Chapitre 49 - Les cachots

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Mon corps tremble d'effroi. Le vent froid s'infiltre par les meurtrières creusées dans les épais murs de pierre. Une couche gluante et humide recouvre les parois et le sol. J'ai des fourmis dans le bras, ma tête pesant lourd contre mon épaule. J'ignore combien de temps s'est écoulé depuis que nous avons été enfermés dans les cachots du château.

D'abord furieuse, je me suis agrippée aux barreaux couverts de rouille en hurlant qu'on me sorte de là. Puis la rage a laissé place au désarroi, et je me suis recluse dans un coin de ma cage, couchée sur le flanc, des larmes brûlantes roulant sur mes joues.

Mes compagnons de cellule se sont murés dans le silence. Morgan se tient assis contre le mur, observant les reflets rougeâtres de la pleine lune. De la sueur perle sur son front et ses jambes tremblent légèrement.

Il doit souffrir le martyr, la carte doit s'ancrer centimètre par centimètre dans son dos. Quand il se sent observé, il tourne la tête dans ma direction. Il me fixe avant de détourner le visage. Je retiens un sanglot amer, il est prisonnier par ma faute, pour être revenu me chercher.

Elouan, quant à lui, refuse de me faire face. Il geint dans son coin, recroquevillé sur lui-même, chaque gémissement est un supplice. Je suis aussi responsable de sa présence ici. Je presse mes paupières, les yeux irrités à force de pleurer.

Nika est le seul à m'envoyer un sourire encourageant de temps à autre. Est-ce que nous allons être coincés ici pour le reste de notre vie ? Est-ce qu'ils vont nous exécuter ? Serons-nous brûlés vifs, pendus ?

Un rat effrayé se fraye un chemin au travers de notre cellule, il passe tout prêt de ma main. Je me redresse vivement, grimaçant en l'observant filer dans un trou à peine plus grand que lui.

— Les petites bêtes ne mangent pas les grosses, commente Morgan.

J'arque un sourcil, surprise que ses premiers mots depuis bien une heure soient une leçon de morale. Je préfère ne pas répondre, amenant mes genoux contre ma poitrine, ma traîne désormais en lambeaux et tâchée me servant de couverture.

— Mais à plusieurs, ils peuvent te dévorer jusqu'à l'os.

Un frisson d'horreur me parcourt l'échine. J'ignore combien de rats peuvent se cacher derrière les murs, si j'avais eu envie de m'assoupir, il vient de m'en dissuader.

— Arrêtez de l'effrayer, balance Elouan en pivotant le bassin vers nous.

Son regard est terne, la joie de vivre s'est évaporée, ne laissant place qu'au désespoir, à la honte, mais aussi à la peur.

Morgan ricane, posant son crâne contre le mur derrière lui.

— Cameron a vécu bien pire, crois-moi Griveton.

— Vous devriez mourir le premier pour avoir osé la toucher, crache Elouan.

— Oh, je te rassure, elle a toujours été consentante.

— Morgan, rappelé-je à l'ordre en serrant les dents.

Le concerné se relève lentement, grimaçant tandis que j'aperçois le haut de son tatouage se mouvoir sur son grain de peau. L'instant d'après, il s'accroupit devant moi, me saisit le menton pour m'obliger à le regarder.

Elouan s'est relevé à son tour, sur le qui-vive, prêt à frapper.

— Est-ce que tu te lèves pour l'honneur de sauver une femme ou pour elle ? questionne Morgan sans se retourner.

Il me défie, ne cillant pas, ses doigts s'enfonçant dans ma mâchoire. À cette simple pression, je peux ressentir toute la colère qui l'habite, et tout un tas d'autres sentiments. Elouan s'est figé, s'enracinant dans le sol, se questionnant sûrement sur ce que vient de dire le Capitaine.

Le capitaine des Abysses - Livre 1 : La perle nacréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant