Chapitre 31 - Le Théâtre de la Brume

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 La forêt est magnifique, je crois n'en n'avoir jamais traversé une aussi immense et imposante de toute ma vie. Les branches des sapins à notre hauteur sont si colossales qu'elles pourraient abriter des familles entières.

Les épines vertes et orange parsèment le sol d'un tapis épais, une douce odeur végétale se répand dans l'air. La mousse à mes pieds à la teinte bleutée cache des champignons de toutes formes, ronds, plats, minuscules ou gigantesques.

L'un d'eux doit faire la taille de ma tête.

Ce qui me fascine le plus, c'est cette poussière turquoise qui flotte sur la végétation, elle vole sans jamais se poser. Des papillons aux ailes aussi claires s'égarent dans les nuages de poudreuse et en ressortent encore plus étincelants.

— C'est un bel endroit, n'est-ce pas ? questionne Morgan en marchant à ma droite.

— C'est très... reposant.

Je rêverais de me construire un lit dans ce champ de fougères. J'inspire en appréciant les senteurs autour de nous. Il n'y a plus de plomb carbonisé, de bois brûlé ou encore de neige en bouillie.

— C'est ma Terre préférée, sourit-il.

— Alors pourquoi est-ce qu'on n'est pas venu plus tôt ?

Le Capitaine scrute ses matelots qui marchent tranquillement, sacs sur le dos, mains dans les poches.

— Je voulais être sûr de ne rater aucune information concernant Médusa.

— Tu penses qu'elle n'est plus sur les terres de l'hiver ? C'est que qu'a dit la lettre de Hu...

Je reste la bouche ouverte ayant oublié le nom de celui qui nous envoie ici. Morgan opine du chef.

— Tu veux lui donner l'Iris..., avoué-je à mi-voix quand je hausse à nouveau le ton, où est-ce que tu l'as caché ?

Une question me taraude l'esprit tout à coup, aussi rapidement qu'un éclair les soirs d'orage.

— Et ton navire ?

Morgan ricane dans sa barbe, de nouveau il détaille chacun de ses hommes, attendant peut-être que l'un d'entre eux se retourne et écoute notre conversation.

— Je te montrerai quand nous serons en ville.

Il ne cesse de regarder vers le ciel d'encre, son front se couvre de sueurs. Bientôt les rayons de l'aube couvriront la vallée et remplaceront d'une teinte rose celle bleue qui flotte autour de nous.

Le Timonier arrive à notre hauteur, il le scrute attentivement avant d'affirmer :

— Ce sera juste assez de temps pour pénétrer dans le théâtre, la Bande n'a pas l'habitude d'avoir du monde.

— Tu comptes demander à Mel ? renchérit Morgan.

— Ça fait vingt ans qu'on ne l'a pas vu, soit il s'est fait prendre par la garde, soit il s'est rangé.

Elliott grimace, j'ignore de qui il parle, mais ne plus vieillir contrairement à ceux qu'ils rencontrent n'aide en rien dans nos recherches.

— On trouvera une solution. De toute façon nous ne sommes que de passage à Celos, Médusa a horreur du Festival de la Feuille, elle a dû filer sur ses terres, à Thera. Nous partirons la nuit prochaine pour nous y rendre.

— Tu penses qu'elle est assez puissante pour t'aider ? questionné-je ne connaissant rien de son dessein.

— Je l'ignore, c'est une énième tentative parmi tant d'autres, m'avoue Morgan, son regard s'assombrissant.

Le capitaine des Abysses - Livre 1 : La perle nacréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant