se présente à nouveau, bien que je n'aie plus d'épingle pour ouvrir cette maudite porte.

Poussant un grognement, j'attrape mon oreiller et le presse contre ma poitrine. Je passe un temps infini à observer le mur devant moi et à détailler les interstices dans le bois avant qu'on ne toque à ma porte.

— Nous allons accoster, petit colibri.

Est-ce qu'il me teste en m'annonçant ça ? Je me redresse pour le scruter par-dessus mon épaule, la marque noire remonte jusqu'à la base de son cou. Il se tient difficilement contre le montant de ma porte, les joues rouges, le front couvert de sueur. Son buste se soulève difficilement à chaque respiration.

— D'accord, accordé-je en retournant à ma contemplation.

— Tu vas descendre avec moi ce soir.

Oh ? Mais que me vaut cet excès de sympathie ? La douleur le rendrait-il moins sévère ? Je tente de ne pas montrer mon enthousiasme et me relève doucement de ma couchette, mordant ma joue pour ne pas sourire.

— Tu ne dois pas t'éloigner de moi. La Capitale de Kitar accueille bien plus de monde à cette saison, dont certaines créatures peu recommandables, affirme le second en inspirant à chaque mot.

J'arque les sourcils en guise d'interrogation.

— Tu comprendras sur place.

La curiosité me titille, mais l'envie de m'en aller loin de tout ça est plus forte. Qu'importe où nous allons et pourquoi, je désire simplement retrouver ma terre.

— Reste près de moi, compris ?

Je me contente de hocher la tête, je suis une très mauvaise menteuse.

Dehors, on hurle qu'il faut carguer les voiles basses. Une secousse nous pousse vers l'avant et le bateau perd de l'allure. Je sors la première dès qu'Elliott m'ouvre le passage, inspirant une grande bouffée d'air frais. Le ciel a changé de couleur, il a perdu sa teinte jaune pour doucement se colorer en bleu. La nuit s'amène enfin et c'est un vrai soulagement.

Le capitaine des Abysses - Livre 1 : La perle nacréeWo Geschichten leben. Entdecke jetzt