Le capitaine des Abysses - Livre 1 : La perle nacrée

Chapitre 29 - En route vers Celos

J'observe la flamme grossir, onduler à la surface de la cire fondue, devenue presque transparente. Le crépitement et ma respiration sont les seuls bruits qui brisent le silence. Déjà cinq jours que nous sommes ici et chaque soirée se ressemble. J'attends impatiemment le retour de Morgan et Elliott.

J'ai pris pour habitude d'allumer un cierge dans la chapelle en mémoire de ceux oubliés et de patienter, ma veste sur le dos quand le vent s'infiltre trop rapidement.

Lera et les sœurs m'ont accordé leur confiance à nouveau, mais l'envie de m'égarer une nouvelle fois ne m'effleure plus l'esprit. En réalité, il est souvent envahi de souvenirs de ma mère. J'aimerais tant lui faire savoir par n'importe quel moyen que je suis en vie, que je me porte bien.

Mes doigts s'enroulent autour de ma perle, les premiers jours j'ai cherché quels secrets elle pouvait bien cacher. Mais il n'y avait aucun livre sur le sujet, Morgan a simplement froncé les sourcils quand j'ai demandé s'il connaissait quelque chose.

Et je pense qu'il en sait plus qu'il ne souhaite me le dire, il a étudié pendant des siècles. Il a cinq cent ans. Il a connu de nombreuses personnes qu'il a vu emportées par la mort. Un petit bijou formé au creux d'un coquillage ne devrait pas lui poser de réelles interrogations.

Le Capitaine et son second sont pourtant eux aussi en quête de réponses, ils parcourent les tavernes, questionnant les hommes et les créatures présents. Ils cherchent quelqu'un.

Médusa.

Comme me l'a expliqué Morgan, c'est un être particulier qui désire posséder l'Iris de Merlan. En échange, il a une requête. Il n'a pas voulu m'en dire plus, mais une petite voix dans ma tête me souffle que cela a un lien avec la carte tatouée dans son dos et les hurlements de l'aube.

J'aimerais qu'il se confie davantage, bien que je sois mal placée pour critiquer. Je ne suis jamais revenue sur le sujet de mon père. Elliott a déposé des fleurs et un cierge dans la chapelle en sa mémoire. Mais je reste convaincue que ce que m'a annoncé la Hag est vrai.

Un sort puissant plane au-dessus de lui. Ce qui signifie qu'il est vivant, j'ignore dans quelles conditions, mais j'aimerais le retrouver rapidement.

— Tu vas finir par te transformer en statue de glace, à rester ici, petit colibri.

Je gesticule sur mon banc pour me tourner vers la porte, le froid s'engouffre dans la petite bâtisse sans mal. Elliott vient toujours me chercher lorsqu'ils rentrent. Je frissonne de la tête aux pieds en allant le rejoindre.

— Ça me tient éveillée.

Désireux de retrouver la chaleur de l'orphelinat, il se précipite vers l'entrée. C'est à la lumière que je remarque ses plaies au visage.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

Je cherche Morgan, les yeux ouverts comme des soucoupes. Une désagréable sueur froide me glisse dans le dos.

— Où est-il ?

Je m'apprête à m'élancer dans Findar quand le Capitaine apparaît de dos, sortant d'une pièce en compagnie de Lera.

— Il n'y a pas été de main morte, commente-elle alors qu'il la suit, un linge sur le visage.

— On a connu pire ! renchérit Elliott en les rejoignant.

Le cœur battant et l'esprit rempli d'incompréhension, je ferme la marche pour me retrouver dans l'infirmerie. Lerabelle est en train de tamponner le visage de Morgan avec un coton d'alcool et celui-ci grogne de mécontentement.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demandé-je en me postant à côté de la gouvernante pour apercevoir l'étendue des dégâts.

Je souffle, c'est moins catastrophique que je ne l'imaginais. Morgan a la lèvre en sang, une coupure sur la joue et un cocard. Son œil gauche a triplé de volume par rapport à l'autre et une marque bleue l'encercle.